Si le stress au travail interpelle, ce n'est pas par humanisme. On s'aperçoit enfin que la politique de pression, appliquée crescendo ces vingt dernières années par les employeurs avec l'accélération des rythmes professionnels et ses conséquences dramatiques, n'est pas durable en terme économique. Car le stress a un coût : des études très sérieuses montrent qu'il oscillerait entre 0,8 et 1,6 milliard d'euros par an en France (soit 10 à 20% du budget de la branche accidents du travail/maladies professionnelles de la Sécurité sociale), atteindrait 20 milliards d'euros en Europe, et entre 200 à 300 milliards de dollars aux USA. Le Bureau international du travail (BIT) l'estime de 3% à 4% du PIB des états.
Quand il ne donne pas la mort, l'excès de stress se transforme en démotivation, avec un surplus d'absentéisme [1] et d'accidents du travail, une dégradation générale de la productivité et, en dernier lieu, finit par porter atteinte à l'image même de l'entreprise.
Obstination patronale
Comme d'habitude, le patronat français pinaille sur le bien-être de ses salariés, qu'il considère comme du bétail, refusant d'y voir son propre intérêt : on l'a déjà constaté lors des dernières négociations sur la pénibilité où il a outrageusement nié des évidences, à en choquer le brave Xavier Bertrand ! Pour le stress au travail, fidèle à ses principes, il réfute toute responsabilité et tend à individualiser le phénomène en l'attribuant plus volontiers aux "problèmes personnels" des salariés ainsi qu'à leur capacité de résistance (les femmes étant, bien sûr, considérées comme plus "fragiles"…), tandis que les syndicats pointent ses sources collectives - management, organisation du travail - et la difficulté grandissante de concilier vie familiale et vie professionnelle, notamment pour les femmes (d'où leur "fragilité").
Les syndicats souhaitent aller plus loin que l'accord-cadre européen de 2004. Ils proposent que la négociation intègre la transcription d'un autre accord européen signé en avril 2007 sur le harcèlement et la violence au travail, ainsi que l'instauration d'un droit d'alerte pour les salariés. Ils souhaitent également mettre sur la table cet autre facteur de stress qu'est la non-conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.
Comme d'habitude, les réunions ont lieu au siège du Medef, avenue Bosquet (à Montreuil pour la CGT ou à Belleville pour la CFDT, ce n'est pas assez "chic") et s'articulent sur la base de textes élaborés par le patronat (jamais l'inverse !). Les trois prochaines séances auront lieu les 5 mai, 4 juin et 2 juillet.
[1] Paradoxale est l'attitude du gouvernement qui, d'un côté, met la pression aux partenaires sociaux sur cette négociation, et de l'autre n'hésite pas à faire également pression sur l'assurance-maladie afin qu'elle amplifie ses contrôles sur les arrêts de travail des salariés, constamment suspectés d'escroquerie ou de paresse => LIRE ICI…
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