Avant même d'être reçus par le chef de l'Etat, les secrétaires généraux de la CFDT François Chérèque et de FO Jean-Claude Mailly ont profité des micros tendus par la presse pour critiquer le «grand écart» ou les «incohérences» qui existent entre le discours international et les propos nationaux du chef de l'Etat.
«Le gouvernement a un discours fort sur la régulation du capitalisme mais affiche une vraie volonté de dérégulation sociale, ce que la CFDT ne peut accepter», a ainsi affirmé M. Chérèque. «Autant je trouve intéressant que le président de la République invite les syndicats à parler de la crise du capitalisme financier, autant je suis surpris que, alors que la crise a commencé maintenant il y a plus d'un mois, nous soyons uniquement convoqués pour parler de ce problème-là», a-t-il ajouté. M. Mailly a également regretté qu’«au plan international, il y ait un discours, au moins, qu'on peut qualifier d'anti-libéral — mettre fin à la dictature des marchés — mais qu'au niveau national, on continue à déréglementer». «C'est ça, le grand écart», a-t-il déploré.
Au terme d'une heure et demie d'entretien, le leader de la CGT Bernard Thibault a lui aussi assuré avoir insisté auprès du président sur «la nécessité d'examiner autrement, et avec plus de concertation, la situation franco-française». «Je lui ai dit qu'il n'était pas très équilibré d'avoir passé du temps avec les représentants des institutions financières, pour faire face à la crise, ce qui pouvait se comprendre, et avec les représentants des entreprises, mais pas jusqu'à présent avec les représentants des salariés. Il y a urgence», a-t-il soutenu devant la presse. «Je lui ai dit que j'étais surpris que l'on n'aborde pas d'abord le problème quotidien et concret des salariés face à la crise sociale qui commence et qu'il ne mette pas en débat les mesures qu'il annonce petit à petit», a renchéri de son côté François Chérèque.
A l'issue de la réunion, MM. Thibault, Mailly et Chérèque, auxquels s'étaient joints leurs collègues de la CFTC Jacques Voisin et de la CFE-CGC Bernard Van Craeynest, ont indiqué qu'ils n'avaient pas abordé les questions strictement nationales avec Nicolas Sarkozy. Mais ils ont indiqué que le principe d'une réunion sur ce thème «dans les semaines qui viennent» avait été accepté par le chef de l'Etat. «Il est convenu d'un contact prochain sur les questions spécifiques (françaises) avec les organisations syndicales», a indiqué M. Mailly. «Le président de la république est prêt à recevoir les syndicats quand ils veulent», a-t-on confirmé à l'Elysée à l'issue de la réunion.
La présidence s'est félicitée des «convergences fortes» apparues pendant la discussion sur la réforme du capitalisme financier, citant notamment «le rôle des agences de notations», «les paradis fiscaux» ou le «renforcement du rôle des grandes institutions internationales». «Cette réunion a permis d'aller au fond des sujets et a été très constructive», s'est réjoui un proche du chef de l'Etat.
Le G20 aura lieu le 15 novembre à Washington.
(Source : L'Express)
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