Si l'efficacité du Pôle Emploi dans la lutte contre le chômage reste à prouver, sa contribution à l'accroissement du nombre de chômeurs est d'ores et déjà visible. La fusion de l'ANPE et de l'Assedic a en effet provoqué une véritable hécatombe parmi les cadres dirigeants de la seule Unedic. Trente-deux de ses 122 directeurs (ou directeurs-adjoints) ont été invités à prendre la porte. Et ce, peu après que Christian Charpy, le patron du Pôle Emploi, eut annoncé que tous les salariés des deux anciennes structures avaient, sans exception, leur place dans la nouvelle organisation.
Plusieurs patrons de l'Unedic ont ainsi été avisés que leur présence ne s'imposait plus dans un organigramme passablement encombré. Dans de nombreuses régions, une flopée de départs a également été provoquée par le refus de certains directeurs de l'assurance-chômage d'être chapeautés par leurs anciens homologues de l'ANPE. Exemple : les deux tiers de l'état-major de l'Assedic de la région Aquitaine ont préféré tirer leur révérence plutôt que de passer sous les fourches Caudines des missi dominici de Christian Charpy.
Le gentil supplément versé aux partants (entre trois et sept mois de salaire, en plus des indemnités légales) a coûté 2 millions à l'Unedic. Cette ponction n'est certes pas négligeable. Mais elle s'éloigne un peu des chiffres mirobolants qui ont circulé parmi le personnel du Pôle Emploi à cause d'une fausse bonne idée de la direction... La plupart de ces ex-dirlos ayant dû s'inscrire au chômage auprès d'employés qu'auparavant ils dirigeaient, l'Unedic a, par pudeur, inventé un stratagème pour leur éviter de se trouver tout nus devant d'anciens subalternes. Dans leur dossier d'inscription, la somme qu'ils ont touchée n'a pas été mentionnée. À la place était indiqué un chiffre bidon de 999.999 € (net) dans la case «indemnités supra légales». Mais, cette fois, le parachute doré n'était que du plaqué.
(Source : Le Canard Enchaîné du 6 mai 2009)
NDLR : Deux petites choses nous chiffonnent...
1) Si le «chiffre bidon» était de 999.999 €, pourquoi l'excellent site La Fusion pour les Nuls a dénoncé la très exacte somme de 907.839,92 € en guise d'indemnités supra légales de licenciement versées, justement, à un ancien directeur Assedic de la région Aquitaine ?
2) Même s'il ne figure que dans «leur dossier d'inscription», ce bidonnage ne constitue-t-il pas un «faux et usage de faux» ? Un «faux» parce que la déclaration est mensongère ; un «usage de faux» parce que le document visant à obtenir des indemnités est truqué. Que diraient le fisc et l'Urssaf s'ils mettaient leur nez là-dedans, sachant que les indemnités transactionnelles sont, à partir d'un certain plafond, soumises à l'impôt sur le revenu et à cotisations sociales ?
Quoi qu'il en soit, ces méthodes nous laissent dubitatifs alors que la chasse aux allocataires de prestations sociales qui font de fausses déclarations, bidonnent ou omettent de signaler certaines informations est ouverte. «Selon que vous serez puissant ou misérable…»
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