Branle-bas de combat ce matin au journal de 8 heures : les pertes de PSA sont énormes. Abyssales. Sans précédent. Cinq milliards d'euros en 2012, de quoi justifier un plan social massif... Mais en regardant de plus près (ce que souligne bien, d'ailleurs, la journaliste de France Inter, Marion L'Hour), la plus grosse partie de cette énorme perte (4,7 milliards d'euros) résulte d'une dépréciation d'actifs. C'est à dire d'un artifice comptable de PSA qui, anticipant une conjoncture morose, dans les prochaines années, sur l'activité automobile, déclare dans ses comptes que ses actifs valent moins que le montant affiché dans les exercices précédents. Ma science de la dépréciation d'actifs est toute fraiche : je la tire d'ici.
Mieux encore : cette dépréciation d'actifs a été annoncée par PSA la semaine dernière, manifestement sans troubler la Bourse. Autrement dit, la "nouvelle de la nuit", le coup de tonnerre nocturne, n'en est doublement pas une. Ce n'est pas une "vraie" perte (on dit une "perte opérationnelle") et elle était connue depuis jeudi. Mais il faut bien, chaque matin, réveiller l'auditeur avec du frais, de préférence sensationnel, et on n'a pas tous les jours une renonciation papale à se mettre sous la dent.
Autre scoop de la journée d'hier : l'objectif sacro-saint des 3% de déficit ne sera pas tenu, la croissance de 2013 promettant d'être plus faible qu'annoncé. Là non plus, ce n'est pas une surprise. Que cet objectif ne puisse être tenu, on le pressentait depuis longtemps, et de nombreux medias ne se sont pas privés de l'anticiper. Mais cette fois, c'est la Cour des comptes qui le proclame officiellement. Ce n'est nullement son rôle (elle est chargée de vérifier l'utilisation des deniers publics, et ne dispose pas de boules de cristal plus efficientes que celles des journalistes spécialisés) mais bon, c'est une institution officielle. On peut donc s'appuyer sur son anticipation pour faire réagir les ministres.
Il est étrange, soit dit en passant, le rôle que laissent jouer avec complaisance, dans une démocratie, un parlement élu, un président élu et le gouvernement qu'il a désigné, à une assemblée de technocrates qui, si brillants soient-ils, ne sont responsables devant personne (en médialangue, cela se traduit "les Sages"). On s'était déjà posé la question, ici-même, à propos des admonestations fiscales adressées au gouvernement par un autre brillant aréopage de "Sages" : le Conseil constitutionnel. Mais c'est une réflexion qui dépasse, et de loin, la vocation d'un humble site de réflexion sur les médias...
(Source : @si)
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