L'initiation aux sciences économiques et sociales, une matière optionnelle, consacrait jusque-là un chapitre entier à «l'emploi, question de société». Ce chapitre balayait notamment les notions de chômage, précarité, discrimination, etc. Disparaît également le travail. A la place du contrat de travail, de la représentation des salariés, des relations sociales, il n’y a plus que des facteurs de production.
C'est un éditeur de manuels scolaires qui a fait fuiter la disparition de ce chapitre auprès d'enseignants en sciences-éco. Vendredi, des éditeurs étaient en effet conviés au ministère de l'Education pour un briefing sur les nouveaux programmes. Ceux-ci sont le fruit du travail d'un groupe d'experts qui comprend :
• les économistes Christian de Boissieu et Philippe Martin,
• le sociologue François Dubet,
• un représentant de l'inspection générale,
• un inspecteur pédagogique régional,
• Sylvain David, que vous avez déjà découvert sur Rue89 à l'occasion d'articles sur l'enseignement de l'économie. Prof de SES dans le secondaire, il préside l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES), en conflit avec le gouvernement depuis deux ans sur le contenu des programmes.
Sylvain David a détaillé à Rue89 le fonctionnement du groupe d'experts : «Trois réunions en tout et pour tout, qui duraient entre une heure trente et trois heures, et qui ont eu lieu entre le 18 décembre et le 12 janvier. Et c'est tout.»
Au terme de la première réunion, il a cru réussir à maintenir le chômage dans le corpus. Raté : Sylvain David affirme que le cabinet a fait pencher la balance en faveur de sa suppression - «officiellement parce que c'était trop lourd», glisse Sylvain David, qui semble y voir plutôt un biais idéologique.
Bien sûr, la notion sera probablement abordée plus tard au lycée. Sauf que l'option SES est justement destinée à un public plus large qui inclue les élèves qui choisiront d'autres voies, littéraire ou scientifique.
Alors que le ministère devrait répondre ce mercredi aux questions de Rue89, des blogueurs, économistes et enseignants pour la plupart, commentent cette disparition. Ainsi Arnaud Parienty, sur le site d'Alternatives économiques, qui conclut ainsi son décryptage des nouveaux programmes de la discipline : «Pourquoi ce programme est-il marqué par ces funestes orientations ? Peu importe ; laissons à d'autres les théories du complot. Ce qui ressort en tout cas est que ce programme ne sert pas les élèves et que leur exploration de l'économie (sans même parler des autres sciences sociales) risque de les laisser en rade et sans GPS, les incitant à en rester là. C'est probablement cette conclusion inacceptable qui est la principale cause de la colère des enseignants.»
(Source : Rue89)
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