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Accueil La revue de presse En France, on confond soins et santé

En France, on confond soins et santé

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Et si la solution était dans la prévention plus que dans la diminution des remboursements... Avec «Le Défi des épidémies modernes», André Cicollela, chercheur en santé environnementale, apporte un regard pertinent sur la "faillite" du système de Sécurité sociale français.

Que pensez-vous de la franchise médicale ?
Qu'elle sera inefficace et inéquitable. On croit responsabiliser les gens en augmentant le prix des soins. Mais on ne peut pas demander aux gens de renoncer à leur diabète ou à leur cancer ! Les plus démunis ne consulteront que lorsqu'ils seront dans un état grave, et cela ne freinera pas la consommation de soins de ceux qui ont les moyens. Je pense en fait qu'il s'agit d'une phase intermédiaire avant de laisser les assurances privées prendre le relais de la Sécurité sociale. Pour sauver le système de santé, il faudrait changer de logique. Agir sur la progression des maladies, ce qui réduirait les dépenses.

Les «épidémies modernes» que vous décrivez sont non transmissibles...
Les maladies d'aujourd'hui, du cancer au diabète, sont chroniques et liées au changement de mode de vie et d'environnement. Il y a quelques années, la Finlande était le pays champion en matière de maladies cardiovasculaires. Il y a eu une politique forte pour un changement d'alimentation, avec des résultats spectaculaires. En France, on confond soins et santé, avec l'idée que pour tout problème existe un traitement. Mais, l'enjeu c'est l'origine des maladies et la prévention. Au lieu d'attendre chaque année l'épidémie de gastro-entérite comme les chasseurs le passage des palombes dans le Médoc, on pourrait rappeler les principes d'hygiène qui freinent sa transmission. De même, on n'a pas assez souligné le rôle des décharges sauvages dans la propagation du chikungunya sur l'île de la Réunion. Et pour une meilleure prévention, il faudrait développer les services de proximité, les maisons de santé et les réseaux de médecins, qui ne concernent que 15% des professionnels.

Vous plaidez pour plus de «démocratie» en matière de santé...
Le modèle du médecin-qui-sait-tout n'est pas pertinent. Il y a d'autres acteurs. La région, par exemple : on ne lutte pas contre l'obésité dans le Nord-Pas-de-Calais comme en Guadeloupe... Et les associations de malades, qui sont légitimes pour être parties prenantes du système.

Le fait d'insister sur la responsabilité individuelle vous agace...
Le problème n'est pas de dire qu'elle n'existe pas, c'est de tout renvoyer sur elle. Il existe aussi des responsabilités collectives. Pourquoi l'obésité et le cancer touchent-ils majoritairement des ouvriers et des employés ?

Vous émettez une thèse surprenante : notre espérance de vie pourrait décroître !
La progression de l'espérance de vie est une réalité pour les générations qui meurent aujourd'hui. Mais les générations suivantes ont été exposées à un environnement très différent avec l'alimentation industrielle et la pollution chimique généralisée, qui va des pesticides aux additifs dans les cosmétiques. L'obésité aussi fait perdre à elle seule de 5 à 15 ans d'espérance de vie, et elle est en augmentation. Bien sûr, la médecine progresse aussi mais, sur le plan sanitaire nous ne sommes pas forcément dans une amélioration par rapport à la génération précédente.

(Source : 20 Minutes)

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Mis à jour ( Lundi, 02 Juillet 2007 15:57 )  

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