
Or — c'est une antienne —, il faut une progression de PIB annuelle supérieure à 2% pour que l'économie commence à créer plus d'emplois qu'elle n'en détruit.
Du coup, "la croissance sera moins riche en emplois, voire toujours destructrice d’emplois", estime Eric Heyer, directeur adjoint de l'OFCE au département analyse et prévision. Selon son observatoire, le taux de chômage fin 2010 s'élèvera à 9,4% et va remonter à 9,7% fin 2011 (alors que le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, toujours très optimiste, a fixé l'objectif d'un chômage "en dessous de 9% en 2011"…).
"L’emploi marchand continuera à croître jusqu'à la fin 2010 (+74.000 emplois) avant de baisser à nouveau en 2011 avec le ralentissement de la croissance (-71.000 emplois)". Effectivement, les entreprises profiteront encore un peu de la "reprise technique" de l'économie "pour rétablir progressivement leur productivité" qui s'était effritée avec la crise, mais ça n'ira pas bien loin. Comme dans un jeu à somme nulle, le peu de jobs précaires créés disparaîtra aussitôt.
Une reconstitution des stocks… de chômeurs et de pauvres
L'OFCE explique : si la France est sortie rapidement de la récession au printemps 2009 grâce au plan de relance, le rebond actuel est essentiellement "technique", c'est-à-dire qu'il correspond à la reconstitution, par les entreprises, des stocks dans lesquels ils avaient puisé pendant la crise. Et ce rebond par les stocks expliquerait les deux tiers de la croissance économique de 2010. Sauf que "la cure d’austérité budgétaire va empêcher l’enclenchement d’un enchaînement vertueux (investissement des entreprises, consommation des ménages…) permettant à l’économie française de croître à un rythme supérieur à son potentiel, et donc au chômage de baisser", avertit Eric Heyer.
Surtout, prévient-il, "l’ancienneté au chômage devrait progresser fortement", ce qui aurait un effet "très récessif", puisque davantage de demandeurs d'emplois arriveront en fin de droits, vont se retrouver aux minima sociaux et sombrer dans la misère.
En septembre, la directrice des études économiques d'HSBC faisait le même pronostic : ralentissement de la croissance, remontée du chômage et précarisation structurelle de l'emploi. "Les embauches en CDI ne vont pas reprendre avant 2012", avait-elle déclaré à Capital.
Ces lemmings qui nous dirigent
Pourtant une solution existe et les économistes l'OFCE s'accordent pour dire que notre gouvernement — et plus largement l'ensemble des gouvernements européens — commettent une grave erreur. Après avoir à juste titre soutenu l'activité par des plans de relance coordonnés, sous la pression des agences de notation, ils continuent de faire la danse du ventre devant les marchés (qui se sont enrichis sur le dos des États) et décident, tels des lemmings en haut d'une falaise, de faire de la réduction des déficits leur objectif n°1, mettant en œuvre de concert des plans de rigueur aussi ignobles que contre-productifs.
Même son de cloche chez les économistes de BNP Paribas qui craignent que la France, outre souffrir elle-même, ne souffre aussi des plans de rigueur de ses voisins. On est en plein masochisme collectif !
"Le risque, c'est de s'enfoncer dans la déflation" avec une nouvelle récession à la clé qui, au final, ne permettra pas de les résorber, a mis en garde l'économiste Xavier Timbeau, collègue d'Eric Heyer. Selon lui, l'Europe devrait à court terme continuer à mener une politique de relance et, seulement dans un deuxième temps, s'attaquer aux déficits. Mais, comme l'écrivait Henry David Thoreau en 1848 dans La désobéissance civile, "le progrès est lent, parce que l’élite n'est matériellement ni plus avisée ni meilleure que la masse"...
SH
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Commentaires
Le noir et blanc c'est artistique mais ca ne paie pas les factures 8-) Répondre | Répondre avec citation |
Il faut agir!! Ne pas compter sur un gouvernement pour résoudre le problème du chômage de masse, le gouvernement a capitulé devant les marchés financiers et devant les lobbys financiers en général, il ne fera rien pour vous ("les caisses sont vides"), bien au contraire. Répondre | Répondre avec citation |
Enfin, bon, ils cumulent, déjà ils sont de droite ( si par hasard ils se trouvaient compétents et honnêtes, on pourrait essayer de le leur passer ) mais là… tout ce qu'ils ont c'est le mensonge pour faire croire qu'ils font des trucs bien… Répondre | Répondre avec citation |
Les paris sont ouverts ! Mais comme aucune des promesses de Sarkozy n'a tenu la route et qu'il n'est pas économiste, quel crédit lui accorder ? Mieux vaut en rire. Répondre | Répondre avec citation |
François Fillon et Christine Lagarde avancent une prévision de taux de croissance du PIB à 1,6% en 2010 et à 2% en 2011. Certains experts, à l'instar de Laurent Berrebi, directeur des études économiques de Groupama Asset Management, ne partagent pas du tout cet avis.
«Nous ne pensons pas que la dynamique actuelle française va se poursuivre en 2011», déclare Laurent Berrebi.
Les arguments avancés par le chef économiste au soutien de cette affirmation sont nombreux. Tout d’abord, ce qui est à l’origine de la bonne croissance de la demande intérieure française, c’est la consommation et l’immobilier. Or «on observe un net retournement sur les permis de construire, notamment en raison de la suppression des avantages fiscaux accordés en particulier aux primo-accédants».
Dans le même registre, «l’arrêt de la prime à la casse devrait entrainer un ralentissement prononcé dans le secteur automobile».
Cela est sans compter les mesures envisagées dans le cadre du programme de restriction budgétaire. «Ces mesures devraient représenter 1,2% du PIB pour 2011. L’absence de baisse des taux longs et la relative stabilité des taux directeurs de la BCE ont vocation à accentuer le poids de ces mesures sur le taux de croissance futur.»
Les difficultés rencontrées par les pays voisins, censés affecter les échanges commerciaux, et la forte dépréciation de l’euro plus élevée que la normale, sont également des facteurs défavorables à prendre en compte dans le scénario.
Aussi, l’expert table sur un taux de croissance de 1% pour l’année prochaine.
http://www.easybourse.com/bourse/france/article/18203/france-un-pib-attendu-a-1-pour-2011.html Répondre | Répondre avec citation |