Au registre des décisions annoncées qui sont défavorables aux chômeurs, relevons l’allongement des périodes de cotisation ouvrant droit à une indemnisation. Il faudra donc cotiser plus longtemps pour espérer être indemnisé par l'Assédic, alors que la précarité professionnelle ne cesse de croître. Les chômeurs de la «filière B», la plus courante, devront ainsi travailler 16 mois (contre 14 précédemment) au cours des 26 derniers mois (24 antérieurement) pour être pris en charge pendant 23 mois (information en date du 21/12/05).
Au registre des décisions qui semblent «moins défavorables», relevons l’augmentation des cotisations (malheureusement partagée à parité entre travailleurs et employeurs) et la stabilisation des périodes d’indemnisation.
Rappelons que lors de l’ouverture des négociations UNEDIC, le Medef s’était déclaré formellement hostile à toute augmentation des cotisations et prônait une diminution drastique des périodes d’indemnisation (l’organisation patronale évoquait une réduction de l’ordre de 5 à 8 mois de la durée de la «filière B» qui serait alors passée de 23 mois à 18 ou 15 mois).
Nous estimons pour notre part, APNÉE/Actuchomage, que la «casse» a été évitée sans pour autant cautionner les décisions prises ou à venir.
Face au déficit cumulé de l’UNEDIC (14 milliards d’euros), les risques étaient grands de voir les seuls chômeurs supporter le prix de la gestion calamiteuse de l’assurance-chômage. Rappelons qu’en 2002, lors des précédentes négociations, la durée d’indemnisation de la «filière B» avait été réduite de 7 mois (passant de 30 à 23 mois) avec application rétroactive à tous les chômeurs en cours d’indemnisation.
Cette «rétroactivité scélérate» avait déclenché fin 2003 début 2004 la fameuse bataille des Recalculés menée par ces chômeurs que l’Assédic s’était engagée à indemniser pendant 30 mois (engagement contracté par le PARE, Plan d’aide au retour à l’emploi) et qui virent leurs droits à l’assurance-chômage finalement amputés de 7 mois.
Face à la contestation de la rue et surtout aux actions juridiques engagées devant les tribunaux et auprès du Conseil d’État, le gouvernement fut contraint de faire machine arrière en «réintégrant» dans leurs droits 800.000 chômeurs en mai 2004.
Cet antécédent social et politique a sans doute pesé dans les dernières négociations.
La CFDT qui avait accepté le «Recalcul» en 2002 a jugé plus prudent de ne pas s’aligner sur les propositions du Medef en 2005 (notamment sur la réduction des durées d’indemnisation envisagée à l’ouverture des négociations). Le patronat qui avait fait preuve d’un incroyable cynisme en 2002 (à tel point que le «Recalcul» a été condamné par les tribunaux en première instance, en appel, et le sera peut-être en cassation au printemps prochain), a été contraint de mettre «un peu» d’eau dans son vin en acceptant une petite augmentation des cotisations (0,08% réparti à parts égales entre salariés et employeurs – information en date du 21/12/05) alors qu’il s’y refusait catégoriquement.
Mais comment pouvait-il en être autrement ?
Le patronat bénéficie déjà de la mise en œuvre de mesures qui lui sont très profitables : allègement des cotisations sociales, «CDI précarisé» avec la création du CNE qui prévoit une période d’essai de 2 ans, «contrats d’insertion» largement subventionnés par les contribuables, exonération de charges diverses… en attendant une hypothétique réduction de la TVA promise à certains secteurs d’activité (hôtellerie/restauration et BTP) par le Chef de l’État.
Dans ce contexte, le patronat pouvait-il s’affranchir de ce «petit effort» consenti en faveur de celles et ceux qui se retrouvent dans la galère du chômage de longue durée ?
La nouvelle convention ne résout malheureusement rien. Le problème du chômage de masse reste entier malgré la baisse du nombre de chômeurs de catégorie 1 annoncée depuis sept mois. La très grande majorité des sans-emploi est pas, peu ou mal indemnisée. Des centaines de milliers même ne touchent rien, pas un centime d’euro des Assédic, et n’ont pas droit au minima sociaux.
Car pour bénéficier de l’ASS (Allocation spécifique de solidarité) ou du RMI, il faut non seulement être dans une grande détresse financière, mais il faut aussi que l’entourage de l’éventuel bénéficiaire (son «foyer fiscal») le soit.
Les négociations UNEDIC qui s’achèvent ne règlent donc rien.
La seule solution : Un travail et un revenu décents pour toutes et tous !
…/…
À NOTER : Cet article est mis en ligne alors que la nouvelle convention d'assurance-chômage n'a pas encore été adoptée par les partenaires sociaux. Les informations qui nous ont permis de le rédiger datent du mercredi 21 décembre. Des changements sont donc à prévoir. Pour suivre l'évolution des négociations depuis le 1er décembre, lire les commentaires.
Articles les plus récents :
- 06/12/2005 19:17 - La négociation reprend sur la pénibilité au travail
- 05/12/2005 22:13 - Une taxe d'habitation sur les caravanes !
- 05/12/2005 17:16 - Nouvelle victoire des «Recalculés»
- 04/12/2005 21:20 - Nouveauté Livre : le Dictionnaire du cynisme social
- 02/12/2005 16:06 - La lettre de l'Observatoire des Inégalités
Articles les plus anciens :
- 01/12/2005 16:32 - Cours gratuit de Droit du travail à Paris
- 26/11/2005 21:48 - Mesures gouvernementales de lutte contre… les chômeurs de longue durée
- 24/11/2005 17:59 - Les "Robins des Bois" contre les coupures de courant
- 24/11/2005 15:52 - Des agents de l'ANPE solidaires des chômeurs
- 24/11/2005 02:26 - Unedic : les syndicats rejettent unanimement les propositions patronales !