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Vacances : les inégalités persistent

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Près de la moitié des Français ne part pas en vacances. Or, ne pas partir contribue au sentiment de déclassement.

Selon la dernière enquête du Crédoc, 47% de la population française ne part pas en vacances (définition : passer, hors motifs professionnels, au moins 4 nuits consécutives hors du domicile au cours des 12 derniers mois). Après une baisse du taux de départ dans les années 1990, celui-ci reste relativement stable depuis 2006.



Qui ne part pas en vacances ?

• 59% des ouvriers ne partent pas contre 29% des cadres supérieurs.

• Seuls 35% des foyers aux revenus mensuels inférieurs à 900 euros sont partis en 2010, contre 78% de ceux qui disposent de plus de 3.100 euros.

• Les plus âgés quittent moins leur domicile : 33% des plus de 70 ans déclarent partir en vacances contre 65% des 18-24 ans.

• Plus on habite une petite commune, moins on part en vacances : 47% des personnes résidant dans une commune de moins de 2.000 habitants partent contre 70% des Parisiens et de son agglomération.

Pourquoi ne part-on pas en vacances ?

• 52% ne partent pas pour raisons financières. Un budget vacances peut représenter pour une famille plusieurs milliers d’euros : impossible pour la majorité des bas salaires.

• Au-delà des prix, les offres de transport et d’hébergement sont beaucoup moins adaptées pour les familles nombreuses ou monoparentales.

• Il est plus facile de partir quand on dispose d’un réseau : s’appuyer sur la famille ou des amis pour l’hébergement permet de réduire les coûts.

• Partir est une question d’âge et de génération. Même s’ils disposent de davantage de temps et que les séjours pour seniors se développent, il est plus difficile de partir pour les plus âgés, pour des raisons qui tiennent à leur niveau de vie ou leur état de santé, mais aussi au fait de ne pas en avoir eu l’habitude par le passé. Cependant, les jeunes seniors partent de plus en plus en vacances. C’est après 70 ans que le taux plafonne.

• A niveau de vie équivalent, partir est une question de milieu socio-culturel. Les vacances comportent une dose d’inconnu, renforcé quand il s’agit d’aller à l’étranger. Ce saut est beaucoup plus facile à faire quand on a vécu avec des parents qui partaient. Pour partir, il faut des points de repère (où aller, où se renseigner, que faire, etc.) plus ou moins bien maîtrisés selon les catégories sociales.

• D’autres raisons expliquent le non-départ : la maladie, le fait de changer d’emploi et de ne pas disposer de jours de congés, des difficultés familiales.

• 9% de la population dit avoir choisi de ne pas partir.

La crise économique a-t-elle un impact sur les départs en vacances ?

• La crise frappe surtout ceux qui ne partent pas, des jeunes non-qualifiés qui n’en n’ont de toutes façons pas les moyens... Mais 58% des partants disent qu’ils ont cherché à économiser sur leur budget vacances en 2010, contre 39% en 2009, selon le Crédoc.

• Pour ceux dont les revenus ont été touchés, le type de vacances évolue vers des formules moins onéreuses comme le camping, et moins longues, hors saison, ou dans la famille et chez des amis.

Partir ou pas, un marqueur social

• Partir aide à mieux vivre le quotidien : “Les vacances participent au bien-être de chaque jour. Découvrir de nouveaux horizons, rompre avec la monotonie de tous les jours, rencontrer de nouvelles personnes ou tout simplement se reposer dans un autre lieu, concourt à porter un regard plus positif à son retour sur son cadre de vie ordinaire”, note le Crédoc. Inversement, ceux qui ne partent pas ne disposent pas de cet échappatoire.

• Dans une société ou partir en congés est présenté comme une norme par les médias et la publicité, ne pas le faire contribue au sentiment de déclassement. 82% des Français qui ne partent pas en vacances se considèrent en bas de l’échelle sociale contre 59% de ceux qui partent : “A niveau de revenus équivalents, on se sent plus «riche» si l’on part en vacances”, indique le Crédoc.

Le «low cost» réduit-il les inégalités ?

• Prendre l’avion pour ses déplacements personnels ou professionnels est loin d’être une pratique démocratisée. La moitié des vols sont réalisés par les 2% des personnes les plus riches. En 2008, les 10% des habitants les plus riches ont fait en moyenne 1,3 voyage aérien, alors que jusqu’aux 50% les plus pauvres, le nombre moyen de vols est proche de zéro (moins de 0,2%, soit un voyage tous les 5 ans).

• Les vols charters existent de longue date et le «low cost» ne change pas fondamentalement la donne. Comme le dit le sociologue Bertrand Réau, “avec le low cost, ceux qui bougeaient déjà bougent encore plus. Les catégories les plus défavorisées ne partent pas davantage !” Il est toutefois possible que, progressivement, le public s’élargisse.

(Source : Observatoire des Inégalités)

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Mis à jour ( Vendredi, 08 Juillet 2011 17:58 )  

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