Le décès d’Hervé T., retrouvé noyé le 24 janvier dans un étang dépendant de l’entreprise, a été considéré «en lien avec le travail» par la CPAM des Yvelines, a indiqué cette dernière. Une décision qui intervient après un premier classement comme accident du travail du décès par défenestration, en octobre 2006, d’Antonio B., ingénieur informatique de 39 ans.
Bien que l'Inspection du travail avait identifié des faits de harcèlement moral à son encontre, la Caisse a par contre renoncé à classer comme tel le suicide, le 16 février, de Raymond D., un technicien de maintenance de 48 ans, qui avait pourtant laissé une lettre mettant en cause le Technocentre avant de se donner la mort par pendaison à son domicile alors qu'il était en arrêt maladie.
Ces deux décisions de reconnaissance suivent la jurisprudence, qui demande à l’employeur d’apporter la preuve du contraire lorsque le suicide se produit au sein de l’entreprise. «C’est une satisfaction pour la famille, mais aussi pour nous, explique Vincent Neveu, délégué syndical adjoint CGT du Technocentre. Cette décision nous permettra, je l’espère, d’avancer vraiment sur la prévention des risques psychosociaux chez Renault.» Un document réalisé par le cabinet Technologia vient de dresser en effet un tableau plutôt sombre des conditions de travail au sein du Technocentre. Près de 31% des cadres et ingénieurs se disent «sous tension», un niveau «particulièrement élevé» selon les auteurs du rapport.
La direction du constructeur automobile, de son côté, veut «se donner du temps d’analyser la décision» avant un éventuel appel. En attendant, Renault rappelle qu’elle n’est pas restée les bras croisés. Et d’insister sur les mesures déjà prises pour lutter contre le stress, comme la limitation des horaires d’ouvertures des bureaux ou l’embauche de personnels supplémentaires. Néanmoins, pour Henry Forest, médecin du travail, spécialiste des conditions de travail à la CFDT, cette reconnaissance a le grand mérite de «de sensibiliser les employeurs et la société française sur un problème qui ne date pas d’hier». Et de rappeler que sur les 300 suicides qui seraient dus, chaque année, au travail, seuls une vingtaine sont reconnus comme accidents du travail par la Sécurité sociale.
(Source : Libération)
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