Alors que, par souci de «cohérence», le gouvernement a finalement décidé d'inclure la «taxe de solidarité active» de 1,1% dans le «bouclier» fiscal qui protège 234.000 foyers très riches de l'impôt (son principe étant que nul ne peut être taxé au-delà de 50% de ses revenus), l'économiste Thomas Piketty remet les pendules à l'heure.
[...] Les salariés modestes sont avant tout des contribuables comme les autres, et non des «assistés». Qu’ils travaillent à temps complet ou à temps partiel, les Smicards — qui représentent au moins 15% des salariés soit 2,3 millions de travailleurs — versent aujourd’hui l’équivalent de deux mois de salaire au titre de la TVA, plus d’un mois de salaire au titre de la CSG, sans compter les taxes indirectes annexes (essence, tabac, alcool, etc…) et les cotisations sociales, soit un taux de prélèvement global supérieur à 50%. Et, contrairement à ce que l’on essaie de faire croire, les augmentations de PPE ou de RSA ne sont pas prêtes de les transformer en allocataires nets !
La gauche doit se saisir d’urgence de cette question fiscale, d’autant plus que Nicolas Sarkozy s’illustre chaque jour par les errements de sa politique dans ce domaine. Après avoir créé plus de 15 milliards d’euros de nouvelles niches dans un système qui en compte déjà beaucoup trop, et après avoir constaté que les caisses étaient trop vides pour financer le RSA, voici donc que notre président a eu l’idée géniale d’inventer une nouvelle taxe de 1,1% sur les revenus du patrimoine et de placement. Recette classique souvent utilisée dans le passé pour colmater les trous des finances sociales françaises, ce prélèvement a en outre la particularité intéressante d’être régressif : avec le bouclier fiscal, les gros patrimoines en seront de facto exonérés.
Pas étonnant que Nicolas Sarkozy et Martin Hirsch s’entendent bien : ils ont le même goût pour les slogans clinquants sur la forme, et pour l’improvisation et le bricolage sur le fond.
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NDLR : Nous rappelons que le versement du RSA est limité à un salaire ne dépassant pas 1,04 Smic et qu'il s'annule au-delà de ce montant, sans compter la perte de tous les droits connexes. Quand certains — lire en commentaire — osent comparer le RSA à un «bouclier pour les démunis», il y a de quoi s'agacer !
A lire également => Le gouvernement veut la peau du Smic
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