Restons positifs et optimistes. Certes mais le pessimisme en a sauvé plus d’un !
Où qu’ils sont ? Où qu’ils se sont planqués les chantres de la société multiethnique, multiraciale, multiconfessionnelle, société de demain qui s'impose à cette France ringarde et poussiéreuse des Bonnet, Charpentier, Costes, Durand, Gauthier, Guérin, Mas, Loubet, Paillard, Raynaud, Théron, Valette… ces noms gravés sur les monuments aux Morts de 14-18, dont on célèbre le sacrifice… qui n’a servi à rien.
Tous doivent se retourner dans leurs tombes, dans leurs ossuaires et tranchées où sont ensevelis leurs restes.
Alors où qu’ils sont passés les Papes de la mixité heureuse, du grand métissage rédempteur, de l’entente cordiale et bienveillante entre communautés qui à défaut de se fondre dans le creuset d’une République une et indivisible, revendiquent plus que jamais leurs origines, leur histoire, leurs traditions, leurs langues, leurs religions… pour les porter au pinacle de leur identité, réservant à la nationalité française qui est aujourd’hui la leur l’intendance du quotidien.
Parce que vous je ne sais pas, mais moi… je sais.
Plus le temps passe, plus les semaines et les années s’égrainent, plus la déstructuration de la société s’accentue sur fond de tensions communautaires. J’ai connu un temps pas si lointain où les sujets qui font aujourd’hui la Une de l’actualité n’émergeaient qu’en de rares occasions, sur des périodes limitées, le temps d’une élection, à la suite d’un conflit ou d’un drame ponctuel.
Aujourd’hui, ils s’inscrivent dans la durée, envahissent notre quotidien, s’enracinent dans nos discussions, nos lectures, nos interrogations et débats. On ne peut pas y échapper sauf à renoncer définitivement à allumer la radio et la télévision, à ouvrir un journal ou son ordinateur.
Prenez ces dernières semaines, voyez les thèmes récurrents qui nourrissent la voracité des médias qui se repaissent des tensions qu’ils propagent. Intéressons-nous ne serait-ce qu’aux suites françaises de l’affaire Harvey Weinstein.
Elles ne se limitent pas à la dénonciation d’auteurs de gestes déplacés à l’égard des femmes, voire d’agressions sexuelles plus condamnables encore. Non, le débat a dérivé sur les origines des personnes soupçonnées, à l’instar de l’islamologue Tariq Ramadan et du journaliste Frédéric Haziza ; le premier soutenu par une frange de la communauté musulmane qui crie à l’islamophobie ; le second par Bernard-Henri Lévy, laissant planer le soupçon d’un soutien coreligionnaire qui a fait débat ses derniers jours.
Ces dénonciations «communautarisées» d’harcèlements, d’agressions ou de viols s’inscrivent dans un flot d’actualités qui le sont plus encore.
Il y a peu, un tweet considéré antisémite, illustré d’un photomontage présentant le président Macron entouré de personnalités juives (Jacob de Rothschild, Jacques Attali, Patrick Drahi) sur fond de drapeaux américain et israélien, a valu à l’ardent militant Gérard Filoche son exclusion du Parti socialiste.
À Marseille, Manuel Valls et plusieurs membres du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) manifestaient leur opposition à la tenue d’un spectacle de Dieudonné acclamé par près de 8.000 personnes au Dôme. L’humoriste banni des médias mainstream, accusé et condamné pour incitation à la haine, n’a jamais eu autant de succès. Sans promotion, sans publicité (exceptée celle qu’il active lui-même sur le Web), il remplit les Zénith de France et gagne toutes les procédures qu’il intente aux villes qui refusent d’accueillir ses shows, devant les tribunaux administratifs et le Conseil d’État. Black-listé par les chaînes de télé, les radios, les journaux et magazines unanimes, Dieudonné est l’humoriste français qui réunit le plus grand nombre de spectateurs partout où il passe. Voilà qui donne à réfléchir.
D'autant que LePoint.fr nous apprend ce jour que les tags «Juif» posés sur plusieurs commerces de Marseille, attribués dans un premier temps aux partisans de Dieudonné, ont été bombés par un membre de la communauté juive qui s'est dénoncé aux services de police. Cela méritait précision…
Depuis plusieurs semaines, Manuel Valls - encore lui - revient en force sur le devant de la scène médiatique, en s’emparant «du problème avec l’islam et les musulmans dans la société française», sur lequel il s’accorde avec des intellectuels et polémistes virulents : Éric Zemmour, Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy… Nous y reviendrons plus tard.
Dernièrement, le fondateur de Mediapart Edwy Plenel et Riss, le Directeur de Charlie Hebdo, s’écharpaient sur des thématiques et personnalités évoquées plus haut (l'islam ou le cas Tariq Ramadan), quand la stèle érigée à Bagneux à la mémoire d’Ilan Halimi, le jeune juif massacré par le Gang des Barbares, était profanée.
Il y a moins d’un mois, le procès d’Abdelkader Merah, frère et complice de Mohammed le «tueur au scooter», défrayait la chronique judiciaire tant le témoignage de sa mère, Zoulikha Aziri, offusqua les familles des victimes. Alors que se posait une question embarrassante (une de plus) : Que faire des Français djihadistes, de leurs familles et enfants qui rentrent de Syrie après la défaite militaire de Daech ?
Voilà quelques-uns des grands débats «nationaux» qui ont animé l’actualité des dernières semaines reléguant au second plan – pour un temps seulement soyez rassurés – le sort des migrants (ici et en Libye), les échauffourées à Paris et Bruxelles après la qualification du Maroc pour le Mondial 2018, la manifestation des élus contre les prières de rues à Clichy-la-Garenne… entre autres joyeusetés.
Qu’est-ce qu’on s’marre en France !
Une majorité de concitoyennes et concitoyens n’ont-ils pas le désagréable sentiment d’être embringués dans des tensions communautaristes et religieuses desquelles ils sont totalement étrangers, qui leur empoisonnent l'existence et leur ravissent aussi parfois ?
Quand un Français d’origine catalane, naturalisé en 1982, déclare que «les juifs sont plus que jamais à l’avant-garde de la République» (discours du 19 mars 2014 au Trocadéro) et se dit «lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël» (intervention du 17 juin 2011 sur Radio Judaïca Strasbourg), est-il en position de dénoncer des dérives islamistes réelles ou supposées sans exacerber plus encore les clivages et oppositions ? Poser la question revient à y répondre. Monsieur Valls, faites-vous oublier s'il vous plaît !
Une seule information encourageante nous est parvenue il y a quelques jours de Berlin. Les scientifiques qui se penchent depuis des décennies sur le fameux réchauffement climatique qui menace la planète et l’Humanité toute entière semblent enfin accepter l’évidence qu’ils refusaient jusqu’à présent d’énoncer, même du bout des lèvres.
La principale cause d'émission de gaz à effet de serre est… l’accroissement de la population. Tout bonnement ! On ne peut limiter l’augmentation de la température tant qu’on ne stabilise pas le nombre d'habitants sur Terre qui va tripler en 100 ans, passant de 3 milliards en 1960 à 9 milliards en 2060, voire quadrupler à 12 milliards sur la même période. Comment peut-on encadrer notre empreinte écologique alors que nous sommes de plus en plus nombreux à nous chauffer, rouler en voiture, voyager en avion, et avant tout, à nous nourrir ? L’agriculture et l’élevage constituent la première source de gaz à effet de serre (plus de 25% des émissions).
Ainsi, si l’on réduit de 10 à 15% la voracité énergétique des moteurs tous les dix ans, le parc automobile et d’aéroplanes augmente lui de 20% sur la même période. Les efforts consentis et les économies réalisées sont automatiquement annihilés par la croissance démographique et celle des demandes en denrées agricoles, en énergies fossiles, déplacements, chauffage… Raison pour laquelle les projections les plus pessimistes en matière de réchauffement pourraient être finalement dépassées malgré la mobilisation dont se gargarisait Laurent Fabius lors de la COP21.
Entre les tensions communautaristes évoquées plus haut et les perspectives préoccupantes abordées plus bas, d’aucuns estimeront ici que je me complais dans un pessimisme excessif… que j’assume. Étant dépourvu de tout moyen d’action pour contrarier les unes ou les autres, tant dans mon pays qu’à l’international, je ne vois pas ce qui pourrait m’inciter à l’optimisme, souscrivant ainsi à l’analyse pince-sans-rire de Woody Allen dont je vous livre de mémoire approximative l’articulation :
«En 1936, les Juifs optimistes sont restés en Europe. Les pessimistes se sont installés aux USA, à Hollywood».
Comme quoi, le pessimisme est parfois salvateur.
Mokhtar Dupont-Jakubowicz - Le Blog
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