Nous l'avions plus d'une fois noté : le programme de l'UMP était celui du Medef, et les désaccords parfois affichés ne servaient qu'à amuser la galerie.
Maintenant que Nicolas Sarkozy arrondit ses fins de mois autrement et que François Hollande a repris le flambeau, pour le patronat, imposer ses desiderata semble moins aisé (quoique !) tandis que l'UMP songe à descendre dans la rue...
C'est pourquoi certains usent de moyens inédits tandis que d'autres s'en remettent à la presse de droite, comme Carlos Ghosn dans Le Figaro le mois dernier [1] ou, ce week-end, une brochette de 98 PDG appelant, dans le Journal du Dimanche [2], à «baisser le coût du travail» — alors qu'eux-mêmes perçoivent de très hauts salaires — et à «rendre l'Etat plus économe» — alors que l'Etat offre chaque année aux entreprises, essentiellement les plus grandes, plus de 170 milliards de cadeaux par an soit 9% du PIB [3], accordés sans contrepartie notable sur l'investissement et l'emploi, entre niches fiscales, sociales et autres «dispositifs dérogatoires».
Mais cela ne suffit pas : il leur faut 30 milliards de plus !
L'UMP avait l'habitude de pointer l'«assistanat» des plus pauvres, allant jusqu'à le qualifier de «cancer de la société». Pourtant en France, l'assistanat des patrons — qui font la pluie et le beau temps de l'emploi — est autrement scandaleux… mais traité avec discrétion. Même chose pour le «coût du travail» : celui du PDG et de l'actionnaire va de soi… mais pas celui du Smicard qui n'a aucun "mérite".
Quant à l'argument de la «compétitivité» — qui mise sur l'export au détriment de la demande intérieure donc du bien-être des citoyens, comme on le voit en Allemagne [4] —, il se place dans une logique de mondialisation "heureuse" où règnent dumping fiscal et moins-disant social. Il est dans l'ordre des choses que les salariés des pays dits "développés" s'appauvrissent désormais au bénéfice de ceux des pays "émergents" (en réalité, au bénéfice des multinationales et des «1%» les plus riches de la planète). Il est dans l'ordre des choses qu'on démantèle nos acquis autrefois arrachés de haute lutte. Le temps que les peuples exploités des pays "émergents" réagissent et atteignent à leur tour par leurs luttes le niveau de justice sociale que nous avions obtenu jusqu'aux années 90 et qui s'est dissolu par manque de vigilance, les rapaces qui nous dominent ont encore de la marge !
A l'échelle de la France, l'Afep et le Medef poursuivent leur travail d'intimidation afin d'asseoir leur domination. Tant pis si les citoyens français ne peuvent plus consommer, doivent peu à peu renoncer à leur protection sociale et à une vie décente : le monde est vaste et les profits seront faits ailleurs ! Les Français s'en doutent bien, eux qui ont une très mauvaise opinion des grands patrons.
Qu'à cela ne tienne : le gouvernement a déjà cédé aux «pigeons». Et, malgré ses allégations, il cèdera certainement sur la ristourne supplémentaire de 30 milliards sur les cotisations patronales demandée par nos gros poissons. Verdict dans quelques semaines...
SH
[1] Le patron de Renault, qui a gagné 10 millions d'euros l'année dernière, pointait «un problème de coût du travail», selon lui trop élevé, et appelait le gouvernement à davantage de «flexibilité» pour une meilleure «compétitivité»...
[2] La semaine dernière, le JDD s'est également distingué en publiant une chronique du journaliste Axel de Tarlé sur la trop grande générosité de la France en matière d'indemnisation du chômage...
[3] Ces 172 milliards englobent les 30 milliards d'euros d'exonérations de cotisations patronales accordées aux employeurs, notamment sur les bas salaires. Des allègements, assumés par l'Etat et la Sécu, qui ont connu une progression de près de 60% en dix ans.
[4] L'Allemagne compte 16% de pauvres et 25% de travailleurs pauvres ou précaires. Même ses retraités sombrent dans la misère et l'espérance de vie sans incapacité a chuté, passant en dix ans de 60 ans à 56,7 ans pour les hommes et de 64,3 à 57,7 ans pour les femmes.
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Commentaires
Cette rengaine de la "compétitivité", toujours basée sur le coût du travail et pas sur le reste de ce qui fait la dite compétitivité. Quid de l'innovation de la RD, de la qualité des produits, du prix de la monnaie ou même de l'explosion des taux de profits qui plombent cette compétitivité ?
Le coup d'enfumage permanent de la notion de "charges" (dont ces messieurs ne précisent jamais de quoi il s'agit ni à quoi cela sert) est toujours aussi comique, surtout lorsque le discours est celui des patrons du CAC 40, qui bénéficient déjà d'énormes exonérations de toutes sortent et notamment sur les cotisations sociales sur les bas salaires, démontre que le slogan " la prospérité dans la précarité" a de beaux jours devant lui…Le mimétisme Allemand ? Répondre | Répondre avec citation |
Vous avez bien lu ce n'est pas une erreur, le SMIC devient le salaire maximum en France pour bon nombre de salariés et ils sont toujours de plus en plus nombreux d'années en années à être rémunérés ce salaire, quelque soit leur emploi.
L'âpreté au gain est telle parmi les possédants ultra-richissimes qu'ils anticipent déjà en se disant que payer tout le monde au SMIC c'est encore trop.
Vous avez compris ce que sera leur prochaine revendication quand ils auront obtenu que les salariés payent totalement les cotisations sociales (et que donc les patrons ne les paieront plus).
Leur objectif: que le salaire moyen français soit le même que celui d'un salarié chinois sans salaire différé (plus aucune protection sociale si tu ne la paies pas au prix du marché) Répondre | Répondre avec citation |
En Europe, la Grèce est le laboratoire. Voyez aussi aux Etats-Unis :
www.la-bas.org/mot.php3?id_mot=262 Répondre | Répondre avec citation |
1 ou deux euros par demandeurs d'emploi, permettrait une campagne média…A partir de quand on se mobilise, c'est hélas la grande question, car individuellemen t on est tout petit… Répondre | Répondre avec citation |
Ha Ha ! la bonne blague !
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2012/2012-654-dc/communique-de-presse.115454.html
Et la misère, est-elle anticonstitutio nnelle ? Répondre | Répondre avec citation |