Le puissant modèle allemand à l'origine de la crise en zone euro ? Dans un rapport publié mardi, l'Organisation internationale du travail (OIT) pointe du doigt la politique salariale du pays, selon elle "cause structurelle" de la crise dans la zone euro. Elle épingle notamment les réformes Hartz engagées entre 2003 et 2005 par le gouvernement du chancelier Gerhard Schröder, qui ont accéléré le placement des demandeurs d'emplois en raccourcissant les durées d'indemnisation et en créant des "jobs à 1 € de l'heure", soit bien en dessous de ce qui est prévu par les conventions collectives, avec pour conséquence un affaissement généralisé des salaires.
Ces réformes ainsi que les gains de compétitivité de l'économie allemande sont régulièrement présentés par Berlin comme un modèle à suivre par les autres pays. Un modèle allemand vanté ces dernières semaines par Nicolas Sarkozy. L'OIT y voit au contraire un frein à la croissance européenne : "Les coûts du travail allemands ont chuté depuis une décennie par rapport aux concurrents, mettant leur croissance sous pression, avec des conséquences néfastes pour la viabilité de leurs finances publiques".
"L'amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro", souligne l'institution onusienne basée à Genève. "Plus grave, les pays en crise n'ont pas pu utiliser la voie des exportations pour compenser la faiblesse de la demande domestique car leur industrie ne pouvait pas profiter d'une demande intérieure plus forte en Allemagne", note l'organisation qui vise à promouvoir le travail décent à travers le monde.
Course à la déflation salariale
Dans un contexte de chômage élevé, les réformes Schröder ont eu pour effet de réduire les revenus du bas de l'échelle, notamment dans les services où de nouveaux emplois, essentiellement à bas salaires, sont apparus. Mais dans le même temps, "peu de choses ont été faites pour améliorer la compétitivité par le biais d'une progression de la productivité".
Selon ce rapport, la politique de déflation salariale n'a pas seulement amputé la consommation, elle a aussi conduit à un accroissement des inégalités de revenus à une vitesse jamais vue, même durant le choc de l'après réunification, dénonce l'OIT en faisant référence à des données récentes de l'OCDE sur le sujet.
Au niveau européen, cela a créé les conditions d'un marasme économique prolongé, car les autres pays membres voient de plus en plus une politique de déflation des salaires toujours plus dure comme solution à leur manque de compétitivité, souligne le rapport. Des mesures d'autant plus critiquables qu'elles ont contribué à une hausse de l'emploi en 2006 à peine supérieure à celle de 1991.
L'OIT estime par ailleurs que la contribution de la déflation des salaires en Allemagne dans la création d'emplois dans ce pays n'est même "pas si claire". Selon l'organisation, les récents succès à l'exportation doivent peu à cette politique salariale et s'expliquent d'avantage par l'orientation géographique des exportateurs allemands vers les marchés émergents dynamiques.
(Source : TF1/LCI)
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