«Le moral des ménages est bon, les Français vont au cinéma !» La boutade d’Eric Dubois, chef du département de la conjoncture de l’INSEE, frise presque le mauvais goût tant le climat est morose. Les prévisions de l’INSEE comme de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) n’augurent rien de bon pour 2008. Croissance en berne (+ 0,3% prévu pour le deuxième semestre, soit un taux de croissance annuel de 1,8%) et inflation en hausse (+ 3%) seront le lot de l’économie française cette année. Pire encore, l’INSEE parle de «pouvoir d’achat atone».
Même si elle apparaît moins touchée que d’autres pays davantage ouverts sur l’extérieur, l’économie française n’est pas épargnée par la mauvaise conjoncture internationale. «Je pense qu’on aura une légère baisse», a d’ailleurs concédé hier la ministre de l’Economie Christine Lagarde à propos des 2% de croissance sur lesquels le gouvernement tablait pour 2008. Pour l’INSEE, c’est bien l’environnement international qui est à mettre en cause. L’inflation, qui rogne le pouvoir d’achat, est alimentée par l’envolée des cours des matières premières - les économistes parlent d’inflation importée - notamment des produits agricoles (blé, lait…) et du baril de brut. La demande croissante de denrées alimentaires dans les économies émergentes (Chine, Brésil…) toujours très dynamiques, et les tensions sur le marché du pétrole ne laissent pas entrevoir d’embellie à court ou moyen terme. L’inflation semble s’installer durablement.
Autre facteur de ralentissement, l’appréciation continue de l’euro par rapport au dollar qui mine la compétitivité des entreprises françaises et pèse sur les exportations.
Enfin, s’ils sont plus modérés qu’outre-Manche et qu’aux Etats-Unis, les effets de la crise financière commencent à se faire sentir. Les pertes importantes enregistrées par des établissements de crédit présents sur le marché des subprimes, comme la Société Générale ou le Crédit Agricole, risque de conduire à un resserrement du crédit. Ce durcissement des conditions de financement des entreprises pèsera sur l’investissement et pénalisera un peu plus la croissance. Spécificité française, la consommation, bien qu’en baisse, «résiste à l’atonie du pouvoir d’achat des ménages» tempère l’INSEE.
Les marges de manœuvre pour le gouvernement sont donc minces. Les contraintes de compétitivité et un budget déjà «ric-rac» limitent tout recours à des politiques de soutien de la demande intérieure. D’inspiration libérale, la loi de modernisation de l’économie (LME), dont le coup d’envoi a été donné hier matin par François Fillon, entend donc agir sur l’offre et la compétitivité des entreprises afin notamment de faire baisser les prix dans l’alimentaire. De la simplification des procédures administratives pour les entreprises au renforcement de la place financière parisienne en passant par le développement du très haut-débit, ce plan fourre-tout «veut faire souffler un vent de liberté et de concurrence sur l’économie», dixit Matignon.
Fer de lance de ce projet nourri de recommandations du rapport Attali, le renforcement de la concurrence dans la grande distribution (suppression des marges arrières) est censé favoriser une baisse des prix pour un coût quasi-nul. Il sera présenté au Parlement en mai. Interrogé sur les effets à venir de ces réformes sur la croissance, notre économiste de l’INSEE s’est contenté d’un «variables, incertains, progressifs».
(Source : Libération)
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