La grève du 1er décembre fut massivement suivie par plus de la moitié des salariés de l'ANPE, entraînant la fermeture de 400 agences. L'intersyndicale au complet (SNU, CGT, SUD, FO, Snap, Unsa, CFDT, CFTC et CFE-CGC) réclamait des renforts d’effectifs, des revalorisations salariales, de meilleures conditions de travail, le maintien de leurs qualifications ainsi que le respect de leurs missions avec, pour mot d'ordre national, l'exigence que «l’accès à un Service Public de l’Emploi de qualité continue à être garanti pour l’ensemble de ses usagers». Certaines organisations avaient également mis l'accent sur les conséquences dramatiques de la mise en place de nouvelles plateformes téléphoniques et de «l’offre raisonnable d'emploi».
Fortes de ce succès, alors que la direction du futur Pôle Emploi persiste dans la surdité quant aux revendications des salariés et dans l'opacité quant aux informations sur les modalités d'une fusion qu'elles qualifient de «néfaste, nuisible, toxique et pathogène, tant pour les usagers que pour les personnels», les intersyndicales de l'ANPE et de l'Unedic ont d'abord appelé à une nouvelle journée d'action le jeudi 8 janvier. Puis la belle unité s'est hélas fissurée...
«Modérés» contre «contestataires»
Plus soucieux de maintenir une forme de «paix sociale» au sein de l'Agence que d'aller au fond des choses, quatre syndicats de l'ANPE (CFDT — évidemment ! —, CFTC, CGC et Unsa, ultra-minoritaires) ont montré leur vrai visage, signant avec la direction, le 22 décembre, un accord — «IRP et RH transitoire» => pour en savoir plus — «à l'arrachée» et qui jette en pâture une prime de 500 € pour tous les agents, ou des tickets-restau revalorisés à 8,65 €. Des miettes ainsi balancées alors que la marge de négociation demeure considérable, et son enjeu tout autant.
Se désolidarisant aussitôt de cette coalition de jaunes, le SNU (majoritaire), la CGT, le Snap, SUD et FO de l'ANPE ont, dans la foulée, estimé que le lundi 5 janvier était une date trop symbolique pour la laisser passer : c'est, en effet, le jour de la mise en place du Pôle Emploi... Un argument partagé par les syndicats CGT, FO et SUD de l'Assedic.
La grève commencera donc le 5
Et elle sera certainement plus massive que celle prévue le 8, puisque le front syndical qui appelle au 5 est, de loin, le plus représentatif. Il est même possible, colère aidant, qu'un pont se fasse entre les deux dates. Afin que cette journée d'action ne soit pas «cassée» par la confusion semée par ce petit clan de «réformistes», une campagne d'information interne fait rage.
A l'instar de l'avenir du dialogue social et du paritarisme au sein de l'assurance-chômage, la légitimité syndicale est sur la sellette. Les récentes élections prud'homales ont déjà sanctionné la logique collaborationniste de certains (CFDT, FO et CFTC) en faveur des vrais syndicats de militants et d'opposition (CGT et Solidaires). Les salariés font de moins en moins confiance à des organisations consensuelles qui, à leurs yeux, ne défendent plus leurs intérêts bien qu'elles prétendent le contraire.
Devant l'obstacle, on se révèle. Tandis que 2009 nous promet une forte dégradation de la situation économique et sociale, l'efficacité et la crédibilité des instances d'opposition — y compris politiques — sont attendues au tournant. Aujourd'hui, que les syndicats — ou les partis — «réformistes» ne s'y trompent pas : seul le gouvernement a tout intérêt à maintenir un semblant de paix sociale. Plus que jamais, l'opposition doit faire son travail et ne pas hésiter à le déstabiliser en se plaçant d'emblée du côté des victimes de la crise. Ceux qui s'imaginent encore qu'ils doivent continuer à jouer aux «ventres mous» nuisent non seulement à l'équilibre démocratique mais à eux-mêmes car ils seront, à terme, durement sanctionnés par ceux qu'ils auront trahis.
=> Non seulement l'action du 5 a été peu suivie, mais LA GRÈVE DE JEUDI EST ANNULÉE !!!
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