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Accueil Nos actions et engagements La France regrette-t-elle son roi ?

La France regrette-t-elle son roi ?

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Les rapports France-USA sont régulièrement antagonistes : en bons frères ennemis, chacun attend l'autre au tournant pour mieux le moucher. Hier, c'était la France qui s'opposait à la guerre en Irak. Aujourd'hui, face à la crise politique engendrée par Dominique de Villepin, The Wall Street Journal titre sur "le déclin de la France" (tandis que l'actrice Sharon Stone soutient les opposants au CPE… lire en commentaires).

Il se trouve qu'on m'a prêté le dyptique du journaliste américain Ted Stanger : Sacrés Français ! Un Américain nous regarde et Sacrés Américains ! Nous, les Yankees, on est comme ça (Ed. Michalon) que j'ai dévorés en un temps record. Cet homme sympathique, souvent invité à la télévision, est originaire de l'Amérique profonde - Columbus, dans l'Ohio - mais depuis une dizaine d'années, il a choisi de vivre à Paris. Il semble donc honnêtement placé pour nous comparer...

J'ai d'abord attaqué son volet "yankee". Il faut dire que le regard qu'il porte sur ses congénères est désopilant, limite caricatural : il a flatté mon anti-américanisme primaire et, tout au long de sa lecture, je me suis sentie fière d'être Française !

Puis, stimulée, je suis passée au volet "french". Et là, force est de dire qu'il a souvent raison.
J'ai relevé des critiques pertinentes sur notre vie politique :
• malgré toute une pléthore de partis, comment parler de démocratie quand nos dirigeants sont toujours les mêmes depuis des lustres et cumulent outrageusement plusieurs mandats ?
• que penser du financement public de nos partis politiques, dont les dérives sont fréquentes ?
Ted Stanger fustige en passant nos journalistes qui le surprennent par leur incroyable "mollesse" et qu'il soupçonne d'être à la solde du pouvoir...
Il pointe également nos hypocrisies, grandes et petites :
• républicaines, quand "liberté, égalité, fraternité" ne sont plus que des mots en l'air, ou quand les statistiques d'ordre ethnique sont interdites au nom de la laïcité…
• comportementales, quand nous refusons de parler d'argent et pratiquons une omerta bien de chez nous sur des tas de sujets "tabous"…
Il relève notre fâcheuse tendance à donner aussi des leçons alors qu'en grattant un peu, nous ne sommes pas mieux que les autres : ce qui est encore vrai, faut le reconnaître.

Bien sûr, son discours sur la mondialisation (nous crachons sur elle alors qu'elle nous enrichit, dit-il : mais il oublie de préciser qu'elle n'enrichit pas tout le monde) et sur les 35 heures est tronqué. De même, en bon ricain, il estime forcément que notre "état-providence" est source d'assistanat, et clame un peu trop à mon goût que les chômeurs sont des fainéants...
Comme dans son volet "yankee", il flirte souvent avec la caricature (les Français au volant, l'attente aux caisses…), ce qui nuit parfois à la lucidité du propos.

Pourtant, quand Ted Stanger se demande à juste titre si nous ne sommes pas, finalement, secrètement attachés à notre Roi autrefois guillotiné, il a encore raison : nous évoluons désormais dans une république bananière qui n'est qu'une monarchie déguisée, et que nous tolérons !

Alors, quand le quotidien britannique Times se demande "Qui peut encore oser essayer de réformer la France ?" et que, vue d'outre-Manche, la mobilisation anti-CPE suscite "des sourires entendus", se repose l'éternelle question du "déclin" de notre pays et de son "modèle social"... Nos dirigeants politiques - des cumulards carriéristes, nantis et politiquement lâches (ou opportunistes), qu'ils soient de droite ou de gauche - lorgnent vers la Grande-Bretagne ou le Danemark en quête d'un nouveau "modèle" à vendre, plus exotique que le nôtre, alors que nous avons de l'or entre les mains et que ce sont eux qui, dénués de tout projet porteur car accrochés à leur pouvoir et à leurs privilèges tels des morpions à un poil de c.., pourrissent la France.
J'en veux pour preuve les récents constats éclairés de politologues (lire en commentaires) sur les méthodes de notre actuel gouvernement : comment faire passer une réforme sans concertation aucune, et à grand renfort de mensonges ? Les Français ne sont pas si cons, tout de même, et le respect est une relation symétrique. Et hier soir, sur France 2, le magazine "Un œil sur la planète" traitait de cet eldorado qu'est devenu le Canada : mais quand son gouvernement a décidé de réduire sa dette publique à la fin des années 90, il a commencé d'abord par geler ses propres salaires et pratiquer la transparence sur son budget et ses frais. Est-ce que le gouvernement français serait prêt à donner l'exemple ? Quand on voit que le budget de l'Elysée est presque trois fois supérieur aux chiffres officiels (lire en commentaires) on n'y croit pas, et l'invité de clôture Jean-Pierre Raffarin - fan du Canada… comme Juppé ? - pratiquait allègrement la langue de bois devant cette évidence dont il a lui-même bien profité.

Il est clair que ces Français qui martèlent que "la France est impossible à réformer" sont bien ceux qui n'accepteraient pas qu'une réforme les atteigne personnellement : la précarité et les sacrifices, c'est pour la plèbe, pas pour les monarques ! Alors, s'il faut réformer quelque chose, c'est bien nos institutions : question de couper quelques têtes, mais dans la paix, la justice, et la sérénité.

Sophie Hancart

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Mis à jour ( Mardi, 21 Mars 2006 22:03 )  

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