A 49 ans, Gérard Plumier a été licencié. A 55 ans, il fait aujourd'hui partie des nombreux seniors (un quart des chômeurs) qui cherchent un emploi. En 2005, il a écrit un ouvrage sur le sujet : Chômage senior, Abécédaire de l'indifférence. Il a également créé le «Collectif senior action» et milite pour l'association APNÉE, qui édite Actuchomage. Propos recueillis.
Que pensez-vous de la politique des bonus-malus et des quotas qui pourrait être mise en place ?
Le problème des quotas, c'est qu'on ne fait que déplacer les listes d'attente. Je me suis toujours battu pour que le combat pour l'emploi des seniors ne devienne pas un combat intergénérationnel. Or si on met des quotas sur les seniors, on met des contre quotas pour les jeunes. Et puis, parler de quotas présuppose qu'il existe des emplois, ce dont je ne suis pas sûr... De toute manière, ce serait pathétique d'en arriver là. C'est un vrai constat d'échec.
Vous ne pensez pas que cette réforme pourrait faire changer les choses ?
Je suis très pessimiste car on se moque de nous depuis longtemps. Lors du Plan national pour l'emploi des seniors (juin 2006), on nous avait dit que tout allait être réglé. La mesure phare était le «CDD senior». Force est de constater que rien n'a changé trois ans après. C'est parce qu'on effleure le sujet. L'Etat s'est toujours défaussé en tant qu'employeur : il ne montre pas l'exemple. Et puis, lors des plans sociaux, les seniors sont toujours les premiers éjectés. Des quotas ne changeraient rien.
Que pensez-vous de l'objectif du gouvernement de faire travailler les retraités ?
Je m'interroge : on serait inadapté au monde de l'entreprise à 50 ans, mais plus à 60... Evidemment, c'est moins indécent de proposer un Smic à un retraité, puisque c'est un complément. Et puis, l'objectif est de voler au secours des caisses de retraites. Je voudrais d'ailleurs souligner à quel point il est grossier de voir qu'on se préoccupe des seniors au moment des questions sur la réforme des retraites : ce n'est pas parce qu'ils ont du talent qu'on veut les faire travailler, mais parce qu'il faut leur permettre… de cotiser ! On n'est qu'en apparence au cœur du débat.
Quelles sont les autres obstacles à l'emploi des seniors aujourd'hui ?
Ça coûte moins cher à court terme de recruter un jeune. Du coup, seulement 38% des salariés sont encore en activité lorsqu'ils prennent leur retraite. Avec autant de carrières professionnelles amputées, il va y avoir beaucoup de personnes qui vont se retrouver au minimum vieillesse ! Cela ne va pas coûter très cher. Depuis des années, ce ne sont que des politiques de bouts de ficelle avec les seniors. Ce qu'il faudrait aujourd'hui, c'est organiser une table ronde nationale avec des seniors, des entreprises, l'Etat et les partenaires sociaux. Cela n'a jamais été fait.
(Source : Libération)
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