Fin 2010, les actifs financiers détenus par des particuliers fortunés et leurs familles, dissimulés dans des paradis fiscaux, atteignaient entre 21.000 et 32.000 milliards de dollars (entre 17.000 et 25.500 milliards d'euros), selon une étude publiée dimanche par le groupe de pression Tax Justice Network. «Cela représente le poids cumulé des économies des Etats-Unis et du Japon», souligne l'organisation non-gouvernementale.
L'étude, qui ne prend pas en compte des actifs non financiers comme les biens immobiliers, les yachts, les œuvres d'art ou l'or, estime à 280 milliards de dollars (225 milliards d'euros) le manque à gagner pour les États en termes de recettes fiscales, dans l'hypothèse où ces sommes rapporteraient un «modeste» rendement de 3% par an et si un prélèvement de 30% leur était appliqué. «Mettons que cette fortune ne rapporte que 10% en moyenne, soit 2.500 milliards, pour des contribuables qui devraient être taxés au minimum à hauteur de la moitié de leurs revenus. Cela ferait 1.200 milliards de recettes fiscales en plus dans le monde. Nul doute que chaque pays saurait quoi en faire…», juge pour sa part Christian Chavagneux.
Les “0,15%”
La recherche menée par James S. Henry, ancien économiste en chef pour le cabinet McKinsey, s'est basée sur des chiffres de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, des Nations unies et des banques centrales. Selon ces données, la moitié de cette fortune offshore serait détenue par 91.000 personnes, soit 0,001% de la population mondiale, et l'autre moitié par 8,4 millions d'individus (0,14%). Une élite dont le patrimoine, échappant pour partie à l'impôt, croît beaucoup plus rapidement que celui du commun des mortels.
James Henry a qualifié d’«énorme trou noir dans l'économie mondiale» ces fortunes personnelles détenues dans ces paradis par une minuscule «poignée de gens riches» qui échappe à tout contrôle en se soustrayant aux législations nationales, «à un moment où les gouvernements à travers le monde manquent de ressources» et que «les dettes sont supportées par les peuples».
(Source : L'Expansion)
NDLR : Et il ne s'agit que des actifs financiers des particuliers ! Si l'on rajoute les actifs dissimulés des multinationales, hélas non chiffrés mais qui pèsent certainement le double — récemment, le journaliste Antoine Peillon avait estimé à 600 milliards d'euros l'ensemble des avoirs français dissimulés dans des paradis fiscaux, dont 220 milliards appartiennent aux Français les plus riches et le reste étant le fait des entreprises —, le "trou noir" n'est plus "énorme" mais colossal.
Il existe actuellement entre 45 et 60 paradis fiscaux actifs dans le monde qui abritent quelque 2 millions d'entreprises offshore appelées IBC (pour "international business companies"), terme utilisé pour désigner un ensemble ahurissant de sociétés pour la plupart extrêmement opaques, et d'innombrables trusts, fonds d'investissement, fonds spéculatifs et compagnies d'assurances "captives"... Optimisation fiscale et blanchiment d'argent s'y opèrent avec la complicité des banques au détriment de l'économie réelle et de la collectivité toute entière, à qui on demande constamment de se serrer la ceinture !
Mais, comme le dit notre ami Slovar, il est tellement plus facile de s'en prendre aux salariés qu'aux paradis fiscaux, hein ?
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