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Pas de golden parachute pour les chômeurs

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Dans cette France qui ronronne au rythme de ses patrons sortant de leur éprouvante perte d'emploi avec des indemnités golden parachute à faire pâlir leurs victimes qui pointent au chômage par milliers, une justice à deux vitesse règne dans un calme apparent.

Après Daniel Bernard, ex PDG de Carrefour qui part en février 2007 avec 38 millions d'euros, en avril 2007 c'est au tour de Noël Forgeard, co-Président d'Airbus, de partir avec 8,5 millions d'euros, puis enfin Jean-Paul Gut, le directeur général délégué d'EADS qui s'en irait, quant à lui, avec 12 millions d'euros après 22 ans de bons et loyaux services... Pour comparaison, un salarié ayant la même ancienneté pour un salaire moyen de 1.500 € aurait touché 3.300 € d'indemnités légales (soit 3.500 fois moins)...

Chômeur licencié, bafoué dans tes droits, si l'on contait ton histoire...

Dans sa bonté infinie, le législateur a prévu dans le Code du travail la loi L122-9 qui instaure le principe d'un minimum d'indemnités en cas de licenciement. On entend déjà le tonnerre d'applaudissements des 700.000 chômeurs inscrits en 2005 à l'ANPE pour licenciement individuel, et des 300.000 autres pour licenciement économique... Las ! La réjouissance ne sera que de courte durée. Car l'UNEDIC veille au grain : pas question qu'un salarié licencié bénéficie davantage de dommages & intérêts en indemnités, que celles-ci résultent du bon vouloir de l'employeur ou d'une transaction amiable.

Entrons maintenant dans le monde merveilleux du règlement de l'UNEDIC, discuté en commission paritaire entre partenaires sociaux (patronat et salariés), puis promulgué le 23 février 2006 par arrêté gouvernemental (Ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement)... Marquons alors une courte pause devant l'article 29-2 du même règlement, et que découvrons-nous ? Que tout ce beau monde a jugé que les indemnités de licenciement supérieures aux indemnités légales devaient être considérées comme un salaire perçu en trop... Et que si ce fainéant de licencié devait rester au chômage un certain temps, il était bon que ces sommes exagérément perçues servent à reporter d'autant la date de versement des premières allocations.
Fi alors du préjudice que représente la perte de salaire lorsque l'on touche l'allocation chômage ! Fi alors du préjudice subi après un harcèlement moral ! Fi de toutes les réparations financières perçues après un licenciement : que même les plus modestes soient vidées de tout sens !

Notre Ministre de l'emploi, de la cohésion sociale et du logement n'a que faire de la masse silencieuse des chômeurs licenciés. Si ces gens qui nous gouvernent n'arrivent pas à équilibrer les comptes de l'UNEDIC parce que leur politique économique ne porte pas les fruits tant promis, il fallait bien en trouver des coupables...

Toi salarié licencié, ne te réjouis alors pas trop vite des dommages & intérêts que ton patron t'aura versé pour ce que tu auras du endurer, l'UNEDIC se chargera bien vite de se défaire de son rôle d'assureur. Les cotisations que l'on t'aura obligé à verser pendant toutes tes années de labeur ne serviront pas ta cause tout de suite : il te faudra attendre jusqu'à 75 jours pour recevoir tes premières allocations de chômage (ce qu'on appelle le délai de carence maximum).

Comment contourner cette injustice ?

Toi chômeur licencié, bafoué dans tes droits et dans ta dignité, afin d'éviter cette spoliation instaurée par un règlement UNEDIC aussi bienveillant, il vaut mieux, hélas, contester ton licenciement à réception de ta lettre, refuser tout arrangement à l'amiable et attaquer ton gentil patron aux Prud'hommes en restant sourd aux berceuses qu'il te fredonnera doucement au creux de l'oreille.

Tu trouveras plus de chaleur humaine dans le regard des juges qui, eux, voient quotidiennement les réalités du monde du travail : avec plus de 2 ans d'ancienneté, tu as 85% de chances de gagner ton procès pour licenciement abusif. Avec à la clé 6 mois de salaire en dommages & intérêts, libres d'impôts et libres de tout différé de versement de tes allocations chômage par ton Assedic !

Compare aux 20% de ton salaire que seront tes indemnités légales après 2 ans d'ancienneté, et pose-toi la question : qui de l'UNEDIC ou des Prud'hommes répare le mieux les injustices ?

Aller voir son député

Toi chômeur licencié, bafoué dans tes droits et dans ta dignité, si tu te sens l'âme d'un citoyen acteur, profondément épris de justice et d'égalité dans ce monde à deux vitesses, pense aux législatives qui vont bientôt arriver pour te révolter. Interpelle celui qui a la seule légitimité de porter démocratiquement ta voix et celle du peuple, car c'est bien le gouvernement qui porte le coup de poignard dans ton dos : si tu veux que le règlement de l'UNEDIC ne soit pas qu'un règlement édicté par d'autres puissants qui se moquent de toi, ton meilleur défenseur sera peut-être le député de ta circonscription.

Va le voir, et dis-lui :
• qu'il faut une nouvelle loi au Code du travail
• que l'article 29-2 du règlement de l'UNEDIC est illégal et qu'il doit être supprimé, car on ne saurait transformer des indemnités de licenciement en allocations de chômage
• que les indemnités de licenciement sont de justes dommages & intérêts et que tu y as droit, et qu'elles n'ont rien à voir avec un salaire. Que tu ne demandes pas que la loi te permette d'exiger des indemnités pour accompagner ta descente aux enfers d'un confortable "parachuté doré", non : explique-lui combien tu as transpiré pour cotiser aux Assedic quand tu avais un emploi, combien tu peines chaque jour à retrouver un travail, combien tu aimerais retrouver ta dignité avec de plus justes allocations chômage, combien tu aimerais que les réparations contre les injustices que tu as subies quand tu étais salarié ne partent pas dans les fumées de ces injustes différés spécifiques.
• que la loi qu'il doit faire voter par l'Assemblée nationale doit renforcer la protection des dommages & intérêts perçus après un licenciement afin que ceux-ci ne soient pas assimilés à revenu entrant dans le calcul d'allocations de chômage.
• qu'il existe aussi des assurances chômage privées et que ces assurances doivent également être réglementées, afin de ne pas verser dans les mêmes abus de ceux de l'UNEDIC.
• que dans ce monde qui va mal, le CDI doit être un contrat de travail qui doit réellement porter en lui les garanties de sa pérennité car aujourd'hui, ces garanties sont bafouées par le règlement de l'UNEDIC.
• qu'il faudrait aussi sans doute revoir fortement à la hausse le minimum de ces indemnités de licenciement prévues à l'article L122-9 du code du travail.

Internet te permet aujourd'hui de participer en tant que citoyen, directement auprès de ton député : utilise ta voix et ton vote pour te faire entendre de lui.
Demain, à travers cette lutte, ta voix portera celle de la masse silencieuse que l'on n'entend pas, parce qu'elle se morfond dans ses blessures. Tu retrouveras un peu de ta dignité, tu te battras pour donner à tes enfants un monde plus juste et plus protecteur, car tu es aujourd'hui à la merci de ces dirigeants qui disent agir dans l'intérêt général et qui, en réalité, ne savent pas endosser leurs responsabilités dans ce monde en crise.

Eric A.

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Mis à jour ( Dimanche, 20 Mai 2007 22:11 )  

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