Quelque 200 personnes ont répondu à l'appel. «On ne peut pas humilier les gens comme cela, c'est une honte de laisser dormir femmes et enfants ainsi sur les trottoirs. J'en ai après tout le monde, a dit Guy Bedos à quelques journalistes : la droite qui traite les gens comme ça, mais la gauche aussi qui devrait être là». Richard Bohringer, dont la fille Romane est un ferme soutien de ces familles, a exprimé aussi sa «honte de voir des gens qui bossent, qui paient des impôts, qui sont tout à fait normaux, traités de cette façon».
Dans la matinée, les familles du campement avaient déjà reçu le soutien de Gérard Depardieu. Lors d'une conférence de presse à la mairie de l'arrondissement où il "habite", accompagné du maire Jacques Boutault (Verts), l'acteur a dénoncé une situation "lamentable", demandant à Christine Boutin de "faire quelque chose parce qu'on va s'énerver".
Tentes secouées. L'évacuation, menée conjointement par des forces de la gendarmerie et de la police, avait débuté peu avant 6h00 pour s'achever à 7h00. Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, a indiqué lors d'un point de presse que trois personnes, deux militants du Droit au Logement et un père de famille, ont été interpelées puis remises en liberté dans la matinée. Il a précisé que le père de famille avait "très mal au poignet" après l'interpellation, et se trouvait à l'hôpital en fin de matinée. La préfecture de police de Paris a confirmé ces interpellations et a précisé que trois personnes avaient été conduites pour vérification d'identité au service 4 (accueil, recherche et investigations judiciaires), puis remises en liberté.
Fofana, représentant des familles, parle des "méthodes brutales" de la police. Le représentant des familles a par ailleurs affirmé que les campeurs comptaient revenir. Selon Fouad, un campeur, les forces de l'ordre ont secoué les tentes à 5h45 pour réveiller leurs occupants avant de les ouvrir pour en faire sortir les personnes. Certains mal-logés ont été conduits par bus vers un centre d'accueil, mais la majorité d'entre eux ont préféré évacuer les lieux à pied, en emmenant leurs affaires avec eux.
Brutalités. Les mal-logés, en majorité d'origine africaine, s'étaient installés sur les trottoirs de la rue de la Banque le 3 octobre. Ils en avaient été évacués une première fois mais s'étaient réinstallés le jour-même. Les forces de l'ordre avaient plié toutes les tentes qu'ils occupaient, entassant sur le trottoir leurs matelas et affaires personnelles. Jean-Baptise Eyraud a également affirmé qu'il il y avait "eu des brutalités" dans un car de police.
Rappelant que le DAL avait demandé un second rendez-vous à la ministre du Logement, Christine Boutin - qui les a reçus vendredi -, il a commenté : "La réponse est claire : on tente de bâillonner les familles sans logis !" Et de rajouter : "Après l'évacuation des campements au bord du périphérique, on constate une volonté de faire le nettoyage superficiel des endroits les plus visibles mais ce n'est pas avec la police qu'on résoudra les problèmes de logement".
La LCR s'insurge. De son côté, la LCR a dénoncé la répression" contre les mal-logés et a réclamé la "réquisition" à leur profit des logements vides dans la capitale. "Assez de répression et de faux-fuyants, un toit c'est un droit", affirme l'organisation d'Olivier Besancenot dans un communiqué. La Ligue critique "la répression contre les familles qui campent rue de la Banque et qui exigent, à juste titre, l'attribution d'un logement convenable". Elle "exige l'application de la loi de réquisition des logements vides et la construction des centaines de logements sociaux indispensables pour faire face aux besoins", et rappelle qu'il y a "beaucoup d'immeubles vides à Paris".
(Source : Le Nouvel Obs)
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