Mercredi, Marianne a déniché le détail qui tue dans Le Figaro — journal qui, pourtant, fait partie de ces «purs esprits» affirmant à l'envi que le matraquage fiscal infligé aux riches par "la gauche" se traduit par un exil massif des plus fortunés à l'étranger (Belgique, Suisse, Royaume-Uni, USA…).
«Bercy a recensé 250 déclarations d’exit tax entre mars 2011 et décembre 2012», annonçait le quotidien de Serge Dassault, mars 2011 correspondant à l'entrée en vigueur, sous le gouvernement Fillon, de ce nouvel impôt qui oblige les ménages détenant plus de 1,3 million d'euros en actions et décidant de déménager hors de France à payer une taxe sur les plus-values latentes liées à leurs actions. Bénéfice récolté pour l'instant par le fisc : 42 petits millions, soit en moyenne 168.000 € par tête de pipe. «Les fuites recensées par l'exit tax sont plutôt des données minimales», conclut bien évidemment Le Figaro. Pour Marianne, c'est au contraire «un indicateur fiable pour mesurer ceux qui, parmi les plus riches contribuables, choisissent de partir».
Donc «la fuite, l’exil, que dis-je, l’exode fiscal dont on nous a rebattu les oreilles pendant des mois se résume au départ de 250 personnes» et des brouettes, constate Laurent Neumann qui détaille leur répartition. Et là, crise de rire : «Depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, il y a plutôt moins de candidats à l’exil fiscal que sous Nicolas Sarkozy — et ce, malgré tous les cadeaux fiscaux que ce dernier avait consenti à nos compatriotes les plus riches. Bref, le grand exode fiscal des riches, c’était bidon !»
Le Monde confirme, taclant les excès médiatiques sur le phénomène, et relativise, élargissant le constat aux redevables de l'ISF (entre 600 et 850 départs par an) puis aux retours de contribuables "exilés" (270 par an en moyenne), des chiffres qui restent stables. Cependant, parmi ces mouvements, aucune distinction n'est faite sur leurs motivations : il est facile, par idéologie, de mettre tout le monde dans le même sac en prétendant que les gens qui quittent la France le font pour des raisons purement fiscales alors que nombre d'entre eux s'en vont notamment pour des raisons professionnelles. De même, il serait intéressant de comparer le volume de ces "exils" de Français avec celui des exilés d'autres pays riches qui s'installent sur notre territoire, comme les Belges ou les Britanniques...
Et Samuel Laurent de rappeler que la France abrite un nombre considérable de millionnaires (1er rang européen devant l'Allemagne ou le Royaume-Uni, 3e rang mondial derrière les Etats-Unis et le Japon). Ces 2,6 millions de nantis qui échappent à la crise — tandis qu'au bas mot 15 millions de salariés et de chômeurs en paient le prix fort — ne semblent pas se plaindre du traitement qu'on leur inflige...
SH
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