Il est de bonnes nouvelles qu'il vaut mieux cacher. Le régime d'assurance-chômage, qui est censé contribuer au financement des retraites dans les prochaines années, en donne la preuve chaque mois en fournissant des informations au compte-gouttes sur l'ampleur de ses excédents.
Les syndicats gestionnaires de l'Unedic, qui doivent se réunir en bureau mardi, ont pourtant de quoi se réjouir : les bénéfices dégagés au cours de ces derniers mois sont sans commune mesure avec ceux des mois précédents. En décembre, la forte baisse du chômage (- 0,5%) a permis de limiter le niveau des dépenses d'indemnisation. Celles-ci ont été inférieures de 100 millions d'euros aux prévisions, permettant de dégager un excédent de 468 millions. Le mois de janvier a, lui, permis d'atteindre un nouveau record : grâce à des recettes exceptionnelles, le régime d'assurance a dégagé près de 1 milliard d'euros de trésorerie (940 millions) au titre de la masse salariale du quatrième trimestre 2007.
Pas totalement assainie
L'Unedic profite d'une conjoncture porteuse : entre octobre et décembre 2007, l'emploi salarié a bondi de 0,6% et les salaires de 0,8%, ce qui a fait gonfler la masse salariale de 1,3%, selon l'ACOSS. Cette performance ne se renouvellera cependant pas tous les mois : en janvier, les entreprises de moins de 10 salariés ont réglé leurs cotisations, ce qu'elles ne font qu'une fois par trimestre.
En 2007, l'Unedic a dégagé un résultat de 3,5 milliards d'euros. Ce dernier chiffre est supérieur de plus de 300 millions d'euros aux prévisions financières du 24 octobre dernier. Estimé initialement à 4,5 milliards d'euros, le résultat prévu pour 2008 devrait être, lui aussi, révisé en forte hausse mardi.
La situation financière du régime n'est toutefois pas totalement assainie. Celui-ci devra attendre 2009 avant d'effacer l'ensemble de ses dettes, estimées à 5 milliards à la fin 2008.
S'assurer 6 milliards de trésorerie
Il n'empêche : ces recettes supplémentaires suscitent déjà la convoitise de l'Etat et des caisses de retraite. «La logique consistant à profiter de la baisse du chômage pour dégager des nouveaux financements pour les retraites est inscrite noir sur blanc dans l'exposé des motifs de la loi Fillon de 2003, votée par le Parlement», a rappelé Xavier Bertrand dans une interview aux Echos. Le patronat, qui refuse le principe même de ce transfert, pourrait pâtir de la vacance laissée à la tête de l'Unedic après les départs successifs de Denis Gautier-Sauvagnac et de Michel de Virville.
Prudents, les syndicats ont prévu de constituer un fonds de réserve pour s'assurer 6 milliards de trésorerie. Selon la dernière convention, les règles de financement de l'assurance-chômage ne peuvent être réformées avant que celui-ci ait été alimenté. Un argument qui laisse penser aux syndicats qu'ils sont protégés, au moins à court terme, des convoitises de l'Etat et de la Sécurité sociale.
(Source : Les Echos)
Articles les plus récents :
- 21/03/2008 09:54 - Pas de pitié pour la croissance
- 19/03/2008 15:27 - Bientôt, la «flexisécurité»… chez les fonctionnaires !
- 18/03/2008 14:54 - Le gouvernement néerlandais va limiter les revenus des patrons
- 16/03/2008 18:43 - L'emploi se dégrade dans toute l'UE
- 15/03/2008 10:50 - Expulsions locatives : la Fondation Abbé Pierre dénonce la dérive répressive de l'Etat
Articles les plus anciens :
- 12/03/2008 16:08 - Les Français partent de moins en moins en vacances
- 12/03/2008 13:30 - L’insolente santé des entreprises du CAC40
- 05/03/2008 18:26 - Les jeunes, premières victimes de la crise du logement
- 04/03/2008 15:24 - Un salarié de BNP Paribas se suicide dans son agence
- 29/02/2008 02:18 - Agression d'un collègue noir : trois salariés condamnés