Le CAS, organisme d'expertise rattaché aux services du Premier ministre, vient de publier une note sur les perspectives de l'emploi à l'horizon 2015 dans le secteur marchand. Se basant sur une croissance modérée du PIB (+1,6% au lieu des 2,5% de Bercy), selon lui, dans les deux ou trois prochaines années, la croissance sera faible en emplois — que du précaire — et il faudra cinq ans pour retrouver à peu près le niveau d'avant-crise (qui, entre nous, n'était pas si fameux puisque notre taux de chômage s'élevait déjà à 8% de la population active en 2007).
Qu'on se rassure : pour le CAS, la hausse du chômage aurait pu être bien pire. Et ça va s'arranger, puisque le nombre des créations d'emplois dans des secteurs dits "porteurs" (+968.000) devrait, d'ici 2015, largement dépasser celui des destructions nettes dans les secteurs "déclinants" (318.000) => voir infographie en commentaire.
Le solde positif, très insuffisant, s'élevera à 650.000 postes. En attendant, on peut crever la bouche ouverte.
«Servicisation», et zéro innovation
Le CAS se veut optimiste : en réalité, son constat est déprimant.
Sans surprise, les secteurs "porteurs" qu'il a identifiés sont… les services opérationnels (intérim et services aux entreprises), la construction, le conseil et l'assistance, les services personnels et domestiques, le commerce, ou les activités récréatives et sportives ! En clair, l'économie française va poursuivre sa tertiarisation : le directeur général du CAS parle même de «servicisation».
Sans surprise, les secteurs "déclinants" sont l'industrie (biens d'équipement mécaniques, composants électriques et électroniques, automobile, métallurgie, chimie, textile et habillement), des activités déjà confiées aux pays émergents à un tarif imbattable...
Quant au secteur recherche et développement, il arrive en bas de peloton, ce qui est plutôt inquiétant. Le directeur général du CAS confirme qu'en 2015, il n'y aura pas «de nouveaux secteurs qui vont émerger».
Bref : rien de neuf ni de franchement positif. Tout ça pour ça ? En attendant que l'impact de la crise financière sur l'emploi s'estompe, il faut bien occuper les experts, n'est-ce pas.
SH
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