Un an après, retour au point de départ, ou presque. Hier après-midi, l’association Droit au logement a réinstallé un campement sur le trottoir de la rue de la Banque, dans le IIe arrondissement de Paris. En lieu et place des tentes rouges installées fin 2007, une grande bâche bleue abritant matelas et couvertures. Une cinquantaine de personnes y a dormi cette nuit, dont nombre de femmes seules avec enfants.
Ce matin, les lieux sont quasi déserts : les adultes sont partis travailler, les enfants sont à l'école. Restent les militants du DAL et de Jeudi Noir, collectif qui avait investi en 2006 l'étage vide du bâtiment, rebaptisé «Ministère de la crise du Logement». Sur le trottoir d'en face, la police observe sans intervenir.
Le 15 décembre 2007, après dix semaines d'occupation et plusieurs évacuations manu militari, les familles de la rue de la Banque levaient le camp, un accord ayant été trouvé avec le gouvernement. L'Etat s'engageait à reloger les 374 familles «dans un délai maximum d'un an». Un an après jour pour jour, on est loin du compte. «70 familles ont été relogées par l'Etat, 71 par des organismes sollicités par le DAL, 233 sont toujours à la rue ou dans des taudis et hôtels insalubres. Clairement, l'Etat n'a pas fait son travail, détaille Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association, qui ajoute : «On n'est pas là pour provoquer, on est là parce qu'on n'a pas le choix. Et ça risque de durer, jusqu'à ce qu'on nous entende.»
Le ministère du Logement dresse quant à lui un bilan (très) légèrement à la hausse : «170 propositions de relogement ont déjà été faites, 55 ont été refusées et 135 familles ont été relogées.»
L'ensemble des familles a déposé un dossier Dalo (droit au logement opposable), mais pour le DAL cette loi (votée le 5 mars 2007 et entrée en vigueur le 1er janvier 2008) reste une coquille vide. «La loi Dalo restera purement théorique tant que l'Etat ne mettra pas les financements, ne construira pas les logements», dénonce Jean-Baptiste Eyraud. A Paris, où 110.000 personnes sont en attente d'un logement social, 11.000 familles ont déposé un dossier Dalo. 6.000 de ces dossiers ont été pour le moment approuvés par la commission de médiation et, selon le DAL, seulement 110 familles ont été relogées.
Le 24 novembre, l'association a été condamnée à 12.000 € d'amende et à la confiscation de ses tentes pour avoir installé le campement de 2007. Motif : «embarras de la voie publique en y laissant des objets»... Le DAL a fait appel. La semaine suivante, la police les a retenus devant le tribunal administratif de Paris. Mais le DAL et ses mal-logés ne désarment pas.
(Source : Libération)
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