Le nombre de pauvres a baissé de 60% en trente ans grâce aux aides sociales : sans elles, le taux des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dépasserait les 13%. Mais pour les associations sur le terrain, le recul statistique masque une réalité plus complexe. Elles décrivent le fort développement de la précarité, antichambre de la misère, qui touche de plus en plus de jeunes et de personnes intégrées dans le monde du travail. Selon l'Observatoire National de la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale (Onpes), il y a environ un million de «travailleurs pauvres» en France. De son côté, Emmaüs relevait, dans une enquête menée en janvier, que 8,5% des personnes hébergées dans ses centres d'urgences avaient un contrat de travail. La pauvreté touche désormais davantage les actifs que les retraités.
Par ailleurs, dans son rapport 2005, la Fondation Abbé Pierre estime à 3 millions le nombre de personnes en situation de «mal-logement», qui est un véritable handicap pour le retour à l’emploi. «La rue est en train de se modifier profondément depuis quelques années : on voit, en même temps, de plus en plus de jeunes, de plus en plus de travailleurs, de femmes, et de personnes âgées», explique Patrick Rouyer, directeur des missions sociales d'Emmaüs.
"On a mis en place le RMI, voté une loi contre les exclusions, installé une couverture maladie universelle (CMU), mais ces dispositifs n'ont pas enrayé le processus de précarité et disqualification sociale", souligne le sociologue Serge Paugam.
Rassemblements, conférences de presse, témoignages... Des manifestations sont prévues dans toute la France aujourd'hui, Journée mondiale du refus de la misère, pour sensibiliser l'opinion publique sur la pauvreté. L'initiative du 17 octobre a été prise en 1987 par le père Joseph Wresinski, fondateur d'ATD Quart-Monde, et depuis 1992 a été déclarée «Journée Mondiale» par l'ONU. Pour cette année, l'actuel président d'ATD Quart-Monde, Pierre Saglio, rappelait ce matin sur France Inter que «la précarité gagne du terrain : un certain nombre de gens, bien qu'ils aient un travail, n'ont pas les ressources suffisantes pour sortir de la pauvreté». Il a ensuite appelé l'Etat à «passer des contrats avec les élus, les syndicats, tous les acteurs concernés, pour dire que dans 3 ans, dans 5 ans, dans un délai qu'on se fixe, on arrive enfin à ce que, dans nos communes, plus personnes ne soit obligé de vivre dans la rue».
(1) Revenu médian => revenu qui partage la population en deux : la moitié gagne plus, l’autre moitié gagne moins. Son montant reste flou : le seuil de pauvreté en France est évalué entre 602 et 650 euros pour une personne seule. Cela induit un revenu médian entre 1.204 et 1.300 euros, alors que des annonces récentes l'établissaient à 1.400 euros.
Ne pas confondre non plus salaire et revenu (salaire + allocations, primes, avantages en nature, pensions, intérêts, rentes, etc).
De même, le revenu moyen est la moyenne de l'ensemble des revenus.
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