Actu Chômage

dimanche
22 décembre
Taille du texte
  • Agrandir la taille du texte
  • Taille du texte par defaut
  • Diminuer la taille du texte
Accueil Mobilisations, luttes et solidarités Le capitalisme antisalarial

Le capitalisme antisalarial

Envoyer Imprimer
Non, ce n'est pas un nouveau terme «à la mode qui a pour objectif de nous empêcher de réfléchir», comme disait Laurence Parisot à propos du mot précarité, mais, au contraire, une appellation beaucoup plus exacte de ce capitalisme que l'on dit “financier”.

[...] Dans un essai à paraître fin mai, "La Crise de trop. Reconstruire un monde failli", l'économiste Frédéric Lordon explique comment nous avons progressivement basculé dans «le capitalisme antisalarial». Il y dissèque l'évolution du partage de la valeur ajoutée, autrement dit de la part des salaires dans le produit intérieur brut, notamment par rapport aux profits (soit ce qui sert à la fois à l'investissement de l'entreprise et aux dividendes de ses actionnaires) : 10 points de moins depuis 1982 ! Certes, Frédéric Lordon reconnaît que les salaires étaient alors trop hauts et les profits trop bas pour que les entreprises puissent investir. Mais, de 1982 à 1986, quel rattrapage ! Le capital a pris «sa revanche avec une rapidité et une brutalité insoupçonnées». En moins de quatre ans, la part des salaires a chuté de façon dramatique tandis que celle des profits s'est mise à grimper, pour atteindre un sommet de 33% en 1989. On n'en est plus redescendu.

L'excès de la profitation

Pour Frédéric Lordon, ce tournant du milieu des années 1980 est capital et doit être choisi comme véritable point de référence pour comprendre ce que les salariés ont perdu : c'est à partir de 1985-86 que la part des profits commence à sérieusement déraper dans «l'excès de la profitation». A partir de là, «tout ce que le capital va rafler, il va le prendre de la plus improductive des manières». Pas pour investir davantage [1], mais pour enrichir toujours plus le pouvoir actionnarial au détriment des salariés et de l'emploi.

Résultat, selon l'économiste, nous aurions à rattraper non pas 10, mais 3 points de PIB… soit tout de ­même la bagatelle de 53 milliards d'euros [2] ! Et ce n'est qu'un minimum. «Pour s'en faire une idée, il suffit de constater que la part des dividendes dans le PIB est passée de 3,2 à 8,5% en 2007 : 5,3 points au bas mot», passés des salariés aux actionnaires ! [...]

(Source : Télérama)

=> Lire toute l'analyse de Frédéric Lordon sur son blog

[1] Le récent rapport Cotis, du nom du directeur général de l'INSEE qui l'a conduit, reconnait que, depuis vingt ans, les entreprises ont privilégié la distribution de leurs profits (d'abord les dividendes, puis les très hauts salaires depuis une dizaine d'années) par rapport à leur autofinancement (investissements, trésorerie).

[2] Rappelons qu'outre la baisse généralisée des salaires — grandement facilitée par le chômage de masse et la précarisation de l'emploi —, donc du pouvoir d'achat — qui a provoqué aux Etats-Unis une crise du surendettement, à l'origine de «la crise» mondiale que nous subissons —, ce siphonnage en règle par une poignée de rapaces est aussi la cause des «trous» de notre protection sociale, alimentée par les seuls revenus du travail : 20 milliards d’€ pour la Sécu (assurance maladie et vieillesse), 17 milliards d’€ pour l'Unedic (assurance chômage). Avec un seul rattrapage des 53 milliards que l'on vole chaque année au salariat, il n'y a plus de déficits sociaux.



Lire aussi :
Articles les plus récents :
Articles les plus anciens :

Mis à jour ( Jeudi, 06 Décembre 2012 10:42 )  

Votre avis ?

La France pourrait s’engager plus intensément contre la Russie. Qu’en pensez-vous ?
 

Zoom sur…

 

L'ASSOCIATION

Présentation de l'association et de sa charte qui encadre nos actions et engagements depuis 2004.

 

ADHÉRER !

Soutenir notre action ==> Si vous souhaitez adhérer à l’association, vous pouvez le faire par mail ou par écrit en copiant-collant le bulletin d’adhésion ci-dessous, en le ...

 

LES FONDATEURS

En 2004, une dizaine de personnes contribuèrent au lancement de l'association. Elles furent plusieurs centaines à s'investir parfois au quotidien ces 16 dernières années. L'aventure se pou...