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Retraites : la réforme rêvée de Nicolas et Guillaume

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Connaissez-vous Guillaume Sarkozy ? C'est un des frères de Nicolas. C'est aussi le DG d'un groupe d'assurance. Il y a quelques années, Guillaume dirigeait une entreprise de textile. Mais il s'est reconverti dans l'assurance santé et l'assurance retraite, c'est plus rentable. D'autant que Guillaume a des projets pour développer son affaire et il connaît quelqu'un, au sommet de l'Etat, qui veut l'aider à les réaliser.

Le 4 juin 2008, Le Monde a publié un document qui dévoilait les intentions de Guillaume Sarkozy : «La Caisse des dépôts et le groupe Médéric, qui est dirigé par Guillaume Sarkozy, veulent créer une filiale commune spécialisée dans le financement des retraites. Un document de travail daté du 16 mai et estampillé “confidentiel” relève que, en 2020, les non-cadres subiront une baisse de 5% du taux de remplacement pour une carrière complète et les cadres subiront une baisse de 20%. Les grandes lignes de ce projet de partenariat sont posées : la création d'une “nouvelle entreprise d'assurance” qui proposera “un bilan retraite et des services adaptés, en phase d'épargne et au moment de la retraite” aux salariés. L'objectif est d'atteindre un chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros en 2019. Les futurs partenaires se fixent “des taux de rentabilité raisonnables sur le long terme”.»

Chez les Sarkozy, on se partage le travail : Nicolas diminue le niveau des retraites, et Guillaume propose des complémentaires aux salariés les mieux payés. Quelle équipe. Quel cynisme !

«Le recul de l'âge de la retraite ne sert à rien»

Pour comprendre comment la réforme Sarkozy va amener à une baisse quasi-générale des retraites, il faut cesser les débats pseudo-théologiques sur «la retraite à 60 ans» et regarder la réalité des chiffres : aujourd'hui, quand un salarié solde sa retraite, à 61 ans en moyenne, il est au chômage ou au RMI-RSA depuis trois ans. Il n'y a que 22% des salariés qui sont encore au travail quand ils partent en retraite.

Dans ce contexte de chômage de masse, quel impact aurait l'allongement de la durée de cotisation que veut imposer le clan Sarkozy ? Une année de cotisation en plus pour bénéficier d'une retraite à taux plein ? Pour tous ceux et celles qui sont touchés par le chômage et la précarité, il ne sera pas possible de cotiser un an de plus. Il va leur manquer quatre trimestres. Ils subiront donc une décote de 10% !

Allonger la durée de cotisation sans avoir fait radicalement reculer le chômage des 58-62 ans ne peut en aucun cas «sauver les retraites». Jean-Paul Fitoussi, président de l'OFCE, écrivait dans Le Monde du 6 mars 2001 : «S'il n'est pas porté remède au chômage, le recul de l'âge de la retraite ne sert à rien. Cela revient à demander aux gens de travailler plus longtemps alors qu'ils manquent déjà de travail. Le vrai problème, c'est le chômage.»

Voilà comment, avec des arguments pleins de bon-sens («l'espérance de vie a augmenté, donc il faut cotiser plus longtemps…»), on prépare une baisse généralisée du niveau de vie des retraites de la Sécurité sociale. Ceux qui veulent développer les systèmes d'assurance privés sont évidemment très favorables à cette réforme et on comprend que tous les syndicats s'opposent à ce nivellement par le bas.

Comment fait-on pour vivre avec 900 euros par mois ?

Baisser aussi fortement le niveau de vie de millions de retraités serait vraiment scandaleux : derrière les chiffres, il y a des hommes et des femmes qui veulent vivre - pleinement, et pas seulement survivre ou sous vivre - avec ce que la Sécu leur verse. Comment fait-on pour vivre avec 900 euros par mois ? Comment fait-on pour accueillir ses petits-enfants quand chaque sou est compté ? Un spécialiste du dossier explique : «Soyons clairs : sans doute faudra-t-il un jour travailler plus longtemps. Mais tant que l'on ne s'est pas donné les moyens de lutter radicalement contre le chômage, travailler plus longtemps est contre-productif. C'est comme quand on fait du vélo en montagne : bien sûr qu'après avoir passé le col, il faudra freiner. Mais si on freine dans la montée, on n'arrivera jamais au col ! La priorité, la seule, c'est de lutter contre le chômage et les petits boulots.»

Dans son dernier livre Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, affirme que, depuis deux ans, sous prétexte de «sauver les banques», on a consacré des centaines de milliards à sauver… leurs actionnaires. Une autre stratégie, totalement différente, était possible mais Stiglitz montre que Obama et la plupart des chefs d'Etat ont plié devant les pressions des banquiers et du «big business». De même, sous prétexte de vouloir «sauver les retraites» (qui peut s'opposer à cet objectif ?), Nicolas Sarkozy veut imposer une réforme dont le but n'est absolument pas de les sauver, mais de favoriser ceux qui veulent développer des systèmes d'assurance privée : son frère et ses amis.

Augmenter le nombre de cotisants

Pour sauver les retraites, l'essentiel aujourd'hui n'est pas d'augmenter le nombre de trimestres de cotisation mais d'augmenter le nombre de ceux et celles qui ont un emploi, augmenter le nombre de ceux qui touchent un vrai salaire, et donc augmenter le nombre de ceux qui cotisent…

On ne pourra pas sauver les retraites si on ne parvient pas à lutter radicalement contre le chômage et la précarité. Hélas, presque trois ans après leur arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy et François Fillon n'ont engagé aucune réforme pour lutter contre ces deux fléaux. Le total des inscrits à Pôle Emploi a augmenté de 800.000 en dix-huit mois, mais le gouvernement semble se moquer totalement de cette question. Ce silence en dit long sur les priorités de l'équipe au pouvoir.

Le chômage et la précarité sont au cœur de la crise dans laquelle s'enfonce notre pays : que l'on parle du dossier des retraites, de l’«intégration des jeunes de banlieue» ou de la défiance de plus en plus grande des citoyens vis-à-vis des politiques, on en revient toujours au lancinant problème du chômage. [...]

(Source : Rue89)

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Mis à jour ( Jeudi, 04 Mars 2010 02:33 )  

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