Elles ont débuté leur vie professionnelle dans des usines textiles de la région creusotine. Puis ont été licenciées et accumulent les petits boulots : restauration, ménages… Aujourd’hui, elles se battent pour faire reconnaître leurs droits. Une audience du tribunal de Châlon opposera, le 22 mai, cinq femmes de chambre d’Écuisses à leur employeur. Elles ne seraient pas les seules concernées par les abus d’une famille de dirigeants peu scrupuleuse.
«On utilise des femmes de plus de 50 ans en situation de précarité, qui ne peuvent pas refuser de travailler et qui n’osent pas se défendre. Elles sont de la chair à canon pour ce type de prédateurs», condamne Pascal Guillemoz, secrétaire général du Syndicat libre des Chômeurs et Précaires du Creusot, qui accompagne depuis quelques mois cinq anciennes employées de la SARL CDS Net Hôtel Service, en liquidation judiciaire depuis fin 2011. Une entreprise spécialisée dans le nettoyage hôtelier et intervenant entre autres pour l’hôtel Formule 1 d’Écuisses, où ces employées étaient affectées.
Conditions de travail inadaptées
Non-paiement des salaires, non-respect des conventions collectives et irrégularité au regard des conditions de travail sont à l’origine de la démission de plusieurs de ces femmes de chambre qui ont d’abord saisi le conseil des Prud’hommes en vue d’une requalification en licenciement sans motif réel et sérieux.
«Je n’ai reçu ni bulletin de paie ni salaire depuis le 15 novembre et je suis en grande difficulté. Je ne peux même pas me faire indemniser de mon arrêt maladie d’une semaine», témoigne anonymement Mme N. qui a finalement quitté son poste le 16 février dernier. Employée sous le statut de travailleuse handicapée, Mme G., elle, s’est retrouvée face à des conditions de travail qui ne correspondait pas à ses capacités physiques, sans qu’aucune visite médicale n’ait été effectuée au préalable. «On n’avait qu’un quart d’heure pour faire une chambre alors qu’il en fallait 25. On travaillait de 9h à 14h30 sans pose», explique-t-elle.
Vendredi dernier, toutes ont décidé de déposer plainte individuellement devant le Tribunal de grande instance de Châlon, devant lequel l’affaire a été renvoyée en bloc. «Le syndicat porte plainte conjointement», informe Pascal Guillemoz, qui doit rendre ses conclusions avant demain en vue de l’audience qui aura lieu le 22 mai à 14 heures.
Vaste escroquerie ?
Une affaire qui n’est pas sans précédents puisque d’autres femmes de chambre avaient obtenu gain de cause en mars 2010 à Moulins (03) contre la société NCMS. Aux manettes de cette auto-entreprise, la mère de l’actuelle dirigeante de CDS Net Hôtel Service.
«Lors de la grève entamée en février 2010, l’auto-entreprise avait astucieusement changé son appellation en conservant les mêmes sigles, mais sous la forme d’une SARL au capital de 10 euros. Certaines personnes n’avaient pas été déclarées à l’Urssaf et à la CPAM», précise François Larrière-Seys, secrétaire de l’union locale CFDT de Moulins, qui met en relief une vaste escroquerie ayant touché de nombreuses autres personnes à Paray-le-Monial, Montceau, Bourges, Châteauroux mais aussi Chambéry et Annecy.
(Source : Le Journal de Saône & Loire)
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