Le "programme DELD" se définit en trois volets : Découverte des métiers – Consolidation du projet de formation – Préparation à la reprise d'activité.
Plutôt contente de cette initiative (preneuse pour tout ce qui pourrait dynamiser sa recherche d'emploi), c'est avec un nouvel optimisme que Victorine a commencé ce stage de 5 semaines à l'AFPA sur l'action "Consolidation du projet de formation" pour laquelle elle avait été positionnée par sa référente PLIE-TPM (plan local d'insertion à l'emploi – Toulon Provence Méditerranée). De plus, le programme de l'AFPA qui lui avait été remis par l'ANPE était tout à fait conforme à sa situation.
Première étape de la nouvelle mission AFPA : la "rééducation spécialisée pour DELD".
L'optimisme de Victorine, en arrivant à l'AFPA, a été immédiatement anéanti par l'accueil autoritaire et méprisant de l'animatrice (elle-même DELD, recrutée pour 4 mois en CDD) :
=> Enoncé des attitudes de mauvaise éducation des chômeurs et leçon de savoir-vivre : "Ce n'est pas parce que la cafetière ne vous appartient pas qu'il faut vous permettre de la casser"…
=> Avertissement des sanctions encourues en cas de non-respect de l'obligation de présence et menace de radiation : "J'ai le pouvoir de vous faire radier"…
=> Explication des problèmes liés au programme : "J'ai plus de 80 personnes à suivre !"
=> Cours plus ou moins délirant d'économie européenne du marché de l'emploi (nécessité de connaître au moins 4 langues dont l'arabe et le chinois, obligation de mobilité…)
Même scénario lors de la réunion de groupe avec la psychologue de l'AFPA :
=> Déstabilisation (paroles constamment coupées d'un ton très agressif à l'encontre des personnes invitées à s'exprimer sur leur parcours)
=> Culpabilisation (recherches d'emploi infructueuses, donc aberration de continuer à chercher un poste lié aux compétences acquises et nécessité d'une nouvelle orientation professionnelle, mauvaise appréciation des projets professionnels élaborés avec les conseillers professionnels ANPE, merci pour eux)
Bien évidemment, rien sur la problématique que rencontre le demandeur d'emploi.
Très rapidement, force a été de constater que le contenu de ce stage ne correspondait pas au programme prévu et qu'il était vide, complètement vide !!! En effet, sur 62h25 de présence à l'AFPA, l'animatrice leur a consacré 20h15 dont 15h d'initiation Word et Internet… pour combler. De l'aveu même de l'animatrice, ce n'était pas prévu dans le programme. Le reste du temps (soit près de 39h !) s'est déroulé "en autonome" à passer des journées entières à ne rien faire (discussions, lecture de magazines…).
Après une première intervention auprès du directeur de l'AFPA en raison du refus de l'animatrice de consulter concrètement les offres ANPE via Internet, Victorine a demandé un rendez-vous pour dénoncer l'accompagnement inexistant du programme DELD qui se limitait à parquer les stagiaires dans une salle ou à les envoyer démarcher les employeurs pour des stages. Sa demande a été purement et simplement boycottée par son expulsion du parcours à l'issue de la troisième semaine alors que le module en comportait cinq.
Cet entretien de sortie anticipée avec une conseillère professionnelle de son ALE (agence locale pour l'emploi), en présence de l'animatrice et de la référente AFPA du programme DELD, a été un véritable pugilat : il a été clairement signifié que Victorine devait trouver un emploi de plongeuse ou de serveuse ou de femme de chambre, puisque ces emplois sont en tension dans le bassin toulonnais ("Quand on veut travailler, on fait femme de chambre !"). Une objection de sa part démontrerait une complaisance certaine dans sa situation de chômeuse... Plus rien à voir avec la consolidation d'un projet de formation initialement programmée !!! Confrontée à ces trois personnes, Victorine s'est retrouvée sur le banc des accusés, sans défense face à un tribunal déloyal où on l'a qualifiée de "personne aigrie, négative dotée d'un complexe d'infériorité ou de supériorité" et d'être, bien évidemment, entièrement responsable de son non-retour à l'emploi.
N'ayant pu s'exprimer sur les carences du programme (communication autoritaire et humiliante envers les chômeurs, pas de contenu, aucun accompagnement), elle a refusé de signer sa fin de parcours et a été avertie de l'envoi imminent d'un courrier de l'ANPE pour refus de signature. En fait, elle a reçu un courrier mentionnant que la demande de l'AFPA pour la sortie de son parcours a été motivée par son "attitude très négative et perturbante pour le groupe"...
Voilà ce qui arrive quand on a l'audace de se plaindre d'une carence et que l'on n'accepte pas d'être traité(e) comme du bétail ! Pire : on s'aperçoit que le demandeur d'emploi n'a aucun recours quand la prestation proposée - imposée - est inepte. Surtout s'il est tout seul à le dire.
Victorine sait parfaitement où se situer sur le marché du travail, elle sait qu'elle n'a aucun pouvoir pour remédier aux dérives d'un système économique sclérosé qui ne créé pas d'emplois et encense la précarité. Alors que le contrôle des chômeurs est à la une, rien n'est prévu pour contrôler l'argent gaspillé dans ces stages - qui sont légion - non conformes aux contrats.
Aujourd'hui, Victorine se bat pour faire disparaître de son dossier les annotations diffamatoires retenues suite à cette arnaque institutionnalisée, et pour la première fois, l'ANPE vient de lui proposer un job à 30h par semaine... Une "forte tête" désormais dans le collimateur ? La machine à broyer du chômeur est en route. Dans "la bataille pour l'emploi" lancée par Dominique de Villepin - dont les principales mesures envisagent surtout de lutter contre les chômeurs et non contre le chômage -, Victorine n'est sûrement pas la seule à subir ce type de situation. Affaire à suivre...
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