«J'ai démissionné mercredi de tous les mandats que le Medef m'a confiés, au premier chef la présidence de l'Apec» mais aussi «de l'Agirc, de l'Acoss, de l'Unedic, de la CNAV et de Pôle Emploi», a affirmé à la presse M. Verhaeghe, qui avait des mandats d'administrateur au nom du patronat dans tous ces organismes paritaires.
«Je suis en désaccord avec les orientations générales du Medef» qui n'a «pas mené sa rénovation intellectuelle à la suite de la crise de 2008», a souligné cet énarque de 42 ans, élu en juin 2009 pour deux ans à la tête de l'Apec.
Dans une première réaction, le Medef s'est borné à indiquer qu'il allait nommer à sa place Catherine Martin, directrice des relations sociales de l'organisation patronale.
La démission intervient au moment où l'Apec (900 salariés), créée en 1966 et financée aux deux-tiers par une cotisation obligatoire des cadres (0,06% du salaire), vit un tournant. Confrontée à une nouvelle concurrence, elle est sommée par Bruxelles de clarifier ses missions entre celles relevant du service public - au profit de ses cotisants - et ses activités commerciales pour lesquelles elle est en concurrence avec des sociétés d'intérim. Des négociations sont ouvertes entre les syndicats et le Medef sur l'avenir de l'organisme, la prochaine rencontre étant prévue le 10 février, les syndicats devant se revoir auparavant le 21 janvier.
«J'ai abondamment plaidé pour que l'Apec se mette à l'équerre avec le droit communautaire de concurrence, tout en gardant son dynamisme», a souligné M. Verhaeghe, sa suggestion revenant à filialiser les activités concurrentielles de l'organisme paritaire. «Ce projet n'a pas été retenu par le Medef» qui «a préféré proposer une transformation de l'Apec en satellite du service public de l'emploi», estime M. Verhaeghe. Se disant «désavoué», il en a «tiré toutes les conséquences».
Sursaut républicain
Mais ses critiques à l'encontre de l'organisation patronale — qu'il développe aussi dans l'ouvrage qu'il vient de publier, "Jusqu'ici tout va bien", aux éditions Jacob-Duvernet — vont plus loin. Il s'en prend en particulier à la thèse du Medef sur la nécessaire «baisse du coût du travail».
«Il est dangereux de répéter à l'envi que le coût du travail est trop élevé», ce qui aboutit à la «modération salariale» et à l'endettement «massif» des salariés et favorise socialement «l'extrémisme», selon lui. «Face à la crise, le monde patronal doit assumer ses responsabilités, prendre sa part d'effort et ne pas chercher à alléger au maximum son fardeau en le transférant sur la majorité laborieuse», affirme l'ex-membre du Medef.
Sur un plan moral, lance-t-il, «rien ne justifie que le remboursement de la dette soit assumé par les plus bas revenus» qui en «profitent le moins». Il appelle les élites à «ne pas se comporter comme une noblesse d'ancien régime» et les exhorte à «un sursaut républicain».
M. Verhaeghe, qui affirme avoir lui-même évolué sans ses positions au regard de la crise de 2008, s'est refusé de critiquer la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui fait un travail «compliqué», selon lui.
L'ex-patron de l'Apec va continuer sa fonction de directeur des affaires sociales de la Fédération française des sociétés d'assurance, qu'il occupe depuis 2007.
(Source : Les Echos)
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