[...] L'état des lieux au jour de la naissance de Pôle Emploi est consternant. On navigue à vue dans un épais brouillard. La réglementation impose de recevoir dans les cinq jours toute personne ayant fait une inscription par téléphone ou internet. Depuis novembre, nous sommes en moyenne à trois semaines de délais pour rendre ce service. Quelles sont les priorités dans ce contexte ? Il s'agit de régler au plus tôt les situations financières, surtout en cette période de fin d'année. Les salariés font donc de l'abattage.
Un exemple à l'Assedic. On ne reçoit plus les gens individuellement. On les reçoit par paquets de 20 au détriment de la qualité du service. Souvent très irrités, les usagers acceptent en majorité ce mode de traitement quand on leur dit que c'est la seule solution pour qu'ils aient rapidement un déblocage de leur allocation.
En majorité, car cela ne se fait pas sans tension. Une collègue de l'Assedic d'Ile-de-France a récemment terminé sa journée de travail à l'hôpital suite à une agression physique d'une rare violence. Les autorités, qui craignent d'évidence un chaos social, ont demandé que les 100.000 dossiers d'allocation non étudiés depuis novembre le soient avant Noël. Des moyens d'urgence ont été mis en place pour y arriver : fermeture ponctuelle des antennes au public. Fermeture de l'accueil téléphonique afin de gérer les dossiers en attente. Des CDD ont été prolongés et l'Unedic va en recruter 400 autres qui travailleront jusqu'à fin mars.
De la gestion de crise
Les problèmes sont donc réglés ? Nullement. C'est de la gestion de crise, de la fuite en avant. Tous ces gens qui ne sont pas accueillis, tous ceux qui ne sont pas pris au téléphone restent avec leur problème qu'il faudra bien traiter alors que les inscriptions sont en augmentation constante, autant que le nombre d'offres d'emploi subit une dégringolade inversement proportionnelle.
Fallait-il, dans ce contexte dégradé, accélérer la fusion de l'Assedic et de l'ANPE ? C'est une décision éminemment politique dans une perspective d'effet d'annonce. Il s'agit d'associer l'ANPE, qui n'a pas les moyens de ses missions, avec l'Assedic, qui souffre du même problème.
On les associe en mélangeant des métiers sans former réellement les agents. On va mixer les équipes et les sites de travail alors qu'il faudrait rassurer les usagers en renforçant l'existant pour gérer la crise. Les chômeurs vont donc souffrir autant que ceux qui doivent les accompagner dans leurs démarches, car la création de Pôle Emploi n'intègre pas les données de la situation économique actuelle et la montée du chômage. [...]
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