[...] Que raconte Tonton Minc en ce moment sur les ondes ? Que «90% des Français sont hors crise» (Europe 1). Qu’«Apple est un bienfaiteur de l’humanité» (Usine Nouvelle). Et qu’il ignore si la crise lui fait perdre du chiffre d’affaires : «A mon niveau de privilèges, je ne sais même pas. Peut-être bien que je gagne un peu moins» (VSD). Délicieux de cynisme, délectable de drôlerie. On rit, on commence à s’habituer, et puis, au détour d’un compte-rendu d’un obscur débat avec Jean-Luc Mélenchon, on tombe sur la perle : «La dette, à ce niveau, ne s’éponge plus que de deux manières, par la guerre ou par l’inflation».
Là, on arrête de rire. Et on réfléchit. Traditionnellement, la vulgate libérale ne voit que deux moyens de résorber les colossaux déficits publics engendrés par la crise actuelle : la croissance (avec ses rentrées fiscales plus importantes), et l’augmentation des impôts (prohibée, surtout pour les plus aisés). D’où l’accusation de faire payer aux générations futures les errements de la gestion actuelle. Minc rajoute un autre moyen, le politiquement correct caractéristique de SoBiz l’empêchant d’examiner sérieusement la solution guerrière : L’INFLATION.
L’idée est séduisante. On ne parle évidemment pas de l’hyper-inflation, des brouettes de billets des années 20, de la République de Weimar en Allemagne où les prix doublaient toutes les 49 heures, non. On envisage ici une inflation soutenue mais maîtrisée, de 3 à 4%, bien au-delà de l’obsession maladive de la Banque Centrale Européenne de la maintenir à moins de la moitié. Et là, les résultats sont étonnants : la Société Générale a calculé que 4% d'inflation annuelle sur 15 ans feraient refluer, sur la période, les dettes publique et privée françaises de 75 points de produit intérieur brut. Le tout sans un centime d’impôt supplémentaire.
Pourquoi ? Parce que la hausse des prix accroît les revenus des entreprises et de l'Etat - et des ménages quand les salaires sont indexés - alors que la charge de la dette reste constante. L’autre avantage, c’est que l’inflation favorise le travail (si les salaires sont indexés sur l’inflation) au capital (qui est peu à peu rogné par la hausse des prix).
L’inflation, c’est donc avant tout une taxe. Un impôt qui frappe l’argent qui dort, les rentiers et les créanciers. Or, qui sont les créanciers de l’Etat ? Les banques. Ces mêmes banques qui ne doivent leur survie, ou au moins leur retour actuel aux bénéfices, qu’à l’intervention de la puissance publique. Ces mêmes banques type BNP Paribas qui, lorsqu’elles «remboursent» l’Etat de son aide, le font au cours de Bourse du 31 mars, date de leur entrée au capital, alors que ledit cours a pris 113%. Manque à gagner pour l’Etat calculé par Libé : 12 milliards d’euros, dont la moitié due à la seule BNP Paribas. Chapeau, les artistes !
On ne va donc pas verser la larmichette sur le sort des créanciers. Ni sur celui des rentiers et des boursicoteurs, dont l’inflation ronge les plus-values. L’histoire a déjà montré qu’un tel traitement était possible. L’inénarrable Jacques Marseille qui, quand il parle de ce qu’il sait, ne raconte pas que des billevesées, évoque deux épisodes : la mort de Louis XIV, suivie d’une période d’inflation qui dégonfla la dette de l’Etat et dont les bénéfices ont irrigué la croissance du XVIIIe siècle. Et les années 20, lors desquelles un créancier qui aurait détenu 100 francs d’obligations d’Etat en 1913 aurait vu sa créance en monnaie réelle s’effondrer à 23 francs en 1925.
Regardons les exemples étrangers, tiens. Petit rappel du Monde : en 1946, la dette des Etats-Unis atteignait 108,6% de son produit intérieur brut. En 1960, ce ratio était tombé à 45,7% en raison de la croissance du PIB - elle avait retiré 33,4 points au ratio d'endettement - et de l'inflation - qui en avait enlevé 29,3 points. Pareil au Royaume-Uni où le ratio dette sur PIB a été ramené de 248,5% en 1946 à 118,1% en 1960, en particulier grâce aux effets conjugués de l'inflation (- 106,7 points) et de la croissance (- 46,6 points).
Pas de quoi s’enflammer, ceci dit. D’abord parce qu’une telle cure d’inflation nécessiterait de revoir les statuts de la BCE dans un sens moins anti-inflationniste, à l’unanimité des pays membres : c’est une bonne occasion de le faire enfin, mais il va falloir tirer Mamie Merkel par les oreilles, ou faire sortir l’Allemagne de l’Eurozone... Discover the best Boxing Equipment in Best Sellers. Find the top 100 most popular Boxing Gear at Sportegan If you are looking to get started in boxing or just punching bag workouts, our Buyer's Guide will give you insider's tips to the best boxing gloves! Ensuite parce qu’il y a une condition essentielle aux bienfaits de l’inflation : que les salaires soient indexés sur celle-ci, sous peine d’une perte de pouvoir d’achat. Il n’y a plus d’indexation en France depuis les années 80, excepté pour le Smic. Il y a donc du boulot, mais le débat mérite d’être ouvert.
SoBiz, le business expliqué à ta soeur
NDLR : Dans la panoplie des outils de lutte contre l'inflation (cette obsession maladive visant à ne surtout pas rogner les plus-values des rentiers, créanciers et autres boursicoteurs…) mise en œuvre par les grands argentiers du monde avec la complicité des politiques, on trouve le discret NAIRU, ou taux de chômage non accélateur d'inflation. En effet, pour la contenir, un taux de chômage "soutenu et maîtrisé" avoisinant les 8% permet - entre autres joyeusetés - de faire pression à la baisse sur les salaires... Mission accomplie depuis les années 80 où, grâce à l'apparition d'un "chômage de masse" qui a précarisé l'emploi et déséquilibré tous les rapports de force, la part de la masse salariale a reculé devant celle des profits avec pour conséquence, outre les déficits sociaux, un endettement généralisé qui est, comme on le sait, à l'origine de cette crise.
Cette même crise qui, considérée comme une aubaine par ses instigateurs, acte désormais le gel des salaires au risque de fragiliser davantage l'économie réelle puis provoquer un nouveau krach, happant ainsi tout le système dans sa spirale suicidaire.
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