La position de Gérard Filoche au sein d'un Parti socialiste, sorte d'UMP-bis qui n'est que l'ombre de lui-même, paraît intenable au regard de son engagement et de la pertinence des luttes qu'il mène.
Peut-être croit-il naïvement y trouver les moyens logistiques propres aux grands partis à même de permettre la mise en œuvre de réformes qui rééquilibreraient la situation sociale et économique du pays. Pourtant, force est de reconnaître que, depuis des années, son «influence» en ce sens relève de la chimère et révèle — encore — ce gouffre séparant la base des élites.
Mais Gérard Filoche a-t-il le choix et pourquoi s'en irait-il de ce parti dont il est, avec d'autres, un authentique représentant, c'est-à-dire le tenant d'une politique faite de progressisme, d'équité et de partage ? Car, historiquement, si les grandes avancées sociales sont le fruit des luttes populaires et de l'action militante, c'est aussi par le truchement de ce parti que nombre de revendications se sont concrétisées en droits.
Malgré toute cette pourriture qui s'y répand, malgré la prolifération de ces intrigants carriéristes issus, presque toujours, des milieux les plus favorisés, malgré l'infiltration profonde de l'idéologie ultra-libérale, n'est-il pas de son devoir de rester au PS ? Ne rappelle-t-il pas ainsi qu'il y a un vrai et un faux Parti Socialiste ?
Cerné avec d'autres irréductibles par des traîtres, Gérard Filoche n'est-il pas un vrai patriote, un résistant, en tenant sa position, en refusant de leur «laisser les clés» de cette maison PS qui n'est pas celle des laquais du grand patronat et de la finance ?
Les exclus, considérés comme des citoyens de seconde catégorie, sur qui s'est faite l'expérimentation du recul social, et maintenant la classe moyenne qui commence à son tour à y goûter, ne sont-ils pas dans la même position que Gérard Filoche en ce sens qu'on nous pousse tout autant à abandonner le peu de terrain dont on dispose (cette capacité de nous saisir intellectuellement des questions publiques dans un environnement vicié), à abdiquer notre responsabilité en affirmant que ce pays nous a trahi et qu'à ce titre il n'est plus le nôtre ?
Chacun déserte ainsi l'espace politique pour ne plus chercher à comprendre, se réfugiant dans des automatismes de pensée entretenus par les médias de marché et s'accrochant aux espoirs d'alternative (partis politiques, modes de vie alternatifs…). Pourtant, il n'existe aucune raison à cette résignation ou ce repli sur soi, à ce que l'on se mette de notre plein gré à l'écart et ainsi laisser le champ libre aux usurpateurs. Car ce terrain que l'on nous pousse à abandonner, il est, sur le modèle du système d'expropriation orchestrée par les grands propriétaires, les industriels et les spéculateurs, immédiatement occupé et mis à profit pour qu'on en lâche toujours plus et renforcer la cash machine. Mais cette terre et ce pays sont notre héritage et il convient d'y revendiquer nos droits face à ceux qui veulent s'en accaparer les fruits pour eux seuls.
Qu'en retenir si ce n'est que la course actuelle des affaires de l'Etat n'a rien de normal, que le fonctionnement dévoyé des institutions n'a rien de légitime, que les individus n'ont pas à être en proie à ce doute permanent sur les décisions et les directions à prendre dont ils laissent finalement la souveraineté entre les mains de leurs bourreaux, qu'ils doivent exhumer eux-mêmes, en les revendiquant, les grands principes fondamentaux, affirmer la nécessité de bonnes institutions, c'est-à-dire des structures au service du peuple, au service de tous.
Perdu au milieu d'un parti gangrené et derrière un certain aveuglement, Gérard Filoche a pourtant raison : cet Etat, c'est le nôtre; il nous appartient de nous y enraciner plus profondément et de nous le réapproprier.
MacG
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