Ces chiffres sont tirés du rapport de Michel Camdessus, ex gouverneur de la Banque de France et directeur général du FMI, nommé en 2009 contrôleur des rémunérations des professionnels de marché, qui a remis la semaine dernière son rapport à la ministre de l'Economie Christine Lagarde. Le document passe au crible l'enveloppe allouée à ses traders par les six établissements qui avaient reçu une aide du gouvernement au plus fort de la crise de 2008 via la Société de prise de participation de l'Etat (SPPE) : BNP-Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE, Crédit Mutuel et Dexia. Du fait de cette aide, elles s'étaient engagées à encadrer les rémunérations variables de leurs traders, engagement qui a fait l'objet d'un arrêté.
Concrètement, les nouvelles règles prévoient le versement d'au moins 40% des bonus, et jusqu'à au moins 60% pour les plus hautes rémunérations, de manière différée sur une durée minimale de trois ans. Elles prévoient également le versement de 50% de la rémunération variable sous forme d'actions ou d'instruments équivalents.
660 millions pour 400 "traders stars"
La nouvelle réglementation a permis de réduire de 20% les bonus versés l'année dernière par les banques, s'est félicité Monsieur Camdessus. Si l'on compare les 3 milliards distribués en 2009 à la somme dispensée en 2007 — année de référence plus «pertinente» selon Camdessus, car elle se situe avant la crise —, les bonus ont été rabotés de 800 millions d'euros. Trois milliards, c'est davantage qu'en 2008, une année «marquée par de très mauvais résultats pour les banques», mais en «diminution sensible par rapport à l'avant-crise», relève le contrôleur.
Si on étudie dans le détail la ventilation de l'enveloppe globale distribuée par les six établissements, on apprend que 660 millions sont allés dans les poches de 400 des 8.200 professionnels des marchés, soit le quart des bonus alloués.
Un milieu très viril
Le portrait-robot issu du rapport permet d'y voir un peu plus clair sur ces traders qui alimentent parfois tous les fantasmes.
L'âge moyen de ces salariés très bien payés, parfois mieux que leur patron, est de 41 ans. L'ancienneté moyenne dans leur établissement est de 9 ans. La proportion de femmes n'avoisine que 5% et aucune ne figure parmi les dix premiers bonus de chaque banque. Leur bonus n'est jamais inférieur à 100.000 euros mais peut aussi dépasser les 10 millions. Les bonus les plus élevés n'ont pas baissé par rapport à 2006 et 2007. Les bénéficiaires de ces largesses pécuniaires dépendent en majorité de la place financière de Paris (40%), puis arrivent Londres (26%) et New York (16%).
«Le retour aux pratiques antérieures demeure un risque»
Michel Camdessus prévient toutefois que «des progrès demeurent possibles et que le retour aux pratiques antérieures demeure un risque». Dans son rapport, il plaide pour une application «plus homogène» au «niveau international» des nouvelles normes. Il s'agit là d'une «condition préalable à un renforcement plus significatif des règles relatives à l'encadrement des rémunérations», ajoute-t-il.
La ministre de l'Economie, au nom de la présidence française du G20, reprend cette analyse à son compte, estimant que le groupe des principaux pays riches et émergents «doit définitivement tourner le dos aux pratiques antérieures en matière de bonus».
(Source : Le Parisien)
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