Un projet d’accord national interprofessionnel du 25 mars 2011 relatif à l’indemnisation du chômage a été soumis à signature des organisations syndicales. Ce projet d’accord, composé de cinq articles, a pour objectif d’arrêter les nouveaux paramètres d’indemnisation du chômage du 1er juin 2011 au 31 décembre 2013, et de fixer le niveau des cotisations des employeurs et des salariés.
Dès le début de la négociation, le patronat a proposé la mise en place d’un groupe de travail paritaire «politique», qui se réunira toutes les 6 semaines à compter de septembre 2011, pour renvoyer à plus tard les revendications portées en commun par les organisations syndicales (droits rechargeables, taxation de l’emploi précaire, encadrement des ruptures conventionnelles, etc.).
Le procès-verbal annexé au projet d’accord détermine les thèmes de discussion, dont la liste n’est pas limitative. Cette réflexion devrait servir de base de travail pour la négociation de la prochaine convention d’assurance chômage en 2013. Cependant, la feuille de route ne fixe aucune obligation de résultat et l’expérience montre que ce processus reste aléatoire.
Contenu de l’accord : Deux mesures (articles 2 et 3) améliorent les droits à indemnisation des personnes en invalidité et en saisonnalité. La pension d’invalidité (2e catégorie) pourra être cumulée avec l’allocation chômage, et le coefficient réducteur appliqué pour le calcul de l’indemnisation des salariés saisonniers est supprimé. Ces deux revendications, portées par la CGT, mettent fin à une injustice qui frappait 10.000 allocataires. Le coût de ces deux mesures est évalué à environ 20 millions d’euros par an.
Par contre, l’article 4 acte une baisse des contributions patronales et salariales dès lors que deux conditions seront réunies. La première est d’avoir deux semestres d’excédent supérieurs à 500 millions d’euros dans le résultat d’exploitation. La seconde consiste à avoir un déficit cumulé inférieur à 5 milliards d’euros. Selon les services de l’Unedic, ces deux conditions devraient être réunies à partir de 2014 ou 2015.
Cet article précise que la baisse annuelle ne peut dépasser 0,4% des contributions, soit 2 milliards d’euros par année. C’est 100 fois plus que le coût des mesures inscrites aux articles 2 et 3 en faveur des handicapés et des saisonniers. Et le Medef a obtenu que cette baisse des cotisations perdure jusqu’en 2016, c’est-à-dire qu’elle est applicable par anticipation sur la convention de 2013.
Pour Parisot, tout est précaire, la vie, le travail et même l’amour… sauf la baisse des cotisations patronales ! Acter dans ces conditions la baisse des cotisations revient à admettre dès aujourd’hui qu’il faudra réduire les droits des chômeurs lors de la prochaine convention.
Pour la CGT, face à la violence de la crise et des centaines de milliers de personnes qui sont venues grossir les rangs de l’assurance-chômage, face au développement du sous-emploi et de la précarité grandissante, face au 1,5 million de chômeurs de longue durée (plus d’un an), il aurait été nécessaire d’améliorer les droits des chômeurs en intégrant beaucoup plus de personnes dans le régime assurantiel (1 sur 2 seulement est indemnisé) et en les protégeant plus longtemps. C’est ce que préconisait d’ailleurs l’OCDE dans un rapport rendu au Conseil d’orientation pour l’emploi en février 2011.
La nouvelle convention n’améliore pas les droits du plus grand nombre (près de 5 millions d’inscrits à Pôle Emploi). Pire, nous commençons à mesurer chaque mois les effets dévastateurs de la précédente convention (2009-2011), qui avait réduit les durées d’indemnisation pour le plus grand nombre arrivant aujourd’hui en fin de droits. D’ores et déjà, le nombre de demandeurs d’emploi indemnisés par l’assurance chômage est en baisse, tandis que celui des titulaires des minima sociaux (ASS, RSA, etc.) explose !
La CGT a remarqué que le patronat a changé sa stratégie. Les négociations sur l’assurance chômage ne portent plus sur la durée d’une seule convention (2 ou 3 ans) mais de deux (4 ou 6 ans). Ainsi, on négocie la convention 2011-2013 sans être en capacité d’évaluer entièrement les conséquences de la convention précédente. Et le même scénario se reproduira en 2013 pour négocier la convention qui s’appliquera jusqu’en 2016. Cette stratégie permet de brouiller le message en direction de l’opinion et favorise les mauvais compromis dans les négociations.
Après consultation de ses organisations, la Commission exécutive confédérale décide de ne pas signer la convention.
Montreuil, le 5 avril 2011
(Source : CGT.fr)
Articles les plus récents :
- 26/04/2011 09:47 - Un avocat condamné… au RSA
- 25/04/2011 13:18 - Croatie : comme un air de révolution
- 18/04/2011 13:06 - Contrats aidés : l'Education nationale sanctionnée
- 18/04/2011 12:54 - Les Slovènes refusent la précarisation de l'emploi
- 08/04/2011 05:32 - Travail du dimanche : l'Organisation Internationale du Travail donne raison à Force Ouvrière
Articles les plus anciens :
- 06/04/2011 10:19 - Pôle Emploi : des salariés portent plainte pour harcèlement moral
- 05/04/2011 17:24 - Les Français en ont marre du «marché»
- 04/04/2011 03:09 - A Genève, des chômeurs ont crié leur colère
- 01/04/2011 01:41 - Un «modèle allemand»… en carton-pâte
- 29/03/2011 21:52 - AER : toujours rien !