Dans un environnement encore incertain, certaines entreprises françaises préfèrent récompenser leurs actionnaires via des dividendes exceptionnels ou des rachats d'actions, un moyen d'utiliser des liquidités abondantes et de revaloriser leur titre en Bourse. Plusieurs grands groupes de la place parisienne ont annoncé coup sur coup de tels projets.
La maison de luxe Hermès va verser à ses actionnaires 7 euros par action, soit un dividende de 2 euros auquel s'ajoute un dividende exceptionnel de 5 euros. Le groupe publicitaire français Havas a annoncé, quant à lui, un programme de rachat d'actions pouvant aller jusqu'à 12% de son capital, pour un montant maximum d'environ 253 millions d'euros.
Apple, le porte-drapeau
Vivendi a, lui, préféré abaisser son dividende, mais offre une action gratuite par paquet de 30 actions détenues. De son côté, Wendel a décidé de proposer une action Legrand, groupe dans lequel il détient une part, pour 50 actions Wendel détenues à ses actionnaires. «On est dans une phase où les entreprises qui ont des liquidités préfèrent en rendre une partie à leurs actionnaires, dans un contexte économique incertain», observe Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.
«Cas emblématique», selon Franklin Pichard, directeur de Barclays Bourse, l'américain Apple, l'une des entreprises les plus riches au monde, a annoncé son intention de verser des dividendes à ses actionnaires pour la première fois depuis 1995.
En France, de nombreux grands groupes français n'ont pas hésité depuis la crise financière de 2008 à assainir leurs bilans, une situation qui se traduit désormais par des comptes plus sains et parfois par la possession d'un trésor de guerre. Mourier rappelle en outre que les entreprises rechignent à placer leur argent sur le marché monétaire où les taux de rémunération sont très bas, dans un contexte où les banques centrales ont inondé de liquidités le système financier.
Objectif : rassurer les actionnaires
Toutefois, la récompense des actionnaires «n'est pas généralisée à tous les secteurs», prévient Guillaume Garabédian, gérant chez Meeschaert Gestion Privée. Par exemple, dans le secteur bancaire, l'heure est surtout à la préservation des marges dans la perspective d'une nouvelle réglementation, explique le gérant. Néanmoins, certains groupes et notamment les plus ancrées à l'international sont tentés de choyer leurs actionnaires. Au total, «il y a un besoin de récompenser et de rassurer les actionnaires», explique Pichard.
Le parcours boursier, parfois poussif pour certains titres ces derniers mois, est parfois considéré par les entreprises comme déconnecté de leur performance financière. Par exemple, Havas justifie son opération par un «décalage entre les performances opérationnelles et financières du groupe et sa valorisation boursière», plus faible que les autres sociétés du secteur. «Les cours reflètent pour l'heure des résultats qui sont plutôt bons, mais également la crainte qu'il ne reste pas aussi solide compte tenu d'un possible ralentissement de l'économie», indique Garabédian.
En outre, verser de l'argent aux actionnaires peut se faire en parallèle à des stratégies d'acquisitions, en tout cas pour des cibles de taille raisonnables, estiment les analystes, même si sur cet aspect-là l'attentiste domine encore au sein des entreprises. «Les grandes entreprises peuvent obtenir des fonds dans de bonnes conditions directement sur le marché obligataire, si besoin», tout en préservant en partie leur trésorerie, rappelle Pichard.
(Source : 20 minutes)
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