Peut-on réellement parler de reprise quand les taux de croissance atteignent à peine 1,5% ?
On peut parler d'une amélioration relative de la situation économique quand on la compare à la chute brutale de l'activité fin 2008 et début 2009. Il y a quelque chose qui a changé, clairement. En revanche, utiliser le mot "reprise" dans le sens "la crise est terminée", c'est une erreur de jugement. La crise est loin d'être finie. La meilleure façon de le constater est que l'activité en France, comme dans beaucoup de pays, reste beaucoup plus basse qu'elle ne l'était au début de l'année 2008. Et une trajectoire de croissance de 1,4% ne se traduira que par un retour très lent à ce niveau d'activité. Surtout, le taux de chômage va rester au niveau très élevé où il est, et ne va pas amorcer de décrue. Donc, dans ce sens, penser que la reprise signifierait la fin de la crise, c'est se tromper complètement.
(...) Selon vous, combien faudra-t-il de temps pour que cette reprise ait un impact sur les chiffres du chômage ?
Là aussi, il est difficile de donner une réponse très précise. Ce qu'on sait de l'observation dans le passé et dans les autres pays de crises d'ampleur comparable, c'est qu'il faut, pour revenir à un taux de chômage bas, des durées de l'ordre de quatre à six ans. C'est en moyenne le cas dans de nombreux pays qui connaissent des crises bancaires ou des crises de change. Ce n'est pas directement le cas français dans la crise financière actuelle, mais cela donne un ordre de grandeur de ce qui peut se passer en termes de chômage. Pour la France, un taux de chômage plus élevé pendant au moins cinq ans paraît aujourd'hui l'estimation la plus optimiste.
(...) Quelle est, selon vous, la principale menace qui pèse sur la reprise économique ?
La principale menace qui pèse sur la société française aujourd'hui, c'est la fracture qui pourrait apparaître entre, d'un côté, ceux qui vont continuer à subir - et parfois très lourdement - les conséquences de la crise pendant plusieurs années, et de l'autre côté, ceux qui seront passés à travers et estimeront que, de leur point de vue, celle-ci est terminée. Et cette fracture est terriblement injuste, il est extrêmement important de la combler, par exemple en continuant à soutenir ses victimes directes ou indirectes plutôt que de les ignorer. Exemple : demain, nous connaîtrons d'importants problèmes de déficit public. Augmenter les impôts, c'est mettre à contribution ceux qui ont encore des revenus, donc qui sont passés à travers la crise sans trop de dommages. Couper les dépenses, c'est mettre à contribution ceux qui sont déjà aujourd'hui victimes de la crise, c'est donc leur infliger une double peine.
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