La Commission européenne ne cache plus sa fureur face à la politique économique de la France. Paris reconnaît ainsi que le déficit public atteindra 2,4% du PIB en 2008 soit son niveau de 2007, alors qu’il aurait dû baisser à 1,8% comme s’y était engagé le gouvernement Villepin. Dans ces conditions, l’abyssale dette publique devrait, elle aussi, cesser de diminuer : «Il faut que les Français sachent que les seuls intérêts de la dette représentent 2,5% du PIB français, prévient un responsable de l’exécutif européen. Sauf improbables nouvelles annonces de réformes structurelles fortes, la France n’atteindra pas l’équilibre de ses finances publiques en 2010 comme elle s’y est engagée en avril.»
Sur la sellette. En comparaison l’Allemagne, principale partenaire commerciale de la France, aura quasiment atteint l’équilibre promis en 2008 en profitant de la bonne conjoncture économique : son déficit ne sera plus que de 0,3%. Autant dire que les explications de Nicolas Sarkozy, qui assistera, lundi soir à l’Eurogroupe, l’instance qui réunit une fois par mois les ministres des Finances de la zone euro, sont attendues avec impatience. Cette présence d’un chef d’Etat est une première.
«Si Nicolas Sarkozy vient pour engager un dialogue, on est dans la coordination des politiques économiques et cela renforcera l’Eurogroupe, poursuit le responsable déjà cité. En revanche, s’il vient nous notifier des décisions décidées sans considération des conséquences pour la zone euro, c’est le contraire de la gouvernance économique qu’il dit appeler de ses vœux.»
Incompréhensible. Or on voit mal ce que le chef de l’Etat aura à négocier tant il s’est engagé sur le plan intérieur. Vue de Bruxelles, la politique de Nicolas Sarkozy paraît incompréhensible : «La France n’a pas un problème de demande interne. Ce ne sont donc pas les mesures fiscales de soutien à la demande qui vont changer ses problèmes qui sont un chômage élevé, une création d’emplois insuffisante, une compétitivité des entreprises défaillante, un marché du travail trop rigide.» Or, sur ce plan, les réformes annoncées apparaissent largement insuffisantes. «La France est désormais le premier pays de la zone euro en termes de dépenses publiques : 53,2% du PIB, devant la Finlande. Ce n’est pas le non-remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux ou la réforme des régimes spéciaux de retraite qui va permettre d’inverser la tendance.»
Flingue. La Commission européenne se défend d’être trop rigide : «On peut admettre une augmentation des dépenses publiques, comme on l’a fait pour l’Allemagne, pour mettre en œuvre des réformes profondes, par exemple en matière de retraite.» En France, on n’est pas dans ce cas de figure : «La déduction des intérêts d’emprunts immobiliers va permettre quelles réformes structurelles ? Aucune.» Pour la Commission, Nicolas Sarkozy, en refusant d’honorer les engagements pris par ses prédécesseurs, flingue pour longtemps l’idée même de «gouvernement économique».
(Source : Libération)
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