Affirmant agir au nom de "toutes les personnes exclues du système de santé", M. Chevalier ne prend plus son traitement depuis fin septembre 2007 mais n'a rendu publique son action qu'après l'entrée en vigueur des franchises, le 1er janvier. Jeudi 17 janvier, l'Association française des diabétiques a fait savoir qu'un patient traité à l'insuline avait lui aussi cessé son traitement, mettant dorénavant "sa vie en jeu". Deux insuffisants rénaux, l'un sous dialyse et l'autre greffé, ont fait part de la même initiative. Au total, ils seraient quatre malades chroniques à suivre l'exemple de Bruno-Pascal Chevalier.
Depuis le début de l'année, les assurés sociaux ne sont plus remboursés de 0,50 € par boîte de médicament et acte paramédical, et de 2 € par transport sanitaire, dans la limite d'un plafond de 50 € par an. Ces franchises, qui s'appliquent notamment aux malades en affection longue durée (ALD), s'ajoutent au forfait d'1 € sur le remboursement des consultations médicales instauré en 2004, et aux 18 € sur les interventions hospitalières dépassant 91 €.
Un collectif national contre les franchises médicales et pour l'accès aux soins pour tous a été mis en place à l'automne 2007, réunissant partis de gauche et associations de patients, et soutenant une pétition de plus de 86.000 signatures contre cet "impôt sur la maladie". C'est "pour aller plus loin" que l'action symbolique du collectif, qui lui a apporté son soutien, que M. Chevalier, responsable du centre communal d'action sociale de Morsang-sur-Orge (Essonne), ancien militant d'Act-Up et d'Aides, a décidé d'entamer sa grève de soins. Affirmant "être fatigué, mais pas à l'article de la mort", il dissuade les personnes qui le contactent sur son blog de l'imiter.
Le 3 janvier, il écrivait à Nicolas Sarkozy pour demander "l'abrogation de cette loi injuste". "Avec la franchise médicale, chacun de nous se sent responsable voire coupable d'être malade, et, par cette faute, nous allons devoir payer pour l'accès à ce droit fondamental qu'est celui de la santé", écrivait-il.
Dans sa réponse datée du 14 janvier, le chef de l'Etat justifie les franchises en affirmant que, "lorsque la situation de l'assurance-maladie est dégradée, les nouveaux besoins en matière de santé supposent de nouveaux financements". Rappelant que les franchises devraient permettre de mieux prendre en charge les malades d'Alzheimer, du cancer ou en soins palliatifs, il affirme qu'elle ne prive nullement de soins "les plus vulnérables", puisque les bénéficiaires de la couverture maladie universelle, les enfants et les femmes enceintes en sont exonérés, "soit 15 millions de personnes". M. Sarkozy estime par ailleurs que le plafonnement des franchises, équivalent à 4 € par mois, "est une somme modique". "Toutes les objections faites à ce dispositif me semblent occulter cette réalité", écrit-il.
Au passage, le président de la République énonce une contre-vérité. Il affirme que "les franchises sont assurables par les organismes complémentaires dans le cadre des contrats responsables, ce qui offre un niveau de protection supplémentaire". Or la loi 2008 de finances de la Sécurité sociale exclut le remboursement des franchises dans le cadre des "contrats responsables", qui représentent la quasi-totalité de l'offre des mutuelles et des complémentaires santé. Le principe de ces contrats, instaurés en 2004, est de ne pas rembourser les forfaits et franchises afin de responsabiliser les patients dans leur consommation de soins, tout en n'augmentant pas le coût des cotisations. Selon la Mutualité française, si elles devaient être prises en charge par les complémentaires santé, les franchises impliqueraient une hausse de 15% à 20% des contrats.
(Source : Le Monde)
NDLR : Pourtant, la Sécu est excédentaire !!! De nombreux débiteurs (dont l'Etat) ne lui remboursent pas ce qu'ils lui doivent, et les sommes sont très largement supérieures à son soi-disant déficit. Au lieu de dire la vérité aux Français et d'obliger tous ces mauvais payeurs à reverser sans délai ce qu'ils ont collecté pour elle ou ce qu'ils lui ont ponctionné, on continue à nous agiter l'épouvantail de la faillite de notre système de solidarité… en vue de le privatiser. Mais en attendant, sur la base du mensonge, il s'agit de faire payer toujours plus les assurés sociaux et de réduire leurs droits.
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