L'évolution du RMI suit en effet traditionnellement celle du marché du travail avec un léger décalage. La remontée du chômage en 2001 s'était traduite par une remontée du nombre de RMIstes à compter du deuxième trimestre 2002. Plusieurs facteurs font craindre au gouvernement que le délai se raccourcisse cette fois-ci : la hausse du chômage est beaucoup plus brutale et touche en premier des salariés précaires. C'est un dommage social de la crise qui risque de ne pas passer inaperçu d'ici quelques mois : le nombre de chômeurs passant entre les mailles du filet de sécurité de l'assurance-chômage pourrait exploser au second semestre et venir grossir les rangs des allocataires du régime de l'allocation de solidarité spécifique et, surtout, du RMI (bientôt remplacé par le revenu de solidarité active).
La crise actuelle du marché du travail a, en effet, un profil bien particulier. A la fin du troisième trimestre 2008, 594.500 salariés sont intérimaires, soir 26.000 de moins qu'au trimestre précédent. Le directeur général de Pôle emploi, Christian Charpy, l'a confirmé lors de la dernière réunion du Conseil d'orientation de l'emploi la semaine dernière : la grande masse des nouveaux inscrits sont des précaires — fins de CDD et, encore plus, fins de mission d'intérim. Or, leurs droits à indemnisation sont, le plus souvent, inférieurs à ceux des salariés en CDI licenciés et vont donc s'épuiser rapidement.
Réadmission automatique
A titre indicatif, en 2007, année "faste" sur le marché de l'emploi, la durée moyenne d'indemnisation des CDD et intérimaires était de 30% inférieure à la moyenne. Ces chômeurs ne seront pour autant pas concernés par la prime de 500 € annoncée par Nicolas Sarkozy, qui va bénéficier aux jeunes primo-demandeurs d'emploi. Le coup de pouce au chômage partiel ne les touchera pas non plus. En 2003 et 2004, années marquées par un ralentissement de la croissance et non une récession, la remontée du nombre de bénéficiaires du RMI avait déjà été sensible, accrue il est vrai par l'affaire des «recalculés» : 600.000 personnes avaient vu brutalement leurs droits à indemnisation réduits en janvier 2004 à la suite d'une réforme de l'Unedic.
Afin de s'épargner une nouvelle polémique de ce type, le bureau de l'Unedic devrait modifier demain une mesure prévue pour les intérimaires dans la réforme de l'assurance-chômage. Pour leur éviter de devoir refaire toutes les démarches administratives d'inscription en cas de délai entre deux missions, celle-ci a mis en place un système de réadmission automatique. Avec un risque d'effet pervers : les droits à indemnisation (4 mois) seraient eux aussi automatiquement consommés, même pour une durée de quinze jours entre deux missions d'intérim. Le projet de circulaire qui sera soumis aux partenaires sociaux demain prévoit de supprimer la réadmission automatique.
Les reprises d'emploi chutent déjà
C'est une statistique tout à la fois satisfaisante et inquiétante que la Direction des études des ministères de la Santé et des Affaires sociales (DREES) devrait publier en début de semaine : alors que le chômage a brutalement progressé l'an dernier (+ 11,4% d'inscrits à Pôle emploi), le nombre de bénéficiaires du RMI a diminué de 3% en 2008, à 1,121 million fin décembre, soit 34.000 bénéficiaires de moins qu'un an plus tôt. La crise économique ne s'est donc pas encore traduite par un afflux de personnes aux guichets des caisses d'allocations familiales, et ce en dépit du bond temporaire du nombre de bénéficiaires qui avait été observé en septembre (+ 10.000).
Mais l'embellie ne durera pas. En 2007, le rythme de baisse avait atteint 8% (environ 100.000 bénéficiaires de moins) après un recul de 1% en 2006. Désormais, les effectifs amorcent une stabilisation — la baisse n'était plus que de 0,5% au quatrième trimestre 2008 — en lien avec la forte dégradation du marché de l'emploi.
Signe tangible des difficultés à venir : le nombre de nouveaux allocataires ayant bénéficié d'un cumul intégral du RMI et de revenus d'activité (dispositif d'intéressement à la reprise d'emploi) est tombé à 30.000 lors des trois derniers mois de 2008, en chute de 30% par rapport à la même période de 2007. Cela signifie que les reprises d'emplois se font rares. Le nombre d'ouvertures de droits au RMI, en légère augmentation, risque quant à lui d'accélérer nettement en 2009.
(Source : Les Echos — Lire ICI et LÀ)
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