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Une question de justice ? Voilà un argument qui ne tient pas la route ! «Une bonne politique de l'emploi», c'est d'abord une politique intelligente qui inclut une vision globale de tous ses acteurs, de la main d'œuvre disponible aux pourvoyeurs de postes - donc, les entreprises -, en passant par les intermédiaires : ANPE ou Apec, recruteurs, organismes de formation professionnelle... Or ici, pour faire valoir un projet scélérat qui ne vise qu'à institutionnaliser la dégringolade salariale et la précarisation de l'emploi en écrasant les plus vulnérables, le gouvernement stigmatise ceux qu'on a spoliés de leur travail et qu'il considère comme les seuls grands responsables du phénomène : l’inique à travers l’unique, un parfait laboratoire social où s'expérimentent les coups bas qu'on réserve ensuite au salariat tout entier.
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Les organismes de formation, eux, sont à la merci des moyens qu'on leur alloue et des directives qu'on leur assigne : on sait qu'en 2007, l'Unedic n'a dépensé que la moitié de son budget et que seuls 5% des chômeurs ont bénéficié de ses «modules», de plus en plus courts et de moins en moins qualifiants. Mettre le paquet sur la formation professionnelle de ceux qui en ont le plus besoin pour rebondir devrait être la priorité de toute «bonne politique de l'emploi» qui se respecte : pourtant, il n'en est rien !
Novice, Laurent Wauquiez semble fermer les yeux sur «l’instabilité chronique» de toutes ces politiques empilées les unes sur les autres depuis des années, et récemment pointées dans un rapport de la commission des Finances de l'Assemblée nationale... A chaque nouveau gouvernement, chacun y va de son nouveau dispositif (comme les chiens dans la rue qui s'évertuent à pisser en dernier sur un poteau pour y laisser leur trace), sans vérifier si ce qui a été fait auparavant fonctionne. Franchement, les chômeurs sont-ils responsables de cette virile gabegie ? Bien sûr que non.
La «justice» voudrait qu'on se penche aussi sur les «devoirs» des entreprises, qui sont à l'autre bout de la chaîne et dont le rôle est primordial, puisque ce sont elles qui fournissent LA MATIÈRE PREMIÈRE. Or, il n'en est rien : elles ont même tous les droits !!! Deux exemples flagrants (entre autres…) :
• Les employeurs n'ont aucune obligation de répondre à toutes les candidatures qu'on leur adresse, alors que le demandeur d'emploi est sommé de fournir toutes ses preuves de recherche «réelle et sérieuse» face à un contrôleur chargé de lui couper les vivres. Le silence méprisant du recruteur n'est sujet à aucun «devoir» ni à aucune indignation quand le chômeur risque, lui, de perdre ses droits (car ce sont des DROITS : il a cotisé pour cela, ne l'oublions pas) !
• Il est rare que les entreprises travaillent à perte : d'ailleurs, même si elles sont bénéficiaires, elles n'hésitent pas à licencier du personnel afin d’«anticiper» sur leur rentabilité. En sont-elles sanctionnées pour autant, bien qu'elles aient pour la plupart bénéficié d'exonérations de cotisations voire d'aides publiques diverses et variées, tandis qu'elles se délestent sans état d'âme du poids de leurs décisions économiques, à la charge de la collectivité ? Or, on veut obliger les privés d'emploi qui, au bout de 6 mois, «tarderaient» à remettre le pied à l'étrier, à subir d'office une perte de salaire de 30% alors que leurs frais fixes, eux, n'ont pas baissé !!! Est-ce justice ?
Est-ce justice quand «le président du pouvoir d'achat» de la République, à peine installé, s'est octroyé une revalorisation de salaire de 172% ? Est-ce justice, alors que les députés bénéficient toujours d'un «régime spécial» qui les couvre 5 ans durant en cas de revers électoral ?
Mais, mais...
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... En vérité, le chômage est la solution !
Ne cherchez pas : ce gouvernement - et ceux qui l'ont précédé - ne tient pas à lutter contre le chômage qui est l’ingrédient indispensable à la bonne marche du libéralisme économique.
Grâce à lui, les entreprises peuvent :
• revoir progressivement tous leurs salaires à la baisse (il y a longtemps qu'on s'est aperçus que les nouveaux emplois offrent des rémunérations largement inférieures aux allocations chômage des primo-demandeurs… En cela, le projet du gouvernement consiste à officialiser une réalité/fatalité qui devra être distillée dans l'esprit de tous, comme c'est déjà le cas en Grande-Bretagne),
• imposer des conditions de travail dégradées (grâce à la peur du chômage pour ceux qui sont en poste, ou la promesse d'un hypothétique CDI pour le nouvel arrivant),
• faire monter leurs actions (c'est typique : toute entreprise cotée en bourse et qui annonce un vaste plan social voit son cours grimper allègrement)...
Grâce à lui, les politiques peuvent :
• fragiliser la protection sociale (le déficit de cotisations est une aubaine pour imposer des «réformes» visant à la détruire et à la privatiser en tant que gigantesque manne financière qui échappe à toute spéculation)
• contenir la sacro-sainte inflation : cf le NAIRU, «taux de chômage non accélérateur d'inflation»…
• vanter les résultats de pays voisins où le taux de chômage est bas, mais où le taux de pauvreté défie toute concurrence (lire en commentaire) !
C'est pour ça qu'on lutte contre les chômeurs, pas contre le chômage. C'est pour ça qu'on ménage à ce point les employeurs : les pauvres, ils prennent des risquent tellement «mortels», dixit Laurence Parisot ! Comment peut-on concevoir qu’autant d'entreprises accordent des parachutes plus que dorés à leurs meilleurs «tueurs de coûts salariaux» ? On fait mine de s'en scandaliser mais c'est le but recherché : licencier, licencier, licencier, voilà qui est récompensé !
Le chômage baisse, et il devrait continuer de baisser. La création d'emploi a atteint des sommets en 2007. L'Unedic résorbe son déficit. Alors, pourquoi cette mascarade ??? Car, en vérité, le «plein emploi» est une menace qui rétablirait les rapports de force, ferait monter les salaires et donc l'inflation (le Japon a ce petit souci). Donc, le plein emploi promis par Nicolas Sarkozy ne dépassera pas le stade de la manipulation statistique, de la rétorsion anti-sociale et, ipso facto, de la fausse promesse.
Pour finir, «je rappelle qu'il y a 500.000 emplois non pourvus en France», nous a régurgité le docile Laurent Wauquiez. Outre le doute qui plane sur cette allégation, on peut lui répondre que même si ces 500.000 offres étaient pourvues, y compris à vil prix, il resterait encore 1,5 million de chômeurs officiels - et 3 autres millions de sans emploi officieux - à caser.
Face à cette monstrueuse escroquerie intellectuelle, les syndicats vont-ils s'insurger ? La gauche osera-t-elle peser ? Les chômeurs vont-ils - enfin - se mobiliser ? Nous en sommes à un virage politique assorti de mesures de plus en plus impopulaires, et Nicolas Sarkozy est devenu insupportable à une grande partie de ses électeurs : Ou ça passe, ou ça casse !
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Commentaires
• Le «miracle» britannique
2,5 millions d’«invalides» escamotés du taux de chômage officiel, un taux de pauvreté qui frise les 20%, un taux d'émigration qui explose depuis dix ans, sans oublier les pires méthodes coercitives jamais inventées contre les chômeurs : bravo !!!
• Le «miracle» allemand
"Hartz IV" (conçu par un DRH 100% corrompu) et l’"Agenda 2010" ont généré plus de 7 millions d'Allemands pauvres.
• Le «miracle» japonais
Payé au prix fort par les salariés, il ne rassure même pas les patrons ! Répondre | Répondre avec citation |
ET que font les 1.750.000 restants ? Ils se font radier ?
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Sur des sites d'info où les commentaires sont d'habitude particulièremen t réacs (comme 20Minutes.fr avec ses modérateurs sarkozystes), les réactions sont étonnamment "humaines" ou indignées. Et je viens de me fader l'émission de l'abo-minable Fogiel, qui a invité l'in-con-tournable gâteux François de Closets face au sympathique mais peu convaincant Gérard Filoche, une foire d'empoigne habituelle, où même les dessins habituellement débiles et les SMS habituellement réacs furent, à mon grand étonnement, hostiles à cette mesure.
Doit-on y voir un signe ? (L'espoir fait vivre) Répondre | Répondre avec citation |
Nouvelle loi contre les chômeurs, où sont les profiteurs ?
A l'orée de la conférence "gouvernement-syndicats-patronat" du 6 mai sur l'assurance chômage, le ministère de l'Économie, de l'Industrie et de «l'Emploi» a témoigné hier de ses intentions de durcir une nouvelle fois les conditions d'indemnisation pour les chômeurs.
Nicolas Sarkozy, qui martèle depuis des mois sa volonté de sanctions accrues, a annoncé la semaine dernière la prochaine présentation d'un texte de loi prévoyant des sanctions (suspension ou réduction des allocations) pour les chômeurs refusant deux offres «raisonnables».
Selon Christine Lagarde, il serait prévu d'établir «des sanctions renforcées au bout de six mois» pour les chômeurs «s'installant trop durablement» dans le chômage. Au bout de six mois, «le chômeur devrait accepter tout emploi requérant moins de 2 heures de transport par jour et rémunéré, par exemple, au moins 70% de son salaire antérieur».
Ceci constitue une nouvelle attaque du gouvernement contre les plus pauvres. Gouvernement, qui rappelle régulièrement, notamment par la voie de son secrétaire d'État Laurent Wauquiez, que «500.000 offres d'emplois sont non pourvues en France», comme pour dire que du boulot il y en a, que la dette de l'État c'est quand même un peu à cause des chômeurs qui veulent pas bosser. Face à ces propos sans fondements et qui ne visent qu'à criminaliser les chômeurs, nous l'invitons tout simplement à aller sur le site de l'ANPE qui affiche, à l'heure où nous écrivons ce communiqué, seulement 281.896 offres d'emploi pour 630.430 CV déposés.
Ce qu'oublie aussi de dire, M. Wauquiez, c'est que la majeure partie de ces offres non pourvues sont des temps partiels non rémunérateurs. Pour l'ensemble du territoire breton, l'ANPE enregistre sur les trois derniers jours, 217 offres de CDI, dont près de la moitié sont des temps partiels composés, pour 80% d'entre eux, de contrats à moins de 25 heures hebdomadaires. Qui peut prétendre aujourd'hui que «la plupart des chômeurs sont des profiteurs» ?
Au nom du recouvrement de la dette publique on criminalise les plus pauvres. Aujourd'hui c'est 1.500 chômeurs qui se font radier des Assedic tous les mois. Avec ce nouveau projet de «modernisation» de l'assurance chômage, c'est de la moitié à un tiers de chômeurs de plus qui risquent de se faire radier. Ce sont des milliers d'anciens chômeurs qui s'endetteront et feront baisser les chiffres du chômage, en acceptant des 25 heures par semaine à deux heures de route de chez eux et pour 700 € par mois. Voilà la manière qu'a le gouvernement de faire la chasse aux «profiteurs», aux "creuseurs" de dette publique.
Pourtant, il y a deux mois, l'Assemblée française multipliait par 10 les indemnités des députés non-réélus, s'élevant à 417.120 € sur 5 ans, soit près de 7.000 € bruts par mois, et sans compter les 20% de cette somme qu'ils percevront à vie (environ 1.400 € bruts par mois).
Nous posons la question, où sont les profiteurs ?
www.agencebretagnepresse.com Répondre | Répondre avec citation |
Certains patrons sont trop paresseux pour communiquer leur offres à l'ANPE?
Avez-vous remarqué que dans les médias en ce moment on commence à nous parler de plus en plus des manifestations à l'étranger de crève-la-faim qui n'ont plus les moyens de payer leur nourriture suite à l'augmentation du coût de certains aliments (augmentation qui est en partie liée à la spéculation financière, il ne faut pas l'oublier et lier à la bulle spéculative qui se constitue autour des necro-carburants, qui consacrent l'utilisation de terres cultivables pour faire pousser des trucs qui ne serviront pas à l'alimentation en cette période de disette. Vous me direz que ce n'est pas nouveau, que le coton et le caoutchouc cela ne se mange pas, et pourtant certains pays sont forcés de les cultiver pour payer la nourriture qu'ils sont forcés d'importer alors qu'ils pourraient la produire localement et gagner une part d'indépendance sur leur approvisionneme nt en nourriture) ?
Le message est clair me semble t'il:
Français, pourquoi te plains-tu et pourquoi n'es-tu pas content, la situation pourrait être pire, tu pourrais crever de faim, tu es privilégié donc tu ne dois pas refuser les petits sacrifices qu'on te demande: destruction de la sécurité sociale, destruction du code du travail…
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De dire que les chomeurs ont des droits et des devoirs c'est aussi stupide que la pub pour la secu "les antibiotiques c'est pas automatique", ou "pensez aux generiques".
Ils se trompent vraiment de cible. C'est aux professionnels a faire des efforts, pas a ceux qui subissent!!!!
En plus, dire que les chomeurs ont des droits et des devoirs, en quel honneur? Parce qu'on nous donne de l'argent en contre partie, de l'argent pour lequel on a cotisé? C'est un peu limite comme argument.
Si ca leur fait chier de nous payer, ben qu'ils arretent de nous verser des indemnités, mais en contre partie ils ont le droit et le devoir surtout de nous proposer du travail.
Bon courage a eux d'avance.
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Ce n'est pas en lui coupant les vivres que le chômeur sanctionné pourra continuer à chercher du travail !!!
C'est aussi absurde que dégueulasse !!! Répondre | Répondre avec citation |
Un contrat de droits et de devoirs imposé aux chômeurs
Le demandeur d'emploi devrait signer un contrat avec le nouvel opérateur issu de la fusion Unedic-ANPE. Le document lui précisera quel poste il pourra refuser ou non. Un tel dispositif, la Convention d'aide au retour à l'emploi (CARE, ex PARE), existait déjà. Négocié en 2000 par les partenaires sociaux, il est resté inappliqué. Il prévoyait qu'un chômeur qui n'aurait pas bénéficié des mesures d'accompagnement définies dans la convention (formation, entretiens renforcés…) puisse disposer d'un droit de recours en cas de sanctions.
En clair, un chômeur qui n'aurait pas reçu le suivi promis au début de son parcours ne pourra pas se voir priver de ses allocations. C'est bien le seul espoir qu'il lui reste !!! Répondre | Répondre avec citation |
dans un contexte inimaginable de régression sociale et de neo fascisme libéral.
en dernière date, ils supprimeraient la maternelle… et la remplaceraient par des centres de garderie payants.
seule une mobilisation coté salariés peut les faire reculer.
que va t'il falloir attendre ? est ce trop tard ? Répondre | Répondre avec citation |
Le quotidien britannique The Guardian estime que l'aide publique ne devrait pas être accordée sans contrepartie.
«"Le droit à l'assistance accompagné de nouvelles responsabilités "… Les slogans comme ceux-ci reviennent sans cesse dans les débats sur l'Etat-providence. Maintenant, ils s'appliquent aussi à la haute finance. Si les chômeurs doivent chercher du travail en échange d'allocations, alors les grandes banques devraient aussi gagner le soutien de l'Etat.
[…] La Banque d'Angleterre pense que le soutien direct est nécessaire, une conclusion à laquelle étaient déjà arrivés ses homologues européennes et américaine. Le défi est de trouver comment cela peut être fait sans arnaquer le contribuable ou récompenser les mauvais gestionnaires du risque qui ont provoqué cette crise. […] Une industrie qui s'attend à recevoir une cure coûteuse à chaque fois que la maladie frappe doit accepter une dose de médecine préventive. Pour les banques, comme pour les chômeurs, avec les droits viennent les responsabilités .»
(Source : The Guardian)
Autre conséquence de la crise des "subprimes" : certains spéculateurs se sont aussitôt réfugiés dans les valeurs sûres de l'alimentaire, contribuant à la flambée des prix que nous connaissons depuis plusieurs mois, avec des effets catastrophiques sur les pays les plus pauvres. Spéculateurs = affameurs ! Répondre | Répondre avec citation |
C'est ce qu'a dit Jean-Claude Quentin, ancien secrétaire confédéral de Force Ouvrière, à La Tribune du 31 Janvier dernier. Répondre | Répondre avec citation |