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Les chômeurs sont présumés coupables, jamais ceux qui les ont licenciés

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Dans la lutte contre le chômage, on met toujours en avant «les droits et les devoirs» des demandeurs d'emploi tandis qu'en comparaison, les employeurs ont tous les droits et fort peu d'obligations.

Toute l'année on veut nous inculquer l'idée ô combien simpliste que, s'il y a du chômage, c'est parce qu'il y a des chômeurs ou qu'il existe des allocations. Et, toute l'année, on traîne les chômeurs dans la boue comme s'ils étaient heureux de rester oisifs, à vivre aux crochets de la société. On les menace de sanctions en cas de refus de deux emplois «raisonnables» alors que, dès le premier refus, même d'une offre inacceptable, ils sont déjà à la merci de la radiation. On les «suspend» s'ils ne fournissent pas des preuves de recherche «réelle et sérieuse» aux contrôleurs de l'Assedic ou de la DDTE qui les ont convoqués. Et, pour enfoncer le clou, on leur a même agité un «gigantesque plan contre la fraude au chômage» qui n'est pas qu’une annonce, puisque ces derniers mois les dispositifs de contrôle social ont été considérablement renforcés.

Mis à part quelques coups de sang, eux aussi très médiatiques, à l'encontre des «patrons voyous» et autres adeptes du «jeunisme», au-delà des paroles en l'air, le mauvais traitement infligé aux chômeurs est bel et bien une réalité tandis que, pour les employeurs, les menaces demeurent totalement virtuelles, les contrôles et les sanctions pratiquement inexistants.

Oblige-t-on les employeurs à répondre à toutes les candidatures qu'ils reçoivent ? Non. Alors qu'on demande aux chômeurs de fournir un maximum de preuves de leur recherche, les réponses, mêmes négatives, même aussi gratuites et rapides que par e-mail, n'affluent pas. Au lieu de s'indigner du mépris des recruteurs pour les demandeurs d'emploi qui les sollicitent, le contrôleur va s'indigner du peu de preuves qu'on lui montre et couper les vivres aux moins chanceux.

Oblige-t-on les employeurs à recruter en priorité des privés d'emploi ? Non. Comme l'explique Jobetic, bien au contraire ils les discriminent, préférant convoiter des personnes déjà en poste. Quant à l'assurance-chômage, elle reconnaît elle-même que, parmi tous les mouvements de personnel constatés sur une année, une infime proportion donne une chance à des chômeurs puisque seulement 2 embauches sur 10 leur profitent.

Fait-on pression sur les employeurs qui évincent les seniors ? Non. A part un vague projet de «bonus-malus» qui ne sera que poudre aux yeux, ils continueront à discriminer puisque le cœur du problème, c'est le salaire : ose-t-on payer au Smic un salarié expérimenté ? Non. Alors, on ne le recrute pas.

Fait-on pression sur les employeurs qui pratiquent le sous-effectif chronique afin qu'ils embauchent du personnel ? Non. On fait mine de prévenir le stress et on vante la défiscalisation des heures supplémentaires : les salariés en place doivent travailler plus pour gagner plus, au mépris de leur bien-être. Résultat : les privés d'emploi le resteront davantage, et ceux qui travaillent trop accumulent les griefs à leur encontre.

Fait-on pression sur les employeurs qui licencient alors qu'ils font des bénéfices ? Non. Pourtant ils sont essentiellement issus du CAC40, qui a dégagé 95 milliards d'euros en 2007 grâce… aux économies de salaires.

Fait-on pression sur les employeurs qui licencient alors qu'ils ont touché des aides de l'Etat ? Non. «C'est une règle de droit» a avoué, impuissant, le vice-président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais au sujet de l’impossible remboursement des 170.743 € de subventions versées à la teinturerie industrielle STAF d’Hénin-Beaumont, qui vient de proposer aux sept salariés qu'elle licencie un reclassement au Brésil ou en Turquie.

On voit bien que la pression s'exerce exclusivement sur ceux qui voudraient travailler, et qu'on accuse du contraire. On voit bien qu'il y a une intolérable dissonance entre ce qu'on exige des uns et qu'on permet aux autres.

Le jour où l'on traitera équitablement tous les protagonistes du marché de l'emploi, où ses demandeurs comme ses pourvoyeurs seront enfin mis au même niveau, tant du contrôle que de la sanction, tant en droits qu'en devoirs, alors on pourra enfin parler de justice. Et lutter efficacement contre le chômage.

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Mis à jour ( Samedi, 12 Avril 2008 01:55 )  

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