En période de recherches d’économies budgétaires, les 17 milliards d’aides personnelles au logement sont manifestement menacées.
Elles jouent un rôle social plus que jamais indispensable pour empêcher les ménages modestes de basculer dans la pauvreté ou la grande exclusion.
«L'effort pour l'armée doit être compensé par des économies sur le logement et la santé», a confirmé le ministre des Finances Michel Sapin le 30 avril dernier, dans la perspective du projet de loi de finances pour 2016, à l’occasion duquel Bercy viserait «1 à 2 milliards d’économies» sur les APL.
Face à la multiplication des discours simplistes sur des aides qui seraient inflationnistes, contre-productives, hors de prix ou mal réparties, la Fondation Abbé Pierre rappelle quelques faits à garder en mémoire avant tout arbitrage budgétaire à courte vue :
- Les aides personnelles au logement ont déjà été recentrées socialement à de multiples reprises, et bénéficient aujourd’hui aux ménages les plus modestes, si bien qu’elles remplissent un rôle de réduction de la pauvreté aussi important que les minima sociaux. Le seuil d’exclusion des APL (niveau de ressources à partir duquel on ne bénéficie plus des aides) est situé autour du Smic pour une personne isolée. 49 % des allocations sont attribuées aux 10 % des ménages les plus pauvres de la population.
- Il n’existe pas à ce jour de consensus scientifique à propos d’un effet inflationniste des APL sur le montant des loyers, et encore moins une évaluation fiable de cet éventuel effet.
- Si l’effet inflationniste des APL n’est pas évident, l’effet déflationniste sur les loyers de leur baisse l’est encore moins. Au contraire, tout laisse à penser qu’une réduction des APL se traduirait, comme ce fut le cas récemment au Royaume-Uni, par une baisse des revenus des ménages allocataires plutôt qu’une baisse de leurs loyers.
Les causes de la hausse des APL ces dernières années sont connues : Une précarisation massive des couches populaires et une hausse inédite des loyers en particulier dans le parc privé.
C’est en s’attaquant à ces deux causes structurelles, notamment en produisant du logement accessible financièrement aux bénéficiaires de l’APL et en encadrant les loyers privés, que l’Etat pourra, à terme, espérer faire des économies. Pas en s’attaquant aux pauvres.
À quelques jours de la remise des conclusions du groupe de travail parlementaire et de l’engagement des débats sur le budget 2016, la Fondation Abbé Pierre restera extrêmement vigilante sur tout projet visant à rogner ou geler les APL. Celles-ci méritent au contraire, à bien des égards, d’être revalorisées (suppression du mois de carence, doublement du forfait charges, réduction du non-recours…) pour permettre aux ménages pauvres et modestes fragilisés par la crise économique de se loger dans de meilleures conditions et éviter au maximum les expulsions locatives.
Si certaines réformes pour une meilleure gestion des APL sont envisageables, elles doivent être précédées d’une étude d’impact fiable pour ne pas fragiliser les ménages pauvres et modestes, et les sommes qui pourraient être économisées doivent être redéployées vers les allocataires APL dans la nécessité.
Articles les plus récents :
- 08/09/2015 14:21 - Nordine Recham contre Pôle Emploi : Le récit d'un long, très long combat
- 09/07/2015 00:14 - RSA et épargne : la déduction forfaitaire de 3% est-elle illégale ?
- 08/07/2015 21:52 - À quand un bracelet électronique pour les Chômeurs ?
- 19/06/2015 09:37 - La précarité sociale reconnue comme discrimination
- 17/06/2015 13:41 - Soutenez le Manifeste des Sans Boulots Sans Élus
Articles les plus anciens :
- 19/05/2015 04:42 - Flicage généralisé des Chômeurs, c'est parti !
- 04/05/2015 14:43 - Une Zone d'Affirmation du Droit à la Dignité dans le Tarn
- 10/04/2015 21:45 - Une Journée Internationale des Roms, ça existe ?
- 03/04/2015 12:05 - «Territoires zéro chômeur de longue durée» - Manif ATD Quart Monde le 27 avril
- 31/03/2015 08:34 - Enfants de chômeurs discriminés : Encore et toujours !