Le suspense aura duré plusieurs semaines. Xavier Bertrand a sonné la fin du feuilleton des RTT à l’hôpital lundi. Les quelques 2,1 millions de jours accumulés sur les comptes épargne-temps des praticiens hospitaliers pourront être convertis en épargne retraite, transformés en congés ou en espèces sonnantes et trébuchantes, a annoncé le ministre de la Santé. Un accord qui pourrait coûter très cher : à 300 euros la journée de RTT, si tous les praticiens optent pour le paiement de leurs jours, c’est près d’un demi milliard d’euros qu’il faudra débourser.
En se montrant si généreux — Xavier Bertrand a tout de même rappelé le côté théorique de cette somme, tous les médecins n’opteront pas pour la monétisation —, le gouvernement montre sa volonté de se réconcilier avec le corps médical hospitalier. Ou plutôt avec une partie du corps médical hospitalier...
Les négociations n’ont été menées qu’avec des interlocuteurs choisis. Ainsi, ni Avenir hospitalier, ni l’AMUF (Association des médecins urgentistes de France), ni la CGT n’ont été conviés au ministère de la Santé. «C’est un déni de démocratie», s’insurge Nicole Smolski, présidente du SNPhar, membre de l’intersyndicale Avenir hospitalier. «Nous avons pourtant recueilli 25% des voix des praticiens hospitaliers aux dernières élections professionnelles», poursuit la syndicaliste qui a adressé un courrier à Xavier Bertrand, François Fillon et Nicolas Sarkozy pour dénoncer la situation. «Le ministère de la Santé nous rétorque que c’est une question de représentativité et qu’une enquête va être lancée sur la représentativité. Ça n’avait jamais été demandé auparavant».
Autre persona non grata, Patrick Pelloux, le président de l'AMUF qui s'agace de cet «accord de dupes électoraliste». Outre l'épineux dossier des RTT, l'accord-cadre de lundi signe «la mise à mort du statut de praticien hospitalier» : temps de travail annualisé, contrats d’objectifs et même intéressement. «On est dans la logique de l'hôpital-entreprise», déplore l'urgentiste.
Plus grave encore : pendant que les médecins sont cajolés, les personnels soignants, qui accumulent comme les médecins fatigue et millions de jours de RTT, sont oubliés. «On ne joue pas dans la même cour que les médecins, qui ont audience et pour qui on débloque des fonds», déplore-t-on à Sud-Santé, soulignant le sentiment d'injustice ressenti par les infirmiers et aide-soignants. Pas sûr qu'à trois mois de l'élection présidentielle, le gouvernement soit très sensible à l'argument.
(Source : Marianne)
NDLR : A noter que le gouvernement accuse encore et toujours les 35 heures… mais pas sa RGPP, vaste plan social qui a décimé les effectifs de tous les services publics alors qu'il aurait fallu embaucher.
A noter que le problème des heures supplémentaires non payées et des RTT bloquées persiste dans la police.
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