Imaginez-vous que nous sollicitons l’entourage de Ségolène Royal (son secrétariat, son service de presse, ses porte-parole : Julien Dray et Arnaud Montebourg que nous avons tous deux déjà interviewés) depuis le 5 juillet 2006, très exactement. Cela fait donc plus de 6 mois ! Six mois, 180 jours, et pas l’ombre d’une réponse ! Imaginez-vous le temps que nous avons investi dans ces démarches (comme si, nous autres chômeuses et chômeurs, n’avions que ça à faire…), tous ces mails restés sans réponse, ces relances improductives, ces coups de téléphone… toute cette énergie dépensée en pure perte.
La présence des caméras dicterait-elle la conduite de la candidate socialiste ?
Sans doute avons-nous eu la naïveté de prendre au pied de la lettre la volonté de la candidate socialiste d’appuyer sa campagne électorale sur le principe de démocratie participative, à la rencontre des Françaises et des Français, à l’écoute de leurs préoccupations. Certes, argumenterez-vous, madame Royal est très accaparée et ne peut répondre à toutes les sollicitations. Nous en convenons évidemment, mais son emploi du temps surbooké ne l’a pas empêché de s’intéresser de près au «Pacte écologique» de Nicolas Hulot et de le signer aussi sec (un empressement qui nous laisse dubitatifs. Lire notre article : La signature du «Pacte écologique» est une fumisterie !) ou d’avoir plusieurs entretiens avec les responsables des Enfants de Don Quichotte sur le sujet des sans-abri, deux initiatives fortement médiatisées ces dernières semaines, il est vrai. La présence des caméras dicterait-elle la conduite de la candidate socialiste ? Allons, voilà une supposition mesquine ! Non, madame Royal et son staff de campagne n’ont tout simplement pas trouvé un seul créneau horaire à nous accorder, c’est tout.
Une lueur d’espoir le 15 décembre dernier… vite éteinte !
Pourtant, à un moment, nous avons presque touché au but. Alors que nous sortions de notre entretien avec François Bayrou le 15 décembre dernier, une de ses attachées de presse nous demandait de bien vouloir lui transmettre par mail le cadre technique et éditorial de l’interview que nous espérions obtenir. Chose que nous fîmes dans l’heure qui suivit, vu que nous avions déjà expédié ces informations à quatre ou cinq reprises auparavant. Un simple copier/coller suffisait à y pourvoir. Mais, depuis plus de trois semaines, pas de nouvelles, pas l’ombre d’un accusé réception… Vexant, non ? Horripilant vous voulez dire !
Une petite association de chômeurs qui s’investit sur des thèmes anodins
Certes, nous ne bénéficions pas de la notoriété de Nicolas Hulot et de la médiatisation de l’action des Enfants de Don Quichotte. Nous ne sommes que les représentants d’une petite association de chômeurs et de précaires qui s’investit sur des thèmes assez anodins en définitive : La précarité professionnelle, l’exclusion sociale, les discriminations à l’embauche, la vérité sur les chiffres du chômage, la redynamisation du dialogue social, la démocratisation du syndicalisme, la représentation des chômeurs et des précaires et, plus largement, la rénovation de nos pratiques démocratiques.
Qui sommes-nous ? Que représentons-nous ?
Mais concrètement, qu’avons-nous entrepris depuis trois ans ? Pas grand-chose, mis à part : le lancement de trois sites d’information et d’échange qui réunissent plus de 6.000 visites par jour, 200.000 visites par mois (dont l’un bénéficiera du soutien de la Région Île-de-France à partir de février 2007) – Quelques procès engagés contre les discriminations à l’embauche (le premier se déroulera le 13 février prochain à Lyon), initiés avec le soutien de la HALDE (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) – Un gros travail de sensibilisation de l’opinion publique et des médias sur le chômage des «Seniors» qui touche des centaines de milliers de nos concitoyens (notamment les 400.000 dispensés de recherche d’emploi – DRE –, ces chômeurs âgés de plus de 57 ans) – La défense des droits du travail, en collaboration avec un représentant du Syndicat national CFTC Travail/Emploi/Formation – Notre participation active au Comité secteur social de l’Odissée (Organisation du dialogue et de l'intelligence sociale dans la société et l'entreprise), initiative pilotée par Jean-Pierre Revoil, Directeur général de l’UNEDIC – Notre implication dans les réunions et les travaux de la C6R Paris (Convention pour la 6e République, initiée par Arnaud Montebourg)… Est-il vraiment nécessaire de poursuivre ce déballage ?
Sur quoi s’appuie notre «légitimité» ?
Oui ! Nous pensons qu’il est nécessaire de rappeler à Ségolène Royal et à son entourage qu’Actuchomage est aujourd’hui la principale base de données disponible sur Internet, sur les sujets de l’emploi et du chômage. Nous pensons aussi qu’il est utile d’évoquer nos implications passées (sur les terrains militant, politique, juridique et médiatique) en faveur des «Recalculés de l’Assédic» (en 2003/2004), en faveur du «Non» au projet de Constitution européenne (2005), et contre le CPE (2006). Autant d’engagements sur lesquels nous avons été très actifs et qui nous ont valu la «reconnaissance» et «l’adhésion» de milliers de personnes (celles qui nous suivent régulièrement) et des dizaines de milliers d’autres qui trouvent sur nos sites des informations parfois exclusives.
Notre exclusion du débat pourrait être préjudiciable
Il nous paraissait évidemment indispensable de rencontrer Ségolène Royal car, si un site Internet a aujourd’hui la légitimité de relayer les propositions de la candidate socialiste sur les thèmes de l’emploi et du chômage, nous avons l’outrecuidance de penser qu’il s’agit d’Actuchomage. Et si un autre site a aujourd’hui la légitimité de retranscrire les propositions de la candidate socialiste sur le thème de la refondation de nos pratiques démocratiques, nous avons l’outrecuidance de penser qu’il s’agit de Rénovation-démocratique. Malheureusement, nous sommes aujourd’hui exclus du principe de démocratie participative promu par Ségolène Royal. Si celui-ci ne s’applique pas à nous, à qui s’adresse-t-il exactement, à celles et ceux qui ont déjà la parole ?
Une fois de plus, les chômeurs et les précaires seront-ils exclus des grands débats qui s’annoncent (et qui sont déjà bien engagés) ? Ce serait regrettable et, politiquement, préjudiciable. Nos colonnes restent bien évidemment ouvertes à Ségolène Royal. À bon entendeur…
Les rédactions d’Actuchomage, d’Inter-Emploi et de Rénovation-démocratique
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