Hier, Raphaël - 30 ans, Nicolas - 25 ans, et Julien - 24 ans, ont été condamnés par le tribunal de grande instance de Saverne pour violences volontaires en réunion. Ils écopent chacun d'un mois de prison avec sursis et de 1.000 € de dommages et intérêts à verser solidairement à la victime.
L'histoire se déroule il y a cinq ans. Théodore N'Kamdo, Camerounais alors âgé de 39 ans, régleur sur machines automatisées dans une société qui produit des lampes, travaille à son bureau. Il est autour de 20h30. Certains de ses collègues reviennent d'un «pot» offert par la direction. «On était tout joyeux, c'était un soir de rigolade, il y avait un bon esprit», remarque l'un des accusés. «On passait par là, on a vu le rouleau, le poteau et N'Kamdo. Alors on a eu l'idée de le scotcher, comme ça», assure un autre. Les hommes attirent leur collègue à proximité du poteau, l'entourent, le maintiennent pieds et poings liés et l'attachent à une trentaine de centimètres du sol. «Il ne s'est pas débattu, il rigolait même avec nous», se défend le troisième. Selon eux, la victime crie «au secours», mais «juste pour rire». «On avait l'habitude des taquineries dans notre équipe, explique Julien. Tout le monde y est passé et ça a toujours été bien pris.» Le jeune homme dit avoir détaché son collègue avant de lui serrer la main en lui glissant un «sans rancune» amical.
L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais Nicolas, qui a pris une photo de la scène, fait circuler le cliché quelques jours plus tard dans l'entreprise. La goutte d'eau pour N'Kamdo qui la montre à son supérieur hiérarchique. Ce dernier tance les agresseurs, dont l'un est mis à pied deux jours. La violence de la situation, additionnée selon le plaignant à des insultes récurrentes, amène N'Kamdo à enchaîner retards et arrêts de travail : «J'avais tellement honte que je n'ai même pas pu en parler à ma femme».
C'était une plaisanterie !
Finalement rétrogradé par Osram en 2004 pour «insuffisance professionnelle», le salarié s'adresse alors à la LICRA et à son président local Raphaël Nisand (qui le représentait hier), sur les conseils de son psychiatre. «Mon client a subi un traitement inhumain et dégradant, accuse Nisand. Les prévenus mentent et sont des lâches ! Il s'agit là d'une agression authentiquement raciste.»
«C'est une vraie photo pour une fausse histoire, plaide à son tour Jacques-Vivien Debré, avocat de la défense. Si on voyait le visage de M. N'Kamdo sur cette photo, on verrait un homme qui rigole !» Et de parler de «tsunami médiatique» injustifié, d'évoquer les «trois emplois simultanés du plaignant, qui l'ont épuisé moralement, physiquement et psychologiquement» pendant ces années. «Aujourd'hui, on a le culot de s'acharner sur ces trois jeunes sans passé judiciaire, qui n'ont eu aucune volonté de nuire. Car ils disent tous la même chose : c'était une plaisanterie !» «Un jeu stupide», ajoute-t-il, pour lequel ils sont aujourd'hui bien punis.
Hier à Bergheim (Haut-Rhin), une employée municipale d'origine réunionnaise a fait valoir son droit de retrait en présence d'un huissier, après avoir subi invectives et brimades pendant de nombreuses années de la part de la secrétaire générale de la mairie, a indiqué une responsable CGT. Il s'agirait de harcèlement moral à caractère raciste. Une instruction pénale est en cours.
(Source : Le Parisien)
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