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Accueil La revue de presse Pfizer, malade imaginaire

Pfizer, malade imaginaire

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Le géant américain de l’industrie pharmaceutique, Pfizer, va bien, très bien même ; il fallait donc absolument mettre en place un plan de restructuration.

Pfizer est le leader mondial du médicament ; il commercialise des produits aussi célèbres que le Viagra - le médicament contre l’impuissance dont la publicité inonde nos boîtes mails -, le Lipitor - un anticholésterol, un des médicaments les plus vendus au monde - ou le Zyrtec - un anti-allergique bien connu des enfants.
Donc lundi dernier, lorsque Pfizer annonce ses résultats, tous les analystes et autres observateurs de l’industrie pharmaceutique sont attentifs ; et ils ne sont pas déçus. A double titre.

Sur l’exercice 2006, Pfizer affiche un chiffre d’affaires en très légère hausse à 48 milliards de dollars, un résultat net quasiment doublé par rapport à 2005 à plus de 19 milliards de dollars - soit un ratio incroyable de près de 40% -. Le patient va donc bien, et le nouveau patron de la société Jeffrey B. Kindler est bien obligé de le reconnaître en indiquant : "Dans un contexte difficile nous avons atteint substantiellement de nombreux objectifs financiers que nous nous étions fixés en début d’année".

Pour la forme, Kindler consent à quelques phrases «calimero» en nous expliquant que la concurrence est rude, que le développement de médicament est difficile et risqué, ou que le contexte économique est complexe. Bien sûr, Pfizer est confrontée au défi de la montée en puissance des génériques, au basculement dans le domaine public de certains de ses produits phares, ou encore à la volonté des Etats de maîtriser les dépenses de santé. Mais quelle industrie n’est pas soumise à des mutations permanentes de son environnement ? Il semble que les firmes pharmaceutiques aient toutes choisi un mode de communication larmoyant en essayant de nous faire croire qu’elles sont dans une situation dramatique et qu’elles sont menacées en permanence, alors que les chiffres prouvent le contraire. D’ailleurs dans le même communiqué, Pfizer s’enorgueillit d’avoir augmenté son dividende par action - la part des bénéfices qui est reversée aux actionnaires - pour la 40e année consécutive, ce qui fait de ceux-ci des propriétaires chouchoutés. Tout cela ressemble donc un peu au malade imaginaire.

Aussi lorsque dans la foulée de la communication de ses résultats financiers Pfizer annonce un plan de restructuration massif prévoyant une réduction des effectifs de 10% - 20% en Europe-, soit 10.000 personnes environ dans le monde, la fermeture de dizaines de sites de production dont un en France à Amboise, est-ce une très mauvaise surprise, le remède de cheval qui est appliqué, la pilule empoisonnée qui est prescrite.
L’objectif affiché avec ce plan est bien sûr de réduire les coûts pour abaisser le point mort et donc maintenir les résultats si le chiffre d‘affaires diminuait, de dégager des marges de manœuvre pour la recherche et la croissance externe, et enfin d’avoir un fonctionnement et une organisation plus flexibles ; l’objectif réel est bien sûr de continuer à satisfaire les actionnaires - "shareholder return" - en continuant à augmenter les dividendes et en faisant remonter le cours de l’action. En effet, au cours des dernières années, l’action Pfizer a baissé - alors que globalement la Bourse montait - ce qui à terme pourrait mécontenter des actionnaires jusque-là dociles. Un programme de rachat d’actions pouvant se monter à dix milliards de dollars en 2007 n’a d’ailleurs pas d’autre objectif que de stimuler le cours de l’action. En dévoilant ce plan, Kindler, qui est arrivé à la tête de Pfizer en juillet 2006, montre ainsi patte blanche aux marchés.

Comme souvent, les salariés sont ici les grands perdants : quand ça va mal, ils sont licenciés, quand ça va bien, ils sont licenciés, car il faut tenir les résultats durablement avec des rendements financiers de plus en plus délirants, et le moindre nuage qui se profile génère des réductions d’effectifs préventives. Une application paradoxale du principe de précaution...

En outre, Pfizer étant le leader sur son marché, on peut penser que ses concurrents ne vont pas pouvoir rester sans rien faire ; si les mesures prises par Pfizer ont un effet immédiat sur son cours, et à moyen terme sur son niveau de rentabilité - qui sera mécaniquement croissant -, les actionnaires potentiels vont acheter l’action Pfizer au détriment de celle de ses concurrents. Il va donc falloir réagir en faisant la même chose, et on peut s’attendre à d’autres cures d’amaigrissement dans l’industrie pharmaceutique. C’est l’effet domino dont je parlais ici même à propos de Wal Mart dans un autre domaine.

Ici aussi, le syndrome de la minceur va donc encore frapper. On pourrait peut être ici forger le néologisme de capitalisme anorexique, les entreprises se croient toujours trop grosses, alors qu’elles sont déjà suffisamment minces.

(Source : AgoraVox)

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Mis à jour ( Jeudi, 25 Janvier 2007 10:37 )  

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