C’était pour le confort du président de la République. Et l’entourage de Nicolas Sarkozy n’a pas lésiné sur la dépense pour équiper le nouvel A330 présidentiel, livré en novembre 2010. Il a fait installer dans l’avion deux fours d’un prix de 75.000 euros pour griller – et pas seulement réchauffer comme c’est la norme - les aliments; il a fait désactiver une porte de l’appareil située dans le bureau présidentiel et installé une isolation phonique et thermique; enfin, des rideaux électriques ont été installés sur les hublots. Facture totale : 2,24 millions d’euros sans que l’Elysée cille.
«Si la motorisation des rideaux d’occultation se justifie par des exigences de sécurité, pour le reste, la Cour constate que la commande a été maintenue en l’état par l’état-major particulier malgré le montant des devis», s’émeut Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, dans son troisième rapport remis lundi 25 juillet au président de la République sur la gestion des services de l’Elysée. Toutefois, la Cour a trouvé de quoi se rassurer : l’aménagement de l’avion présidentiel, surnommé «Air Sarko One», a coûté au total 76 millions d’euros, un prix comparable aux sommes consacrées par l’Allemagne qui renouvelait au même moment sa flotte...
Un progrès de 1,4 million en deux ans
Le rapport de la Cour des comptes reflète le paradoxe de la gestion de l’Elysée : les progrès y sont notables, notamment en matière de procédures, mais certains détails restent édifiants. A un an de l’élection présidentielle, l’ancien socialiste Didier Migaud a salué «l’importance des progrès accomplis depuis 2008» et identifié quatre facteurs explicatifs : des procédures comptables rigoureuses et un contrôle de gestion ont été mises en place; l’Elysée a désormais recours à des appels d’offres; ses effectifs ont été réduits de 13%; le coût des voyages présidentiels à l’étrangers ont été resserrés.
De même, le budget d’achat de fleurs a été ramené de 297.000 à 251.000 euros en 2010. Les achats de journaux ont eux aussi légèrement baissé (de 391.000 à 383.000 euros). La Cour des comptes appelle l’Elysée à poursuivre ses efforts en la matière.
Toutefois, ce tableau mérite d’être nuancé. Les dépenses du «Château» sont stables, avec des dépenses annuelles passées de 113,6 à 112,2 millions d’euros entre 2008 et 2010. Les effectifs sont certes descendus de 1.031 agents fin 2008 à 904 fin 2010 tandis que le nombre de conseillers du président régressait de 82 à 46, mais les charges de personnel n’ont baissé que de 3%. Les dépenses de déplacement à l’étranger ont été réduites de 5%.
Voyage, voyage
Pour vanter la bonne gestion élyséenne, la Cour note que la délégation accompagnant M. Sarkozy à l’assemblée générale de l’ONU à New-York est passée de 132 à 76 personnes tandis que son coût baissait de 1,3 million à 780.000 euros. Les deux déplacements ne sont pas vraiment comparables : en 2010, M. Sarkozy a effectué une visite éclair d’un jour, le lundi, précédé d’un week-end privé tandis qu’il s’était éternisé à New-York en 2009, en pleine crise financière, du lundi au jeudi, y réalisant une émission télévisée en direct de Manhattan avant de filer au sommet du G20 de Pittsburgh, le jeudi et le vendredi.
Si les voyages de Nicolas Sarkozy à l’étranger reçoivent un satisfecit de la Cour des comptes, ce n’est pas le cas de ses déplacements en France. Notamment ceux de courte durée. Un déplacement d’une matinée en Haute-Marne a ainsi coûté près de 285.000 euros, en raison de l’aménagement d'une voie d’accès et de la location d’un chapiteau. Son déplacement à Colombey-les-deux Eglises pour célébrer les quarante ans du décès du général de Gaulle a coûté 284.000 euros. En septembre 2010, la visite de la grotte de Lascaux, en compagnie de Carla Bruni et de son fils Aurélien, a coûté 130.000 euros. Et encore, ces calculs n’intègrent pas le coût des nombreuses forces de sécurité mobilisées.
L’Elysée a fait des économies en supprimant la Garden Party du 14 juillet et les chasses présidentielles, mais l’arbre de Noël a coûté 350 euros pour chaque enfant, un prix jugé élevé par la Cour, même s’il a baissé d’un tiers.
(Source : Le Monde)
NDLR : Et pendant ce temps, 65% des demandes d'hébergement auprès du Samu Social sont rejetées et des milliers de personnes — dont des familles avec enfants — dorment dans la rue...
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