Augmentation des contrats précaires (de 17 à 31%), part extrêmement importante des bas salaires (15% des salariés au salaire minimum, pour moins de 2% aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni) et du travail à temps partiel (de 8 à 18%) se combinent avec une explosion des hauts revenus (sur la période 1998-2005 : une croissance de 3,1% pour 90% des salaires, 8,4% pour les 10% supérieurs, 14% pour les 1%, 29% pour les 0,1% et… 51% pour les 0,01% !!!).
Loin de s’inverser, cette tendance s’est au contraire accentuée ces dernières années : ainsi, selon Le Figaro et L’Expansion, les salaires des grands patrons ont augmentés de 58% pour la seule année 2007 — en incluant rémunération directe, bonus, stock-options, dividendes et jetons de présence — tandis que la progression moyenne des salaires du secteur privé (2,7%) fut à peine suffisante pour compenser l’inflation (2,6%)…
L'hyperinflation des dépenses contraintes
Selon la Fédération européenne des employeurs, la France arrive péniblement au 14° rang européen en ce qui concerne le salaire horaire médian brut, et la progression salariale nette entre 2000 et 2008 n’est que de 9,6% (19° rang européen), soit moins de la moitié de l’inflation sur la même période (plus de 20%). Il en résulte un salaire net moyen de 16.100 € pour les salariés du privé en 2005, soit 30% de moins que le salaire annuel d’un poste à temps complet.
Encore faut-il largement nuancer la signification de cette moyenne : l’écart de rémunération entre hommes et femmes reste de l’ordre de 20%, et l’inflation explosive des produits de première nécessité (aliments, énergies, loyers, etc…) au cours des dernières années impacte les budgets des ménages de manière très différente selon leur revenu global. L’augmentation, entre 2000 et 2006, de 85% du prix d’une baguette, de 29% pour les loyers du secteur privé, de 183% pour le lait ou encore de 1770% pour le kilo de pommes de terre pèse bien évidemment plus lourd sur les revenus moyens ou modestes.
Là encore, la tendance récente a largement confirmé cette hyperinflation en ce qui concerne les dépenses contraintes (selon l’INSEE, 9,1% pour l’énergie et 4,7% pour l’alimentation sur un an en octobre 2008), très largement supérieure à la croissance des revenus.
Le salarié français, l'un des plus productifs au monde
La stagnation des salaires doit également être confrontée à une croissance du revenu global sur la période 1998-2005 marquée par de profondes inégalités : 4,6% pour plus de 31 millions des foyers fiscaux, 19,4% pour 350.000 foyers et 42,6% pour les 3.500 ménages les plus riches.
Ces pourcentages dissimulent de vertigineux écarts de croissance réelle : un revenu annuel de 17.000 € en 1998 a augmenté de moins de 800 € en huit ans. Un revenu de 1.000.000 d’euros a augmenté pour sa part de 425.000 €, soit 530 fois plus vite ! Ainsi, les revenus des 10% de Français les plus riches représentent désormais 32,4% du revenu national du pays. Tandis que le salaire moyen par foyer croît de 5,6% sur cette période, les revenus fonciers augmentent de 17,6% et les revenus des capitaux mobiliers de plus de 31%. Quant au prix d’acquisition dans l’immobilier ancien, il a plus que doublé...
Le salarié français, qui offre à son employeur l’une des meilleures productivités mondiales (3° rang en valeur ajoutée par heure travaillée, 5° rang en valeur ajoutée seule) et une durée de travail hebdomadaire supérieure à la moyenne européenne (38 heures, pour 36,9 au Royaume-Uni ou 35,6 heures en Allemagne), est très mal rémunéré et souffre d’un handicap certain lorsque son revenu dépend essentiellement de son salaire, et non de sources immobilières ou boursières, voire d’aides sociales.
Or, le revenu d’activité représente en moyenne 60 à 70% du revenu total disponible et conditionne donc largement le pouvoir d’achat des ménages, «priorité nationale» selon le chef de l’Etat depuis octobre 2007… et un sondage CSA publié fin août 2007. [...] La révolution visant à «remettre le capitalisme à l’endroit» n’a manifestement pas eu lieu.
=> LIRE LA SUITE DE L’ARTICLE de Rue89
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